L'Algérie a-t-elle besoin d'un gouvernement "technocrate" ?

Abdelmalek Sellal: un gouvernement de technocrates pour les réformes d'Abdelaziz Bouteflika
Abdelmalek Sellal: un gouvernement de technocrates pour les réformes d'Abdelaziz Bouteflika

Il y a un déphasage criard entre, d'une part, un "nouveau" gouvernement qui, à travers les premiers effets d'annonce du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, se présente sous l'étiquette pompeuse d'une équipe de "technocrates", bardés de diplômes qu'ils mettraient en avant durant leur mandat plutôt que leur appartenance politique; de l'autre, une Algérie exsangue, désarticulée dans l'effondrement graduel et irréversible en tant qu'Etat et société.

Les déclarations faites par quelques nouveaux ministres dès leur prise de fonction ce mercredi soulignent fort à propos ce décalage, voire cet antagonisme entre une technocratie impuissante à changer quoi que ce soit et l'état de délabrement avancé du pays.

Le nouveau ministre de l’Industrie, de la PME et de la promotion de l’investissement, Cherif Rahmani, sorti du secteur de l'aménagement du territoire et de l'Environnement s'est dit convaincu de "consolider le secteur et tirer profit des nouvelles inventions et technologies" et que l’industrie nationale ’’joue un rôle primordial dans l’essor économique du pays’’, assurant qu’il "va consentir plus d’efforts afin de raffermir ce secteur avec la participation de toutes les composantes, notamment les secteurs public et privé"; des propos dits, redits, ressassés par ses prédécesseurs et dans tous les secteurs d'activité. Le nouveau ministre de la Pêche et des ressources halieutiques, Sid Ahmed Ferroukhi, a affirmé pour sa part qu’"il faut une nouvelle dynamique pour le secteur" comme si son prédécesseur en manquait. Le nouveau ministre a, également, mis en avant l'importance de "la recherche scientifique dans le secteur" pour, a-t-il estimé "améliorer graduellement la situation" avant de faire le panégyrique de ses compétences: " J’ai fait tous les échelons, d’ingénieur d’Etat au poste de Secrétaire général. J’ai participé à beaucoup d’équipes, avec celle qui avait fait le plan national du développement agricole (PNDA), celle qui a fait la stratégie du développement rural, puis chef de cabinet au ministère de l’agriculture et du développement rural" avant d'asséner: "Je suis venu avec la ferme intention de relancer le secteur’’.

Le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, craignant, sans doute, de porter des critiques à son prédécesseur, Abdelmalek Sellal, nommé Premier ministre, s'est contenté de dire qu’"il y a beaucoup de défis à relever dans un secteur stratégique". Rien de concret n'a été dit en somme dans des secteurs jugés plus techniques que politiques.

Ces propos généralistes se moquent en vérité des problèmes réels des Algériens qui ne se limitent pas au courant électrique, à l'eau, à l'environnement, à la pêche, mais à la construction politique d'un projet de société démocratique, républicain et citoyen dans lequel ces segments iront d'eux-mêmes dans leurs développements respectifs.

Il ne s'agit donc de placer des compétences dans un gouvernement remanié, replâtré dans un système de gouvernance qui est à l'origine de la gabegie pour prétendre arrêter une gabegie systémique. Par le passé, depuis l'ouverture démocratique, dans la succession des gouvernements mis en place, il y eut des compétences dans des secteurs stratégiques ainsi que l'écrit l'ancien ministre Ahmed Benbitour dans son essai sur la gouvernance alégrienne qui, pour justifier l'apport de ses compétences de technocrate fait la distinction illusoire entre l'Etat et le Système.

A quoi sert en effet de prétendre enjoliver une maison dont les fondations menacent ruines ou en état de ruines. Que peut une technicité aussi pointue qu'elle pourrait l'être dans un système politique et idéologique maffieux, qui est la négation même de ce que peuvent y apporter des cadres compétents et sincères. Dès son investiture au poste de Premier ministre, Abdelmalek Sellal ne s'est pas fait d'illusions en disant: "La priorité, consolider les réformes d'Abdelaziz Bouteflika". Que n'ont-ils pas fait ses prédécesseurs pour ce faire!

R.N

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Commentaires (10) | Réagir ?

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Nordine Ahlouche

Lorsque le commandant d'un navire est gravement malade, diminué physiquement et mentalement

, le second doit logiquement l'hospitaliser.

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elvez Elbaz

Non, les peuples d'algérie et l'algérie ne veulent qu'une seule chose que tous leurs prédateurs, clan du larbin dit présidentiel avec sa faune de corrompus en col blanc, kamis et treilli et de celui de ses parrains en képis s'en aillent!

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