Y a-t-il une cohésion régionale dans la lutte contre Aqmi au Sahel ?

Les ministres des Affaires étrangères en réunion à Niamey.
Les ministres des Affaires étrangères en réunion à Niamey.

Les réunions des ministres des Affaires étrangères d’Algérie, Mali, Niger et Mauritanie se suivent et se ressemblent.

A Niamey, les ministres des quatre pays se sont entendus pour se retrouver encore une fois. A part le projet d’organisation d’une autre réunion, rien de concret n’est sorti de cette rencontre. Malgré la menace persistante des groupes armés, alliés à des narco-trafiquants, les pays du Sahel et l'Algérie se bornent à se rencontrer. A ce titre, si la lutte contre Aqmi se mesurait au nombre de rencontres entre pays riverains, il ne resterait plus rien de cette organisation terroriste.

Bref, comme le veut le jargon diplomatique, les ministres des Affaires étrangères des "pays du champ" ont réitéré la détermination de leurs pays respectifs à "poursuivre le combat contre le terrorisme". Concernant le Mali, les ministres ont souligné la nécessité de la recherche d’une sortie de crise au Mali qui "requiert une action résolue et urgente". Pas moins. S’ensuit un chapelet de platitudes et d’évidences dans une déclaration finale qui en disent long sur l’inanité de telles réunions. Et l’échec patent de tout ce qui a été entrepris depuis des années en matière de lutte antiterroriste.

Florilège : les ministres des pays du champ (Algérie, Mali, Niger et Mauritanie), ont souligné que "la stratégie mise en place s’appuie sur les dimensions imbriquées et indissociables de la sécurité et du développement". Pour ces ministres, la lutte contre le terrorisme et le crime transnational "requiert l’appui de la communauté internationale". Comment ? Quand on sait que l’Algérie refuse tout ingérence par exemple dans la crise malienne ! Les ministres ont convenu de tenir la deuxième conférence de haut niveau dans les domaines de la sécurité et du développement à Niamey. Quand ? La date n’est pas encore arrêtée.

Voilà ce qui ressort de cette énième réunion de "haut niveau" pendant que les bandes terroristes sévissent dans le Sahel. Il y a une évidence : jusqu’à présent, il n’y a aucune coordination digne de ce nom dans la lutte contre les narco-terroristes. Lesquels terroristes, pendant que les pays riverains se neutralisent dans des luttes byzantines, ont acheté des armes, recruté des hommes et essaimé le Sahel.

Pendant ce temps, un président, celui du Burkina Faso reçoit beaucoup : les  Touareg du MNLA, les narco-salafistes d'Ansar Dine et du Mujao. Meiux, ce mardi, il a envoyé son ministre des Affaires étrangères, Djibril Bassolé, à Gao pour rencontrer Iyad Ag Ghaly le chef du Mujao et promis une rencontre à Ouagadougou entre Blaise Compaoré, le président, et les narco-islamistes qui tiennent Gao et Kidal. Quand on connaît les accointances entre le Mujao, Ansar Dine et Aqmi, il y a lieu de se poser des questions sur l'objectif de ces "conclaves" entre ces organisation criminelles et Blaise Compaoré. Les analystes de la région s'accordent à dire que Compaoré a joué les premiers rôles dans la libération de plusieurs otages occidentaux, est-ce que cela voudra dire qu'il pourra convaincre ces organisations de renoncer à leur projet d'instauration de la charia dans l'Azawad voire libérer par-là même les otages européens qui sont entre leurs mains ?

Comité d’Etat-major opérationnel conjoint (Cémoc) dans le coma

Après deux ans d’existence, le Cémoc s’avère une coquille vide. Censé réunir des soldats des pays du Sahel pour des opérations communes, le Cémoc n’a réussi à mener aucune opération militaire. Installé en 2010 à Tamanrasset, ce Comité est comme plongé dans la torpeur. Malgré toutes les actions d’Al Qaida et la mutiplication des zones de non-droit dans la sous-région, du côté du Cémoc on temporise, on observe.

Comme à chaque réunion les ministres ont examiné les résultats des travaux du Cémoc, réuni le 11 juillet à Nouakchott et pris connaissance des communications actualisées sur l’état de la menace et les mesures arrêtées pour consolider la lutte contre le terrorisme et le crime transnational organisé.

A propos du conflit au Mali, les ministres des pays du champ ont écrit, dans leur déclaration, que la recherche d’une sortie de crise au Mali "requiert une action résolue et urgente, articulée notamment autour de la préservation de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale du Mali". Décodé, le Mujao, Ansar Dine et leur mentor Aqmi peuvent continuer à sévir, trafiquer, prendre en otage et tuer : aucune opération militaire des pays du Cémoc n’est envisagée prochainement. 

Cerise sur le gâteau : les ministres ont lancé un vibrant appel aux Maliens pour qu’ils s’"entendent, se réconcilient et se réunissent autour des idéaux d’unité nationale, de concorde et de paix". Les connaisseurs y liront une touche bouteflikienne dans cette phrase. 

Concrètement, la réunion terminée, les ministres rentrés chez eux, qu’est-ce qui changera au Sahel ? Quelle décision capitale qui fera bouger les lignes dans cette région pauvre, qui vit sous la menace des éléments et des intégristes ? Aucune.

Non une seule : la promesse de se réunir une prochaine fois.

Hamid A.

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Commentaires (2) | Réagir ?

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kamel ait issi

J'y croierai si ce machin n'etait pas leur invention pour trouver un theme a debattre avec l'OTAN et se positionner comme plus utile que les populations. Ces reunions, il faut se rappeler ont ete programme'es par les generaux de l'AFRICOM - c. a. d. s'ils ne font pas semblant, l'AFRICOM s'imposerait.

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Aghioul Amchoum

Elle est belle celle-ci : ils se sont réunis pour se donner un autre RDV pour se donner certainement un autre RDV et ainsi de suite ?

Au moins ils peuvent me donner l´argent de ces sommets inutiles pour que je bouffe un peu.

Comment vont-ils combattre le terrorisme alors qu´ils sont des musulmans ?

En outre, on sait qu´il n´y a ni AQMI ni Al Qaida ni autres... il n´y a que des faits et évènements mensongers créés et gérés ca et là par les mains de ceux là même qui les condamnent et financent l´islam.

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