Syrie : Damas, théâtre de violents affrontements et Alep sous les bombes

Alep est le centre de violents affrontements armés
Alep est le centre de violents affrontements armés

Après la démission de Kofi Annan de son poste de médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe, les réactions se succèdent pour déplorer cette décision et pointer du doigt la responsabilité de Moscou et Pékin.

Sur le plan diplomatiqiue ce vendredi, énième Assemblée générale de l'ONU qui doit voter une nouvelle résolution pour réclamer une transition politique en Syrie.  Il ne faut cependant pas à ce qu'il soit demandé explicitement le départ de Bachar al-Assad. Donc c'est un énième camouflet qui se profile pour cette organisation désormais hors d'âge et dont le fonctionnement interne est appelé à changer.

Sur le font, toujours autant de morts, de larmes, d'afrontements et d'exactions. De nouvelles manifestations sont attendues comme chaque vendredi. Sur le terrain, les combats font rage à Damas, dans le quartier de Tadamoun, au sud de la ville. Des combats auraient également éclaté aux abords de l'aéroport militaire à Marj el-Sultane dans la province de Damas. Il y a une semaine, les troupes régulières ont pris le contrôle de la capitale. Le régime cherche maintenant à "nettoyer" les poches de résistance rebelle. Mais ce n'est pas simple, car dans l'arrière pays, le régime chancèle sous la montée irrépressible des hommes de l'Armée syrienne libre.

Alep, la guerre continue

A Alep, la deuxième ville du pays, cela fait une semaine que l'offensive de l'armée du régime a débuté. La rébellion tient toujours tête. Le bastion rebelle de Salaheddine est bombardé par les troupes loyalistes. Malgré l'escalade des violences qui ont fait jeudi 179 morts selon une ONG syrienne, des manifestations anti-Assad sont attendues ce vendredi, traditionnel jour de protestation, avec comme slogan "Deir Ezzor-la victoire vient de l'Est", une région visée par une offensive destructrice de l'armée.

A Damas donc, au moins 21 civils tués par des tirs au mortier dans le camp de Yarmouk. Parmi les victimes, deux enfants, tués par des tirs de mortier jeudi soir sur le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, à Damas. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) déclare vendredi ne pas connaître l'origine de ces tirs et a réclamé une "enquête internationale" sur ces bombardements. De violents bombardements ont par ailleurs été signalés pendant la nuit de jeudi à vendredi dans la région de Houla (centre), où près d'une centaine de personnes avaient été tuées en mai, selon l'OSDH.

Un "massacre" à Hama ?

Le pays se délite de plus en plus au grand dam du peuple. Il n'y a plus une semaine qui passe sans qu'on signale un massacre. Des "dizaines" de civils et de rebelles syriens ont été tués jeudi dans un quartier de la ville de Hama (centre), assiégé par les forces régulières, ont affirmé une ONG syrienne et des militants en évoquant un possible "massacre". Selon l'OSDH, qui n'avance pas dechiffres précis, il est difficile de déterminer ce qui s'est passé dans le quartier d'Al-Arbaïne jeudi matin, précisant que les lignes téléphoniques étaient coupées.

La diplomatie dans l'impasse

Les Etats-Unis regrettent la démission de Kofi Annan. La chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, a souligné jeudi que l'ancien secrétaire général de l'ONU avait "travaillé sans relâche à la construction d'un consensus". Plus tôt, la Maison-Blanche a rendu la Chine et la Russie responsables de l'échec de la médiation, jugeant les veto russo-chinois au Conseil de sécurité de l'ONU «hautement regrettables». Kofi Annan avait proposé un plan en six points prévoyant une cessation des combats et une transition politique. Mais ce plan n'a jamais été appliqué. Après cinq mois d'efforts infructueux, l'ancien secrétaire général de l'ONU a décidé de jeter l'éponge.

Le départ d'Assad "plus pressant que jamais" pour la France. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, juge que la démission d'Annan "illustre l'impasse dramatique du conflit syrien" et estime que le "départ de Bachar al-Assad" assorti d'une "transition politique" est "plus pressante que jamais". Saluant le travail de Kofi Annan, la Grande-Bretagne a quant à elle souligné que son plan «offrait toujours la meilleure chance» de restaurer la paix.

Pour le régime, les Etats étrangers sont responsables de cet échec. Décidément on ne craint pas le ridicule du côté de Damas. Le régime a ainsi accusé les "Etats qui cherchent à déstabiliser la Syrie" d'avoir "entravé" la mission Annan. tout en bloquant tout moyen de pression sur Bacha Al Assad, la Russie a, elle, qualifié cette démission de "très regrettable", estimant toutefois qu'elle ne devrait pas décourager les efforts pour trouver une solution diplomatique au conflit.

Nouvelle résolution

L'Assemblée générale de l'ONU doit voter vendredi sur une résolution présentée par le groupe des pays arabes qui dénonce le bombardement des villes rebelles par l'armée syrienne et réclame une transition politique en Syrie, sans pour autant demander explicitement le départ de Bachar al-Assad. Cette initiative a une portée essentiellement symbolique puisque l'Assemblée ne peut émettre que des recommandations, contrairement au Conseil de sécurité. Mais elle pourrait contribuer à accroître la pression sur Damas si les 193 pays membres votent massivement en faveur du texte, qui doit être adopté à la majorité sans possibilité de veto. Une précédente résolution de l'Assemblée, le 16 février, avait recueilli 137 voix.

La mission des observateurs devrait quitter la Syrie le 19 août. C'est du moins ce qu'estime l'ambassadeur français à l'ONU, Gérard Araud. Lors d'une conférence de presse jeudi, ce diplomate explique : "Honnêtement, je pense qu'il n'y aura pas d'accord (au Conseil de sécurité). Je crois que la mission disparaîtra au 19 août [à la fin de son mandat, ndlr]". Avec l'intensification des combats, a-t-il ajouté, "la sécurité des observateurs est en jeu. Pourquoi garder en Syrie des observateurs qui doivent rester dans leur chambre d'hôtel 95% du temps?". Les observateurs, déployés en avril, ont suspendu depuis la mi-juin la plupart de leurs activités sur le terrain et leur nombre a été réduit de moitié, de 300 à 150 militaires non armés.

LM/AFP

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Aghioul Amchoum

Ce problème ne me regarde point. Je souhaite le bonheur et la paix aux Syríens comme aux autres peuples du monde mais j´ai des problèmes plus graves ici: je meurs de faim et à tout moment je peux être assassiné par des terroristes à Tizi, Bejaia, Alger ou ailleurs.