Algérie, pays de non-gouvernance

Des chefs de l'Etat se sont succédé sans donner un horizon politique clair au pays
Des chefs de l'Etat se sont succédé sans donner un horizon politique clair au pays

Il est inutile de dresser des analyses ou d’avancer des chiffres, car le pays est à l’arrêt. L’immobilisme est généralisé et l’Etat ne fonctionne presque plus.

L’heure est grave et l’on feigne d’occulter la gravité de la situation. Les problèmes et les difficultés sont le cumul de 50 ans de non-gouvernance et le peuple semble épuisé à jamais.

La gouvernance est la résolution durable des problèmes. Mais, au pays du pétrole, elle est confinée  depuis l’avènement du soit disant Etat algérien, dans la gestion des crises que l’on fabrique délibérément. L’on commença par la crise sanglante de l’été 1962 et les événements tragiques qui en suivirent. L’on fabriqua après, durant les années 1970, le conflit de l’école avec une arabisation idéologique. A la mort de Boumediene en 1978, l’on géra la crise de sa sucession. Arriva ensuite, le printemps berbère que l’on géra en divisant les Algériens en dénigrant particulièrement les Kabyles. Place après à la crise économique et aux pénuries des produits, notamment alimentaires qui provoquèrent les émeutes de 1986 notamment à Constantine. En 1988, ce furent les événements dramatiques du 5 octobre. Puis ce fut les réformes et surtout le multipartisme ayant engendré l’assassinat en direct d’un président de surcroît père de la révolution algérienne et une guerre civile le long des années 1990. Enfin vint, le temps de l’homme providence  que l’on vendit, en 1999, au peuple parmi "le moins mauvais" des candidats.

Où est la gouvernance dans tout cela ? Où sont le confort et la stabilité promis ? La gouvernance n’est nulle part car l’Algérien est ballotté d’une crise à une autre. Avant même qu’il puisse reprendre son souffre après une épreuve tragique et parfois meurtrière, l’on lui prépare un test plus tragique et plus meurtrier qui prolonge le suspens, accentue l’angoisse et maintient le doute. Ainsi, il est tenu en permanence dans un état psychologique instable qui use et l’esprit et le corps. Au fait, l’on a juré de faire porter à l’Algérien un fardeau qu’il ne pourrait jamais supporter jusqu’à son épuisement.

L’Algérien est aujourd’hui épuisé, las et trop fatigué ! Après 50 ans d’indépendance, l’horizon est toujours sombre et se noircit davantage. Des crises de toutes sortes le secouent, sans que ceux qui se sont autoproclamés ses gouvernants ne bougent d’un iota. Des coupures injustifiées d’électricité en pleine canicule, des incendies ravageurs, des carences d’eau potable, un pouvoir d’achat lamentablement faible, un carnage routier sans précédent, des milliers de "harraga", des institutions non représentatives, des indus élus, une corruption institutionnalisée… tout cela dans l’indifférence totale des supposés gouvernants à leur tête le premier responsable du pays.

Mais comment peut-on prendre en charges les préoccupations de l’Algérien, quand on s’affaire à gérer une crise de succession qui s’annonce rude et éprouvante ? La guerre des clans est ouverte : le président est aux abonnés absents, le FLN et le RND sont en crise, Nezzar est au devant de la scène médiatique, les manipulations sont flagrantes, le gouvernement est incomplet avec plusieurs départements gérés par intérim depuis le mois de mai dernier…Voilà une énième crise qui va tenir l’Algérien en haleine pendant un bon bout de temps. Le temps qu’il faut pour qu’un clan prenne le pouvoir ou bien, pour que l’autre clan le maintienne.   

En Algérie, la gouvernance n’a jamais été un acte concret et évident. Elle est plus une parole pieuse consignée dans un discours triomphaliste et mensonger .Ou une bonne intention que l’on sert aux besoins d’une élection. Au final, la gouvernance à l’algérienne n’est qu’un cycle infernal de crises dévastatrices, de manipulations grossières, d’agitations de sérail qui visent plus à maintenir l’algérien dans un état permanent de non confort et de non stabilité. Et une gestion qui n’assure pas le confort et la stabilité, est tout simplement une non-gouvernance.

Zoubir Zerarga

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Commentaires (6) | Réagir ?

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Faro Laz

Une toute petite grenouille qui se voyait en bœuf, même des fois en taureau.

Merci pour la photo si pertinente en signification de ces 4 bougnoules qui ne seront certainement pas retenus par l’histoire insignifiante et sans aucunes ambitions de cette pauvre grenouille. Le temps passe et cette grenouille est âgée aujourd’hui de 50 ans. Rien n’y fait, elle se veut grande parmi les grands et n’y arrivant pas ; elle se demande amèrement pourquoi.

Parce que..... C'est trop long a raconter.

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Atala Atlale

Les acteurs de la pantalonnade !

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