Elections locales : le traquenard démocratique du FLN

Abdelaziz Belkhadem
Abdelaziz Belkhadem

Pour le FLN sorti, sans surprise, "majoritaire" du scrutin législatif, l’heure n’est plus à la mobilisation, encore moins à une quête de représentativités locales. Son raz-de-marée dans les législatives lui permet, ainsi que l’a affirmé, ces derniers jours, son secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, de faire le tri parmi ses prétendants aux communales, nombreux et variés dans les nouveaux venus...

A la faveur des réformes d’Abdelaziz Bouteflika et notamment la loi organique sur les partis politiques, le FLN d’Abdelaziz Belkhadem, n’a pas été de mains mortes dans les législatives en opérant une véritable OPA par l’administration qu’il contrôle, par l’illusion démocratique d’un scrutin "transparent" par la présence d’observateurs internationaux et, non des moindres, par un "émiettement des voix" à la faveur de la flopée des partis, plus d’une soixantaine, agréés par le ministre de l’intérieur et des collectivités locales et qui ne sont, en vérité, qu’une multiplicité du FLN sous différents sigles.

Ces partis agréés par Dahou Oul Kablia à un mois à peine des législatives et d’autres qui viennent encore de naître en prévision des communales servent d’étai au parti FLN qui, dans ce paysage "multipartiste" à des fins purement électoralistes, permettent à l’ex parti unique de s’assurer une base vaporeuse, élastique et opportuniste. Il n’est pas assuré cependant que le contingent des partis créés pour venir à la rescousse d’Abdelaziz Bouteflika et lui assurer, si besoin en était, une main mise sans partage sur le parlement et les institutions de l’Etat, serve encore une fois de tremplin aux députés du FLN.

Car, faut-il le souligner, les enjeux électoraux locaux, considérés à tort comme mineurs par rapport aux législatives, sont en fait des lieux de pouvoirs par où la rente du système transite par de faux projets, de fausses factures, d’une corruption «de proximité» par des chefs d’APC, P/APW soumis aux walis (préfets) qui ne sont pas élus. Les propos d’Abdelaziz Belkhadem qui, sous couvert d’ateliers de jeunes sous la bannière du FLN organisés récemment à Alger, "veut former la jeune génération" laissent entendre que pour ces locales, certaines régions sensibles "feront l’objet d’un suivi particulier" par les dirigeants du parti et que ses candidats feront l’objet d’un tri "qualitatif", d’autant que, a-t-il précisé, le parti «aura des difficultés à trouver le nombre suffisant de femmes aptes à se porter candidates à ces assemblées, mais nous tenterons de dissiper ces obstacles

Le parti n’a pas attendu l’annonce du coup d’envoi des communales s’y engager. Plusieurs conférences de formation régionales ont été organisées durant cette période estivale, certaines tenues sous le couvert d’associations activant au sein des maisons de la culture de différentes wilayas. Les allégeances au parti de Bouteflika trouvent leur expression dans le scrutin des communales dans des tractations concrètes, villageoises, claniques, familiales et le FlN a toujours su faire exploiter ses réseaux à des fins de manœuvres électoralistes. Il semble, d’après les dernières déclarations d’Abdelaziz Belkhdaem, que ce sont ses militants «les plus fidèles» qui seront candidats aux APW alors que pour les APC, il peut toujours rafler la mise dans la cacophonie des partis cocotte minutes qui lui sont dévoués corps et âme.

Par ailleurs, ce n’est sans doute pas un hasard si les effets d’annonce du pouvoir FLN sont nombreux et concernent cette fois "les préoccupations concrètes" des citoyens auxquelles Belkhadem a invité ses ouailles à prêter "une oreille attentive" comme l’électricité, l’eau courante, la sécurité, qui deviendront, s’ils ne le sont déjà, des "thèmes" sensibles de campagne des candidats aux APC et aux APW. D'ores et déjà, pour "acheter" les émeutes, le ministre par intérim de l’Energie et des Mines promet un budget faramineux qui en met plein les yeux et s’octroie un bref délai pour régler les problèmes les plus urgents. De son côté, le patron de la centrale syndicale, Madjid Sidi Saïd, mobilisé pour la campagne, distribue des augmentations salariales et se fait le sauveur de l’économie du pays par une plateforme de "redressement" remise à Abdelaziz Bouteflika. De plus, l’affaire des gardes communaux apparue dès après les législatives et semble réglées avant l’échéance des communales, semble également un enjeu de taille pour Dahou Ould Kablia qui s’emploie désormais à répondre aux revendications socioéconomiques des protestataires du mouvement de protestation fort de coordinations régionales de toutes les wilaya du pays.

La prétendue "onde de choc" du retour en force du FLN n’est en fait qu’un vaste traquenard, résultat des réformes d’Abdelaziz Bouteflika qui crée et distribue des sigles de partis, réprime ceux qui existent et s’opposent à son régime. Par ce nouveau "bloc partisan" du Parti-Pouvoir, Abdelaziz Bouteflika verrouille en fait le champ des libertés partisanes et s’assure ainsi, par un FLN revenu à son ère de parti unique dans un "multipartisme" de façade, qu’il contrôle, les leviers pour la révision de la constitution en attendant l’échéance de la présidentielle de 2014.

R.N

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Commentaires (3) | Réagir ?

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Faro Laz

La démocratie a été inventée afin de permettre à l’élite de n’importe quelle nation de motiver un tant soit peu sa population pour faire face et éventuellement gagner les guerres particulièrement économiques ces temps-ci. Cela se conjugue bien-sûr sans entrer dans les détails avec un bon service public, généralement et spécifiquement dans toute relation gouvernés / gouvernants à tous les niveaux et dans tous les domaines mais aussi à la bonne obéissance des gouvernés et à la juste gouvernance de l’élite. C’est le système de balance et vérification (vous excuserez la traduction approximative) constante et à tous les instants qui sert de justification de la bonne marche accompagnée de l’amélioration constante de ce système qui sont requises par une démocratie véritable.

Tout cela est bien mais la fondation sur laquelle tout l’édifice repose est concernant la définition de cette élite. Celle-ci doit absolument être composée de ce qui est meilleur dans tous les domaines et à tous les niveaux. Toute société humaine n’accepte ni le crime, ni l’injustice, ni l’usurpation du fruit du travail d’un individu comme celui d’une partie ou de toute une population d’une nation. Elle abhorre l’échec et la médiocrité.

Si au contraire, les conditions citées plus haut sont biaisées ou encore plus graves absentes, comme c’est le cas de l’Algérie, le développement tout court ne peut avoir lieu quel que soit le motivateur vrai ou trompeur. Cela se concrétise par le fait que tout marche mal ou de travers et la performance générale laisse à désirer. Cela a été comme cela pendant si longtemps qu’on dirait cela s’est définitivement incrusté dans l’âme algérienne.

L’état algérien est désormais reconnu de par le monde comme un état autoritaire et mauvais gestionnaire et malhonnête malgré la façade qui ces temps ne trompe plus personne. Mais il est aussi notoirement connu pour être un état faible du fait qu’il ne commande pas l’obéissance des populations pour les raisons citées plus haut, que cela soit dans le domaine économique ou bien même par extrapolation (Dieu nous en garde) en temps de guerre. L’antagonisme flagrant ou bien l’irritation des populations pendant si longtemps ne peut aboutir qu’à un point de non-retour ou par exemple les Syriens en sont arrivés. Les Tunisiens, les Libyens, les Egyptiens étaient récemment passés par là et avant eux les algériens avec le pouvoir colonial injuste et illégitime. Ils avaient patentes presque un siècle et demi mais il n’a jamais abandonné l’idée de liberté et de dignité. C’est dans la nature humaine. Celle-ci aussi aspire à l’amélioration, au progrès malgré les freins culturels, cultuels ou autres. Elle ne se reposera qu’une fois celle-ci réalisée.

J’avais écrit plutôt un post ou je recommande le rajout d’une bande noire au drapeau pour se remémorer cette sombre période des 50 premières années d’indépendance. Plus je lis tout s’écrit un peu partout, plus j’en suis entièrement convaincu que l’on se doit de marquer cette maudite période de triste mémoire de cette façon. Le reste suivra quasi naturellement, bien sûr.

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ali Foughali

Tu perdras bientôt ce sourire Mon FIS (fils) car le cauchemard va commencer. le Frendi va devoir rendre des comptes.

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