Pénurie en eau potable à Alger : un marché de dupes avec le groupe français Suez ?

Pénurie en eau potable à Alger : un marché de dupes avec le groupe français Suez ?

La capitale est sans eau depuis mercredi dernier. Selon le site économique "Maghreb Emergent", ces pénuries chroniques en eau potable seraient le résultat calamiteux d’un projet aveugle confié par les autorités algériennes au groupe français "Suez" spécialisé dans la distribution d’eau et les services d’assainissement…

En effet, selon le site économique du Maghreb "Maghreb émergent", les perturbations chroniques en alimentation d’eau potable, persistantes ces derniers jours à Alger, "jettent une ombre sur le contrat conclu en 2005 avec le français Suez, et renouvelé il y a deux ans, pour la gestion de l’eau potable et de l’assainissement à Alger." pour parvenir à une distribution de l’eau potable à Alger en H24 au bout de 5ans. En quoi consiste ce contrat expiré puis renouvelé? Selon la même source, il "prévoyait la création d’une nouvelle entreprise, SEAAL, détenues à parts égales par l’Algérienne des Eaux (ADE) et l’Office National de l’Assainissement (ONA), et dont la gestion serait confiée à des cadres de Suez, une vingtaine au total. Au terme du contrat, Suez était rémunéré à hauteur de 120 millions d’euros." Le contrat, dès expiration, en 2010, a été renouvelé malgré les conclusions plus que négatives d’une mission d’audit confiée à une entreprise algérienne, CTH, pour vérifier la bonne exécution de l’accord.

Selon Maghreb Emergent, "la mission avait révélé une série d’insuffisances, touchant aussi bien la distribution, la production, la rénovation du réseau que son bon fonctionnement" Sur les dix volets passés en revue, rapporte la même source, "les enquêteurs avaient émis des réserves sur presque tous les chapitres, mais le rapport final a été édulcoré pour permettre de renouveler le contrat avec Suez." Ces coupures d’eau qui durent et perdurent seraient ainsi dues aux résultats peu fiables de ce projet aveugle confié par les autorités algériennes au groupe français Suez spécialisé dans la distribution d’eau et les services d’assainissement et dont la filiale La Lyonnaise des eaux est citée en 1990 et 2012 est citée dans plusieurs affaires pour "trafic d’influence". Ainsi, malgré les conclusions négatives émises par cette mission d’audit, le contrat a été quand même renouvelé avec le groupe Suez et la SEAAL créée lors de ce contrat avec Suez s’est contentée de ces résultats calamiteux et ce, malgré l’abondance des ressources hydriques dont elle dit détenir la gérance. Le barrage de Taksebt (et les stations de dessalement) alimente en eau potable les wilayas de Tizi-Ouzou, Boumerdès et Alger. En 2011, le directeur de l’hydraulique de la wilaya (DHW) avait assuré que ce barrage était à sa capacité maximale avec plus de 181 millions de mètres cubes.

Alger sans eau potable depuis mercredi

Depuis mercredi à ce vendredi, un autre calvaire s’ajoute après celui de la Sonelgaz : une coupure d’eau généralisée qui affecte pratiquement toute la capitale, générant une atmosphère de panique chez les citoyens qui se rabattent sur les "fardeaux" d’eau minérale qui, du coup, devient une denrée rare. Les packs sont vendus à même les trottoirs et il n’est pas exclu que si cette panne en alimentation d’eau potable persiste – elle dure depuis 48h -, il n’est pas exclu que les packs d’eau minérale voient s’envoler leurs prix et donnent lieu à une spéculation à grande échelle. Un communiqué laconique des services de la Société des eaux et de l’assainissement d’Alger ( SEAAL) a d’abord concerné la périphérie est d’Alger – Rouiba où les des émeutes ont éclaté hier et Reghaia – pour ensuite, dans un autre communiqué, annoncer une coupure d’eau généralisée dans la capitale durant les journées d’hier jeudi et d’aujourd’hui, vendredi. Selon ce communiqué rapporté par l’APS hier, la raison de cette perturbation serait due aux disjonctions électriques répétées, générant l'arrêt des stations de pompage et des systèmes de production, précise la même source. Pour pallier aux urgences, la SEAAL n’a rien de mieux à proposer que des camions citernes afin «d'alimenter en priorité les établissements publics et hospitaliers afin de réduire les désagréments ainsi que la population dans les limites des possibilités de la SEAAL» tout en assurant qu’"elle se mobilisera 24 h sur 24 et mettra tout en oeuvre pour rétablir au plus vite la situation afin d'assurer de nouveau la continuité de service."

Emeutes à Rouiba, Reghaïa, Tizi Ouzou et Batna

Pour l’heure, la SEAAL semble perdre tout contrôle de la situation. Après les émeutes provoquées par les coupures d’électricité chronique dans plusieurs régions du pays, notamment à l’est, cette grave pénurie en eau potable inonde le pays en foyers de protestation : A Tizi Ouzou, après la localité de Beni Douala, des habitants de la cité 158 logements de Boukhalfa, à la sortie-ouest du chef-lieu de wilaya, ont fermé dimanche dernier le siège de l'antenne locale de l'Algérienne des Eaux (ADE) pour protester contre la pénurie en eau potable qu’ils vivent depuis des mois et estiment qu'ils n'ont pas d'autre choix pour être écoutés que de recourir à la fermeture de l'agence ADE (Algérienne des eaux).

Les citoyens de Rouiba, Reghaia, périphérie est d’Alger sont descendus dans la rue hier jeudi ainsi qu'à Batna, à l'est du pays. Le ministre des Ressources en eau et ministre des Transports par intérim, M. Abdelmalek Sellal, n’a pas réagi à cette situation qui affecte gravement la vie quotidienne des citoyens. Hier, l’APS a fait état d’une rencontre mardi dernier entre M. Sellal et l’ambassadeur de Jordanie en Algérie pour "examiner" les possibilités de coopération bilatérale dans les domaines des ressources en eau et des transports, indique un communiqué du ministère. Pauvre en ressources hydrauliques, le royaume hachémite vit présentement la fronde des paysans vivant de l’agriculture qui accusent Amman de détournement des eaux d’irrigation.

L’Algérie vit un état de pourrissement larvé. Cette situation délétère est aggravée par l’immobilisme politique des institutions étatiques réduites à leur rôle d’intérimaires par Abdelaziz Bouteflika depuis les législatives du 10 mai dernier.

R.N/Maghreb Emergent

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Commentaires (7) | Réagir ?

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Jacques Demenetou

On se croirait revenu au debut des années 70 ou il n'y avait pas d'eau à Alger. Si le contrat était mauvais il fallait ne pas le renouveler, mais dans dans ce cas pas de commissionement... ais je bien compris? prenez vous en main une bonne fois pour toute, mais il est vrai que en travaillant avec une société scandinave il n'y aurait pas d"'enveloppes",

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Aghioul Amchoum

Dans cet article, on lit: "des institutions étatiques réduites à leur rôle d’intérimaires par Abdelaziz Bouteflika depuis les législatives du 10 mai dernier". Je me demande qu´est-ce que Bouteflika a affaire la dessus ? Ca a toujours été ainsi, en tout cas à Alger comme ailleurs depuis que les Francais ont décidé de nous quitter sans pitié en 1962.

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