Tunisie : les islamistes d’Ennahda prient contre la corruption

Les soutiens islamistes du régime font leur première démonstration.
Les soutiens islamistes du régime font leur première démonstration.

Un millier de personnes, en majorité des partisans du gouvernement tunisien dirigé par les islamistes, ont participé vendredi à Tunis à une prière et à une manifestation pour demander "l'assainissement" du pays des personnalités corrompues de l'ancien régime.

Le rassemblement face aux bureaux du Premier ministre islamiste Hamadi Jebali a eu lieu à l'appel des partisans de son parti, Ennahda, sur les réseaux sociaux. "Le peuple veut l'assainissement du pays", "la Tunisie est libre, dehors le RCD", ancien parti au pouvoir du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, ont notamment scandé les manifestants.

Le conseiller du Premier ministre Lotfi Zitoun était le seul représentant du pouvoir à avoir fait le déplacement, Ennahda ayant démenti être à l'origine de ce rassemblement qui n'avait pas été autorisé par la police. Mais qui a tout de même eu lieu sans violence. "Ce gouvernement a besoin de votre soutien", a lancé M. Zitoun à la foule rassemblée.

Cette manifestation intervient alors que les islamistes sont accusés par l'opposition et une partie de la société civile de dérive autoritaire et de s'attaquer à la liberté de la presse. M. Zitoun est d'ailleurs accusé par ses détracteurs d'être l'instigateur de l'arrestation pour corruption du patron de la chaîne Ettounsiya TV, Sami Fehri, un ancien associé de Belhassen Trabelsi, beau frère de Ben Ali réfugié au Canada.

Mais selon M. Fehri, son placement en détention a été ordonné en représailles d'une émission politique satirique, retirée de l'antenne mi-août, qui s'en prenait notamment aux dirigeants du pays et du parti islamiste.

"Lorsque la politique d'assainissement arrive aux médias, ça fait beaucoup de bruit", a déclaré M. Zitoun, en référence à cette affaire. "Nous n'allons condamner des journalistes qu'avec des preuves tangibles (de corruption) qui résisterons à leur examen par la justice", a-t-il ajouté.

Comme pour menacer d'éventuels anciens serviteurs du régime Ben Ali, le gouvernement a promis de publier une liste noire de journalistes ayant collaboré et bénéficié des largesses du régime de Ben Ali avant la révolution de janvier 2011, mais le Syndicat national des journalistes y voit une façon de faire chanter certains journalistes et de contrôler les médias.

L'état d'urgence prolongé d'un mois

Les autorités tunisiennes ont décidé vendredi de prolonger d'un mois encore l'état d'urgence instauré depuis le soulèvement populaire qui a renversé en janvier 2011 le régime autoritaire du président Zine el Abidine ben Ali, au pouvoir pendant 23 ans. Selon le porte-parole de la présidence tunisienne Imed Daïmi, cette mesure d'exception a été prise à la veille de la rentrée scolaire, en dépit d'une "amélioration de la situation sécuritaire" dans le pays.

Ces dernières semaines, des actes de violence ont été enregistrés dans plusieurs régions du pays ciblant notamment des manifestations culturelles et artistiques. Le ministre de l'Intérieur Ali Laârayedh a affiché sa détermination à appliquer la loi contre toute personne impliquée dans des troubles quelle que soit son appartenance politique ou idéologique.

Avec Sipa/AFP

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Aghioul Amchoum

Oui, ils vont leur raconter qu´ils sont contre tous les maux, ils vont prier, Allah sera leur monnaie et ils feront tout ce qu´ils disent combattre. Normal, c´est leur idéologie qui dicte ca et produit des terroristes