Syrie : le régime arme ses partisans et la guerre civile se généralise

Bombardement et massacres se poursuivent devant une communauté internationale paralysée.
Bombardement et massacres se poursuivent devant une communauté internationale paralysée.

De violents combats ont opposé jeudi des soldats et miliciens pro-régime à des rebelles qui ont attaqué des barrages dans la région de Homs, dans le centre de la Syrie, théâtre également d'affrontements meurtriers à Damas et Alep.

Au lendemain de l'appel à cesser "immédiatement" les violences lancé au régime syrien par les pays arabes, le président russe Vladimir Poutine, fidèle allié de Damas, a demandé aux nations occidentales et arabes de "modifier leur position" sur la Syrie, en dénonçant l'échec de leurs interventions dans d'autres pays comme l'Irak.

A travers le pays, les violences ont fait jeudi au moins 78 morts - 33 civils, 29 soldats et 16 rebelles - selon un bilan provisoire de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un réseau de militants et de témoins. Dans la province de Homs, au moins neuf soldats et quatre membres de "comités populaires" armés ont été tués et des dizaines de combattants pro-régime blessés dans des combats dans la région du Krak des Chevaliers, qui abrite le célèbre fort croisé, ainsi que dans Wadi al-Nassara (la Vallée des chrétiens), qui regroupe des villages chrétiens, a indiqué l'OSDH. Les "comités populaires" sont des groupes de civils qui déclarent prendre les armes pour défendre leurs quartiers et leurs villages contre les rebelles.

"Quand vous avez des combats entre civils armés anti et pro-régime, c'est une guerre civile", a déclaré à l'AFP le président de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, en prévenant que ce phénomène était en augmentation. Dans la banlieue sud-est de Damas, de "violents combats" opposaient les forces syriennes aux rebelles à un barrage de l'armée près de l'une des entrées du tombeau de Sayyida Zeinab, un important lieu de pèlerinage chiite, selon l'OSDH.

Des affrontements ont aussi eu lieu dans le quartier sud de Qadam, où deux civils, frères d'un chef rebelle, ont été découverts morts jeudi après avoir été enlevés mercredi soir à un barrage tenu par l'armée.

Lignes d'approvisionnement bombardées

Dans le nord du pays, l'armée a repris mercredi le pont Barkoum, à 20 km au sud d'Alep, dont les rebelles s'étaient emparés il y a trois semaines, selon une source militaire. Situé sur l'autoroute Alep-Damas, ce pont contrôle l'accès à la région rurale du sud d'Alep. Trois tentatives des rebelles pour le reprendre ont depuis échoué.

Dans la ville même d'Alep, théâtre d'une bataille cruciale depuis la mi-juillet, l'armée cherche à asphyxier les insurgés en bombardant chaque jour leurs lignes d'approvisionnement.

Un général a affirmé à l'AFP ne pas douter de la victoire prochaine des forces gouvernementales. Pour lui, le plus dur a été accompli avec la prise le 9 août du quartier de Salaheddine et la conquête samedi des hauteurs de Seif al-Dawla, deux quartiers stratégiques de l'ouest. Outre Alep et Damas, les bombardements par les forces du régime touchaient les provinces de Deraa (sud), Deir Ezzor, Idleb (nord-ouest) et Hama.

Sur le plan diplomatique, l'Union européenne tiendra une réunion de ses ministres des Affaires étrangères vendredi et samedi à Chypre, pour réfléchir en particulier aux moyens de soutenir les efforts du nouvel émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, Lakhdar Brahimi.

Les 27 veulent aussi "augmenter leur aide au peuple syrien et aux réfugiés tout en contribuant à la préparation d'une transition politique", selon la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton. M. Brahimi doit se rendre "dans les prochains jours" au Caire pour sonder la Ligue arabe, ainsi qu'à Damas.

En Jordanie, qui a déjà accueilli 185.000 Syriens, le Premier ministre Fayez Tarawaneh, a déclaré que le flux croissant de réfugiés commençait à dépasser les capacités d'accueil, évoquant "un énorme poids" pour son pays. Et dans un entretien à l'AFP, Mgr Béchara Raï, le patriarche maronite libanais, chef d'une des plus influentes Eglises catholiques orientales, a souligné que les chrétiens de Syrie n'étaient pas en faveur du régime mais attachés avant tout à la stabilité de leur pays.

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