Syrie : l'idée d'une zone d'exclusion aérienne avance

L'armée du régime pilonne sans pitié les deux villes, Damas et Alep.
L'armée du régime pilonne sans pitié les deux villes, Damas et Alep.

Les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la France se concertent pour établir une zone d'exclusion qui empêcherait l'aviation du régime de voler.

Lors d'un entretien téléphonique mercredi soir, le Premier ministre britannique David Cameron et le président américain Barack Obama ont souligné que "l'utilisation, ou la menace d'utilisation d'armes chimiques" par le régime les obligeraient "à revoir leur approche", après que M. Obama eut menacé d'une intervention militaire si ces armes étaient utilisées.

M. Cameron a aussi parlé avec M. Obama et le président français François Hollande de la nécessité de travailler "plus étroitement" pour "déterminer comment soutenir l'opposition et aider un possible gouvernement après l'inévitable chute d'Assad". La France a évoqué par ailleurs la possible instauration d'une zone d'exclusion aérienne, mais seulement sur une certaine partie du territoire, jugeant que cette hypothèse méritait "d'être étudiée"

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, quant à lui, interrogé jeudi sur la crise en Syrie, a évoqué la possible instauration d'une zone d'exclusion aérienne sur une partie du territoire syrien, jugeant que cette hypothèse "émise par Hillary Clinton" méritait "d'être étudiée". Comme on lui demandait sur France 24 si une zone d'exclusion aérienne allant "de la frontière turque à Alep" était envisageable, le ministre a d'abord expliqué qu'une "no fly zone globale" en Syrie était exclue.

Cela voudrait dire, a-t-il souligné, "interdire tout vol sur le territoire syrien, ce qui veut dire clouer l'aviation syrienne au sol, ce qui veut dire, en fait, rentrer en guerre. Cela ne pourrait se faire que s'il y avait une coalition internationale capable de le faire. Pour l'instant, elle n'est pas réunie".

En revanche, a poursuivi M. Le Drian, "l'hypothèse d'une zone particulière autour de laquelle il pourrait y avoir une espèce d'interdit, cette hypothèse émise par (la secrétaire d'Etat américaine) Hillary Clinton mérite d'être étudiée". "Mais c'est la première fois que les Etats-Unis tiennent ce discours", a-t-il relevé.

"Nous sommes en train de réfléchir à tout ça", a simplement déclaré de son côté le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, interrogé jeudi en marge d'une conférence de presse sur l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne en Syrie.

Sur France 24, Jean-Yves Le Drian a par ailleurs répété la position française selon laquelle aucune transition politique en Syrie n'était possible sans un départ de Bachar al-Assad: "Le préalable c'est le départ", a-t-il dit. Il a aussi réaffirmé qu'aucune guerre n'était possible sans un mandat de l'ONU : "On ne pourra intervenir en Syrie (...) que s'il y a une égalité internationale", "sans l'égalité internationale on ne pourra rien faire".

L'armée a repris les quartiers chrétiens d'Alep, combats près de Damas

 

Amnesty International a affirmé que les civils faisaient face à une "terrible violence" à Alep, dont le contrôle est crucial pour les belligérants, accusant le régime de viser de façon indiscriminée les quartiers résidentiels sous contrôle rebelle et non des objectifs militaires ciblés.

Les insurgés, qui s'étaient emparés de certains quartiers chrétiens d'Alep, ont été chassés de Telal, Jdeidé et Sleimaniyé, très fréquentés avant le début du conflit en mars 2011 par les touristes, a raconté un habitant joint par téléphone par l'AFP qui a refusé d'être identifié.

Une grande partie du clergé chrétien, disant craindre que les islamistes ne s'emparent du pouvoir, affiche depuis le début de la révolte son soutien à Bachar Al-Assad. "Les combats de lundi et mardi ont été très violents et ont duré de longues heures avant que l'armée ne parvienne à déloger les rebelles, en arrêtant des dizaines", a ajouté cet habitant.

"Des centaines d'Alépins des quartiers nettoyés sont descendus dans la rue à Telal jusqu'au quartier de Sleimaniyé pour exprimer leur joie et leur soutien à l'armée", selon lui. Mais ailleurs dans Alep, les quartiers de Sakhour, Tariq Al-Bab, Boustane al-Kasr et Chaar ont été pilonnés à l'artillerie lourde, selon des militants. Des combats ont également lieu à Salaheddine, principal bastion rebelle, a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Au chat et à la souris"

A 7 km au sud de Damas, de violents combats opposaient soldats et rebelles près de Daraya où une mère et ses quatre enfants ont été tués, selon l'OSDH. La ville est en outre soumise à un violent bombardement aux obus des chars déployés aux alentours de la ville, a précisé l'OSDH.

Des affrontements avaient également lieu dans le quartier de Hajar al-Aswad, dans le sud de Damas, soumis à des bombardements de l'armée.

"Les soldats et les membres de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles) jouent au chat et à la souris. L'armée du régime encercle le quartier et les combattants de l'ASL sont cachés, mais dès que les premiers avancent, les seconds sortent de leurs cachettes et ripostent", a expliqué le militant Omar al-Qabouni, membre des Comités locaux de coordination (LCC).

Dans l'est du pays, des avions de l'armée syrienne ont pénétré dans l'espace aérien irakien pour bombarder la ville-frontière syrienne de Boukamal tenue par les rebelles, selon des responsables irakiens.

Comme chaque semaine, l'opposition a appelé à des manifestations contre le régime vendredi et adopté comme mot d'ordre "Ne sois pas triste Deraa. Dieu est avec nous", en référence à une province rebelle du Sud, théâtre d'une grande offensive ces derniers jours selon l'OSDH.

24.495 morts en 17 mois

Selon un bilan provisoire de l'OSDH, 72 personnes ont péri jeudi à travers la Syrie (44 civils, 22 soldats et six rebelles). Dix-neuf cadavres ont par ailleurs été découverts près et dans Damas. Depuis le début de la contestation qui a pris une tournure violente face à la répression menée par le régime, 24.495 personnes ont péri, dont 17.281 civils, 6.163 soldats et 1.051 déserteurs, selon le dernier bilan fourni par l'OSDH.

AFP

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Massine Ait Ameur

La Russie et a un degre moindre la Chine n'accepterons jamais cette zone d'exclusion aerienne. En plus les Turques ont deja testes la defense aerienne syrienne avec un gout amere. La seule solution, c'est l'usage des missiles portable anti-aerien dans les zones d'operation mais les avions sont deja equipes de " flares" pour dejouer ses missiles. Les barbus coupeurs de tete arabo-islamistes syriens vont avoir la vie dure.