Syndicats : Bouteflika sort le bâton

Syndicats : Bouteflika sort le bâton

Devant la persistance du mouvement de protestation des travailleurs, le régime a décidé de frapper : le rassemblement des fonctionnaires, hier, devant la Grande Poste à Alger, s’est terminé dans le sang et la douleur. L’intervention musclée des policiers a suscité l’ire de plusieurs passants et curieux qui observaient cette scène scandaleuse.
Ils étaient pourtant venus pacifiquement de plusieurs wilayas pour répondre à l’appel de l’Intersyndicale autonome de la Fonction publique qui avait déclenché une grève de trois jours (10, 11 et 12 février) pour faire valoir ses revendications. 9h30, la foule des manifestants grossissait sous l’oeil attentif des policiers en uniforme et en civil dépêchés sur les lieux. Des hommes et des femmes de tout âge, brandissaient des banderoles et des pancartes portant les revendications et mots d’ordre de cette frange importante de la société algérienne. «Cnapest debout», «Non à la normalisation de la misère» peut-on lire sur les banderoles.
La foule compacte continuait à prendre plus d’espace au milieu des cris et des embrassades des syndicalistes, quand l’ordre a été donné aux forces antiémeutes de disperser les manifestants.
Les hommes en bleu, armés de matraques, donneront l’assaut. Un des éléments des forces de l’ordre se déchaîne sur les manifestants en leur assenant des coups violents avec sa ceinture «US». L’intervention musclée des policiers a suscité l’ire de plusieurs passants et badauds qui observaient cette scène scandaleuse. «Ils tabassent les éducateurs de nos enfants», dira, scandalisé, un homme d’un certain âge. «Quel bled», enchaînera son ami adossé à l’un des piliers de la Grande Poste. Des cris de révoltes commencent alors à fuser de partout. «Non à la hogra» hurlait à tue-tête, une femme voilée. C’est une enseignante affiliée au Cnapest, dit-on dans la cohue où plusieurs femmes ont été malmenées. Les policiers tenteront d’arrêter un des fonctionnaires intrépides. Ses camarades se sont interposés en faisant preuve d’une solidarité inébranlable.
La situation allait dégénérer quand un officier intervint pour calmer les ardeurs de ses subalternes. Aussitôt, Nouar El-Arbi, coordinateur national du Cnapest, prendra la parole et appellera les manifestants à prendre le chemin de la chefferie du gouvernement pour remettre la plate-forme des revendications au chef de l’Exécutif.
La foule, qui y a laissé des plumes à la suite de la bastonnade des policiers, s’ébranla en empruntant le raccourci El-Idrissi.
Des policiers, armés jusqu’aux dents, attendaient les manifestants au haut de l’escalier de l’Esplanade de l’Afrique, obstruant complètement le passage. Face au dispositif mis en branle et sachant que leur tentative d’atteindre le siège de la chefferie du gouvernement relevait de l’impossible, les leaders de ce mouvement essayeront de convaincre les responsables de la police de laisser passer un représentant par syndicat.
Là aussi, la tentative a été vaine. «Vous nous donnez votre plate-forme de revendications et on va la remettre à qui de droit», ont répondu les policiers.
Les revendications de l’Intersyndicale composée du Cnapest, CLA, Snapap, Satef, Snpepm, Snte et de Ceca, tournent autour de l’amélioration des conditions socioprofessionnelles des employés de la Fonction publique. Il s’agit, en premier lieu, de la révision à la hausse de la valeur du point indiciaire et l’abrogation de l’article 87 bis. Cela en plus de l’ouverture de négociations sérieuses et transparentes à propos du régime indemnitaire et des statuts particuliers qui doivent consacrer l’intégration de tous les contractuels en exercice.
Pris en sandwich entre le chemin El-Idrissi et la barricade des forces antiémeutes, les manifestants renoncent à la traversée du barrage. Prenant un haut-parleur, le coordinateur national du Cnapest déplorera le fait que «le gouvernement reçoit tous les délinquants du pays à bras ouverts et réserve la matraque aux fonctionnaires». M.Cherbal, représentant du Cnes, indiquera pour sa part que «cette grève est salutaire et il ne faut jamais baisser les bras». M.Aïnayat, un syndicaliste venu de Sétif nous indiquera qu’«après la réponse qu’on nous a donnée aujourd’hui, le mouvement de contestation des fonctionnaires va connaître une escalade dans les jours à venir. Une grève illimitée est envisageable». Même son de cloche auprès de Mustapha Boulache, représentant de la Satef, à Boumerdès. Ce dernier nous indiquera qu’«il n’est pas exclu qu’on aille vers une grève illimitée ou à des grèves de 3 jours chaque mois».

Ali Lemdani, porte-parole du Cnapest, affirmera: «Nous ne faisons pas de grève par plaisir mais nous y sommes contraints. Nous voulons tout simplement sortir de la précarité.»
Les derniers carrés de manifestants quittèrent les lieux aux environs de 11 heures en promettant «un retour plus ferme».

L.M. (Avec Farouk DJOUADI- L’Expression)

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Commentaires (14) | Réagir ?

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Habib Chabah

Salam. Je parie que nous allons encore voir surgir une ou deux opérations de forcing avec les pays voisins et surtout une histoire avec le Sud, le Mali et les Touaregs. Ou peut être on nous sortira une histoire avec Tindouf et ses locataires.

Question d'occuper les esprits de la population avec des "affaires nationales"... pour faire passer la pastille.

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omar attourki

Oui en effet ça va être encore ça, nous en Algérie nous sommes des cobays du pouvoir, ils ont tout essayé sur nous, il ne leur reste que le nuage atomique pour disperser la foule, le sport national des DZ c'est les manifs, c'est pour quand le développement la croissance et la dignité des citoyens à exprimer leur colère d'un rouage ensablé qui fait du sur-place.

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aicha ammarice

Enfin, nous revoilà, el hamdoullahh, nous sommes arrivés aux années des 504 noires. C’est un long détour mais l'objectif est là. Quelques bastonnades à titre de punition puis les cachots vieux de 25 ans et plus vont se rouvrir à titre préventif. L'histoire, chez nous, non seulement elle se répète mais aussi elle se revit, quoi !! C'est hallucinant le sur-place qu'ils nous font faire. TAHHYA THAWRA ZIRA3YA

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