Le bras droit de Mouammar Kadhafi aura un "procès équitable"

L'ancien patron des renseignement du régime Kadhafi aura un procès en Libye.
L'ancien patron des renseignement du régime Kadhafi aura un procès en Libye.

Abdallah al Senoussi, chef des services de renseignement libyens à l'époque de Mouammar Kadhafi, a été extradé mercredi par la Mauritanie vers son pays, où il est recherché par la justice.

Cette décision devrait mettre fin à plusieurs mois d'incertitudes et de bisbilles pour savoir par qui - Libye, France ou Cour pénale internationale - cette personnalité à la fois controversée et crainte du régime Kadhafi sera jugée.

"Les autorités libyennes ont réceptionné le bras droit de Mouammar Kadhafi", a confirmé le Premier ministre, Abdel Rahim el Kib. "J'en profite pour affirmer que la Libye lui garantira un procès équitable dans le respect des normes internationales en la matière", a-t-il dit en invitant les autres pays à livrer les autres proches du défunt Guide.

De son côté, le chef d'état-major de l'armée, Youssouf al Mangouch, a révélé à la presse s'être rendu mardi soir à Nouakchott pour escorter le fugitif. "Abdallah al Senoussi est en bonne santé", a-t-il dit à la presse. Les autorités ont publié un cliché où l'on voit l'ancien chef des services secrets et beau-frère de Mouammar Kadhafi arborant une barbe fournie mais reconnaissable en raison de ses cheveux frisés, sortir d'un hélicoptère, un soldat à ses côtés.

Il va être soumis à des examens médicaux avant d'être interrogé sur les charges retenues contre lui, a indiqué le parquet à Tripoli.

Lié à l'attentat de Lockerbie

Son extradition par la Mauritanie, où il avait été arrêté il y a six mois, avait été annoncée dans la matinée par l'agence de presse officielle à Nouakchott. "Il a été extradé en Libye sur la base des garanties fournies par les autorités libyennes", avait-on par ailleurs confirmé de source gouvernementale sans s'étendre sur la nature de ces garanties. Mis en examen en Mauritanie pour "entrée illégale sur le territoire", Abdallah al Senoussi est également visé par un mandat d'arrêt de la CPI pour crimes contre l'humanité commis au début du soulèvement libyen, en février 2011.

La France, où il a été condamné par contumace à la prison à vie pour l'attentat du 19 septembre 1989 contre un DC-10 d'UTA au-dessus du désert du Ténéré, au Niger, a aussi déposé une demande d'extradition. L'attentat avait fait 170 morts, dont 54 Français. 

Son nom avait également été cité dans l'attentat à la bombe de Lockerbie (Ecosse) visant un Boeing de la Pan Am, qui fit 270 morts en 1988. Cependant, l'ancien dictateur libyen avait grassement indemnisé les familles des victimes de cet attentat en contrepartie de la cessation des poursuites.

Abdallah al Senoussi avait été arrêté à l'aéroport de Nouakchott, en provenance du Maroc, en possession d'un faux passeport malien. Le fils cadet de Mouammar Kadhafi, Saïf al Islam Kadhafi, un moment considéré comme son dauphin politique, doit être jugé dans le courant du mois en Libye où il a été arrêté.

Le nouveau régime libyen souhaite juger sur son territoire les anciens responsables du régime Kadhafi. Mais des défenseurs des droits de l'homme redoutent que la faiblesse du gouvernement actuel et l'absence relative d'un état de droit en Libye ne portent atteinte aux procédures légales.

Les procès de ces deux hommes forts de l'ancien régime, la Libye pourra chercher à solder les 40 ans de la gestion kadhafiste. 

Y. K/Reuters

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