J.O. de Londres : mais de quel pays peuvent s'enorgueillir les athlètes algériens ?

A gauche, la jeune judokate saoudienne Wodjan Ali Seraj Abdulrahim Shaherkani
A gauche, la jeune judokate saoudienne Wodjan Ali Seraj Abdulrahim Shaherkani

Une Saoudienne victime de l'idéologie wahabiste de son pays, des athlètes algériens sans avenir dans leur pays qui les livre au chômage, à l'usure physique de la survie et à la harga, ne pouvaient monter sur le podium...

Une saoudienne a été "autorisée" par son pays à participer aux Jeux olympiques de Londres. L'image de cette jeune judokate Wodjan Ali Seraj Abdulrahim Shaherkani, 16 ans qui a passé seulement 82 secondes en compétition, avant d'être balayée par son adversaire, la Portoricaine Melissa Mojica, a été un moment symbolique fort avec la première apparition en compétition d'une jeune fille saoudienne, la tête couverte, en judo. 

Empruntée et visiblement mal à l'aise à son arrivée sur le tatami, la tête couverte d'une sorte de bonnet de bain, la judokate la judokate saoudienne a mené un combat plus symbolique que sportif. ?Le Comité international olympique (CIO) avait négocié de "haute lutte" sa présence et celle de sa compatriote, Sarah Attar, engagée end athlétisme, dans la délégation saoudienne qui avait en revanche exigé qu'elles se présentent tête couverte, ce que la Fédération internationale de judo (IJF) interdit pour des raisons de sécurité. Les négociations entre les Saoudiens et l'IJF s'étaient conclues mardi pour que la CIO autorise le port de cette sorte de bonnet de bain noir qui détonne avec sa tenue de judokate. Pour l'adolescente, visiblement effarouchée, d'après les images retransmises en direct par les télévisions du monde entier, sa participation aux J.O de Londres fait d'elle une "vitrine", voire une "otage" de son pays richissime, terre du wahhabisme doctrinaire qui, pour la première fois, "autorise" une de ses ressortissantes, à le représenter aux jeux olympiques, mal préparées, pas du tout entraînée pour ce niveau de performance et n'ayant aucune chance parmi le gratin des athlètes garçons et filles de sa discipline.

L'image médiatique a ainsi subrepticement transformé la présence de cette jeune athlète, victime de l'idéologie du wahhabisme de son pays que les occidentaux courent pour ses richesses et son opulence, voyant dans le port du "niqab" imposé aux femmes, dès l'enfance, une spécificité culturelle qu'il faut respecter. De ses 82 secondes en compétition, les commentaires n'ont porté que sur ce "bonnet noir" qui couvrait la tête de l'adolescente saoudienne, au mépris total de ce qu'elle ressentait en ce moment-là, de ce qu'elle portait en elle comme "épreuves" physiques et morales de se voir catapultée dans ce monde de la performance du corps et de l'intelligence dont elle est interdite dans son pays. Sa contreperformance ne relève donc pas de la mauvaise préparation, ni de défaillances techniques liées à cette discipline, le karaté. Elle a pour origine l'idéologie castratrice de son pays dont elle est une victime. Mais cette image médiatique d'elle, en quelques minutes d'un combat perdu d'avance, est, sans doute, un point marqué et non des moindres par l'idéologie wahabiste qui impose ses symboles anti-sportifs, dans une telle compétition mondiale, réussissant même à en perturber les règles et la discipline.

C'est dire que le sport, surtout à ce niveau des performances athlétiques, toutes disciplines confondues, ne ressortit pas seulement de longues années d'entrainement, d'exigences techniques et pédagogiques. Il est le reflet de l'état politique des pays que représentent ces athlètes. Les dictatures, comme le fascisme qui a sculpté les corps de ses victimes inconscientes n'a pas marqué les arènes d'Athènes. Voir ces jeunes visages d'athlètes, filles et garçons, français, anglais, américains,  issus de la diversité, monter sur le podium, c'est aussi voir leur pays engager dans la lutte contre le terrorisme, l'antisémitisme, promouvoir les libertés individuelles, promouvoir le mérite et la performance intellectuelles. Ces athlètes ont, derrière eux un pays, une nation, une fierté qui les pousse à donner le meilleur d'eux-mêmes dans ces compétitions.

A l'image de la Saoudienne, nos athlètes algériens sont aussi des victimes de leur pays, de l'état de pourrissement avéré d'une Algérie devenue un territoire de prédation et dont le pouvoir loin d'être préoccupé un tant soit peu pour la jeunesse du pays, la pousse au contraire à la déprime, à la consommation de la drogue, à la survie de l'usure physique et à la harga. Comment, dans ces conditions, les adolescents algériens peuvent-ils seulement, se reconnaître en ces adolescents d'un autre univers ? Lors de la dernière coupe d'Afrique et…du monde, l'équipe algérienne a donné une piètre image, de ces contreperformances que le pouvoir a su transformer en slogans nationalistes, générateurs d'émeutes anti-égyptiennes, voire anti-arabes. Les éliminations en cascades d'athlètes algériens lors de ces J.O 2012 sont révélateurs de la contreperformance aussi avérée du pouvoir politique en place. La même équipe nationale de football qui n'a réalisé en vérité aucune percée en coupe d'Afrique et dans son entrée en lice en coupe du monde, a été reçue par Abdelaziz Bouteflika qui l'a encensée dans son échec même, voire dans la suffisance de ses dirigeants et de l'arrogance de certains de ses joueurs.

Un pays malade de sa culture, de sa religion, de ses gouvernants ne peut produire des équipes gagnantes. Ce lien  entre une jeunesse rongée par le chômage, l'ennui, la mal vie et les piètres résultats de ses représentants aux jeux olympiques est évident. Il faut libérer le pays de ses prédateurs avant même d'envisager une quelconque médaille sur les poitrines de la jeunesse algériennes vouées aux maladies et aux balles d'un système politique qui aurait tant vouu, si cela était possible, acheter des médailles, à défaut de les conquérir.

R. N.

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Commentaires (6) | Réagir ?

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anwa wiggi

Azul fellawen,

En voyant cette Saoudienne faire son apparition sur le tatami, je mesure l'écart qui sépare le monde développé du moyen age.

Pauvre fille, à la frustration dûe à une défaite extêmement rapide s'ajoute l'humiliation de porter sur ses épaules l'état moyennageux d'une nation, d'un peuple et d'une religion.

Pauvre petite, tu souhaitais surement ressembler à tes adversaires!!!

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Salim Al Djazairi

Arretez.... les jo ne sont pas la regle de verité universelle.. si une femme veut porter un hidjab ouache dakhlak ? Si vous pensez incarner la modernité en tenant de tel propos, en fait vous ne fait que justifier que vous etes sectaire et que ceux qui veulent etre differents n'ont pas leurs place dnas la société... la societe est mixte, diverse... arretez ce discours emplis de jhaine il ne vous honore pas.

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T´a vu la hijabiste qui est tombée à peine 2 mètres après son départ en 100 mètres ? Elle est de Qatar.

T´a vu la Saoudienne en 100 mètres ? Je n´ai jamais vu un athlète en 100 mètres courrir derière de si loin avec un hijab+cycliste+mini jupe.

Ce n´est pas à chaque pays de dicter ses règles sinon on ne pourra jamais organiser ces jeux. C´est aux musulmans de s´adapter aux règles du sport internationales. Le hijab et autres accessoires islamiques sont dangereux pour le sportif.

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Donc selon toi il faut tolérer une idéologie qui ne tolère qu´elle même ?

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