Syrie : les lignes bougent timidement à l'Assemblée générale de l'ONU

La Syrie s'enfonce toujours plus dans la violence armée.
La Syrie s'enfonce toujours plus dans la violence armée.

Petite consolation, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté, vendredi 3 août, à une large majorité une résolution dénonçant le pilonnage des villes rebelles par l'armée syrienne et critiquant l'impuissance du Conseil de sécurité à agir pour faire cesser le conflit en Syrie.

La résolution, présentée par l'Arabie saoudite au nom du groupe arabe et soutenue par une soixantaine de pays dont les Etats-Unis et les Européens, a été adoptée par 133 voix pour, 12 contre et 31 abstentions. Cette résolution a une portée essentiellement symbolique puisque l'Assemblée ne peut émettre que des recommandations, contrairement au Conseil de sécurité. Juste avant le vote, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait appelé solennellement les grandes puissances à dépasser leurs "rivalités", estimant que "les intérêts immédiats du peuple syrien (devaient) prévaloir sur les rivalités ou les luttes d'influence". La Russie, qui avec la Chine a bloqué au Conseil de sécurité trois projets de résolution occidentaux condamnant la répression menée par le régime syrien, avait indiqué avant l'ouverture des débats qu'elle voterait contre.

Le ministre des affaires étrangères russe a appelé à trouver "d'urgence" un successeur à l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Kofi Annan, au lendemain de l'annonce de sa démission. "A ce stade, le plus important est de ne pas permettre un relâchement des efforts internationaux pour résoudre la crise en Syrie", a estimé le ministère russe. Cette résolution montre en tout cas toute la complexité des blocages, les influences intéressées et les limites de l'ONU concernant ici la Syrie. 

Des combats à Damas

De violents combats avaient de nouveau lieu vendredi à Damas. Le quartier de Tadamoun, dernière poche rebelle dans Damas, a été pris d'assaut par des dizaines de blindés et de transports de troupes des forces loyales au président syrien, a-t-on appris auprès de témoins et de militants d'opposition. Selon les militants, la majeure partie de ce quartier sud de la capitale était passée sous le contrôle des forces du gouvernement en début de soirée.

L'armée a également repris ses bombardements sur la banlieue sud-ouest deJdeidet Artouz. Deux jours plus tôt, au moins 43 personnes y avaient été tuées dans un raid de l'armée syrienne, selon des habitants et des militants de l'opposition, qui affirmaient à la BBC que la plupart étaient des civils non armés, arrêtés lors de fouilles menées de maison en maison par l'armée. Des combats ont également éclaté aux abords de l'aéroport militaire de Marj El-Sultane, selon l'OSDH, une ONG basée en Grande-Bretagne qui tire ses informations d'un réseau de militants et de témoins.

Il y a encore trois jours, le régime semblait avoir repris le contrôle de la capitale après une série d'attaques des rebelles, menées notamment à partir de Tadamoun et après l'attentat du 18 juillet, qui a coûté la vie à quatre hauts responsables de la sécurité. Mais depuis mercredi, les combats ont repris dans Damas, montrant les limites des contre-offensives de l'armée régulière.

Dans le camp voisin de réfugiés palestiniens de Yarmouk, 21 civils, dont au moins deux enfants, ont été tués la veille par des tirs de mortier, selon l'OSDH qui a fait état de 179 morts, dont 110 civils, à travers le pays pour la seule journée de jeudi. "Nous ne savons pas quelle est l'origine de ces tirs" meurtriers qui se sont produits jeudi soir sur le camp, a déclaré le président de l'OSDH, Rami AbdelRahmane, qui a réclamé une "enquête internationale" sur ces bombardements.

L'attaque a été vivement condamnée par le président palestinien Mahmoud Abbas. "Nous condamnons le crime odieux perpétré contre notre peuple dans le camp de réfugiés à Damas, dans lequel des dizaines de civils non armés ont été tués et blessés", indique-t-il dans un communiqué. Le camp de Yarmouk est le plus grand camp de réfugiés palestiniens, avec 148 500 personnes officiellement enregistrées auprès de l'ONU, selon des chiffres de cette organisation.

La plus grande partie de la province de Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie, est entre les mains des insurgés contre le régime Assad, selon l'OSDH. "Les opposants ont pris le contrôle de toute la province de l'est, hormis les villes de Mayadine et d'Abou Kamal, où se déroulent de violents combats", a déclaré son directeur Rami Abdel Rahmane. La ville même de Deir Ezzor a par ailleurs été vidée de 70% de ses habitants, les 30 % restants n'ayant pas pu fuir vers des lieux plus sûrs par manque de moyens, selon l'ONG qui se base sur un large réseau de militants

Avec AFP/Reuters

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