Pourquoi Mohamed Benchicou ?

Pourquoi Mohamed Benchicou ?

De la gueule d’un régime, à genoux, agonisant, des voix s’élèvent encore au ciel pour rappeler à l’ordre les esprits insoumis, en quête de liberté et de savoir.

Ces voix qui sont beaucoup plus à plaindre qu’à blâmer, ne se rendent même pas compte que le régime est déjà cliniquement mort et que l’histoire trouve même une grande jubilation à les condamner et à les reléguer à la fange de l’histoire.

Pourquoi Mohamed Benchicou ? Parce que Benchicou n’est pas un fonctionnaire de la plume au service de l’ordre établi. C’est un journaliste qui vit pour l’art et la liberté de création. C’est un intellectuel en mouvement qui se dépense pour la gloire du savoir et de l’écriture. Qu’y a-t-il de mieux que le savoir pour permettre aux jeunes talents de se structurer, à la société d’enfanter d’autres Dib, Yacine, Zakaria, Mammeri, Benbadis, Camus et Roblès ? Qu’y a-t-il de mieux que l’art pour faire connaître au grand public d’autres génies capables de structurer la société politiquement et de lui offrir une identité intellectuelle et culturelle dans le respect de la diversité des convictions ?   

Je ne dis pas que Benchicou est exempt de tout reproche. Comme tout le monde, il a commis des erreurs. Il n’y a que celui qui ne fait rien qui ne commet pas de fautes.

Construire d’autres canaux de communication pour permettre à la société de découvrir ses génies, ses enfants prodigues qui refusent de se soumettre aux logiques nombrilistes d’un régime abominable qui s’est édifié sur le mensonge et l’usurpation, est une constante chez Benchicou. Or cette constante fascine, exaspère, dérange et irrite les tenants du statu quo. 

L’Algérie est malade non pas parce que elle est gouvernée par des hommes pervers et pernicieux, mais parce qu’elle n’a pas d’élite digne de ce nom. Etre opposant n’est pas s’ériger en directeur de consciences pour nourrir la société de suspicion, de haine et de colère. Etre opposant c’est rassembler, c’est construire, c’est lutter contre le mensonge et l’ignorance et militer pour une école capable d’enseigner le savoir et la science.

L’Algérie est malade non parce qu’elle a été désappropriée par des dirigeants ignorants et incultes. L’Algérie est malade parce que le peu d’intellectuels qu’elle a refuse de se rassembler et de s’unir autour d’un seul et même mot d’ordre.

Saïd Radjef

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Commentaires (13) | Réagir ?

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Mohamed Mir

Avec la pléthore de partis qui existent en Algérie, je vois mal M. Benchicou en créer un autre. Et à quoi peut-il bien servir si tel serait le cas un jour ? L'ancien compagnon du regretté Said Mekbel est avant tout - par ses écrits et ses idées - l'un de ces rares journalistes et intellectuels algériens qui peuvent encore aiguillonner la classe politique et faire avancer le pays sur la voie de la modernité et la liberté plurielle. Dans ce grand débat qui ne doit exclure aucun des enfants de ce pays, le retour du quotidien Le Matin sur la scène médiatique nationale est plus que souhaité.

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Khalida targui

j'admire beaucoup monsieur Benchicou parce qu'il aurait pu se laisser corrompre mais il a préféré son honneur et la prison des braves. C'est un miracle qu'il soit toujours parmi nous. En Algérie il y a des hommes et des femmes dignes qui ont souffert comme lui mais ils ont été écrasés par le pouvoir et les traitres. Les intellectuels n'ont pas du sang sur les mains, ils ne font peur à personne. Ils ont que des mots gentils doux qui ne pèsent pas bezaf face à la force et menaces des incultes

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