Abboute : "La Kabylie garde en mémoire la malheureuse sortie de Zerhouni..."

Arezki Abboute
Arezki Abboute

Abboute Arezki, coordinateur de la Maison des Droits de l’Homme et du citoyen de Tizi-Ouzou (MDHC-TO) revient dans cet entretien sur l'affaire des policiers qui ont rossé un jeune de Beni Douala.

Lematindz : Dans une déclaration que vous avez rendue publique, vous avez dénoncé le passage à tabac, par un policier d’un citoyen qui a été surpris en train de boire de l’eau. Pouvez-vous nous donner d’amples informations ?

Arezki Abboute : En effet, après que l’interpellation me parvenue par le biais d’un citoyen de la commune de Beni Douala concernant le comportement d’un policier à l’égard de M. Rebaine Slimane surpris en train de boire de l’eau, et après l’avoir vérifiée auprès des militants de la Maison des Droits de l’Homme et du citoyen de Tizi-Ouzou (MDHC-TO) résidant dans cette même commune, j’ai, en ma qualité de coordinateur de cette structure de la Ligue algérienne pour la défense des Droits de l’Homme (LADDH) rendu publique une déclaration dans laquelle j’avais, à la fois dénoncé les violences dont fut victime M. Rebaine et la récurrence de ces actes, presque chaque année, au mois de carême et rappelé que la liberté de conscience et la liberté de culte sont toutes les deux garanties par la constitution algérienne et par les deux Pactes internationaux relatifs aux Droits de l’Homme que notre pays a ratifiés avant de conclure par un appel à plus de mobilisation et de vigilance pour faire échec à l’intolérance.

Et pourtant la Direction générale de la Sureté nationale (DGSN) a apporté un démenti ?

J’ai effectivement, lu le démenti de la DGSN dans la presse et, sincèrement, je pense que c’est exactement le genre de reponses qu’il faut s’interdire de produire particulièrement quand on ne prend pas suffisamment de temps pour savoir ce qui s’est réellement passé. La Kabylie garde encore en mémoire la malheureuse sortie médiatique de l’ex-ministre de l’Intérieur, M. Zerhouni, qui avait déclaré que Guermah Massinissa, assassiné à l’intérieur de la brigade de gendarmerie de Beni Douala après son interpellation, n’était pas un lycéen mais un voyou, avant de se rétracter et d’avouer qu’il a été induit en erreur. Nous savons tous ce qu’il en a coûté à la Kabylie en terme de morts et de blessés. A l’évidence, le pouvoir algérien ne semble pas avoir tiré de leçons et, pour s’en convaincre, il suffit de voir la photo de M. Rébaine parue dans le journal électronique Tout Sur Algérie.

Avez-vous rencontré la victime, et pensez-vous déposer plainte où entreprendre d’autres actions ?

Oui, j’ai en effet rencontré la victime. Elle m’a raconté, dans le détail, comment les choses se sont réellement passées. Inutile de vous dire combien cela m’avait remué. Je l’avais écouté avec beaucoup de compassion, et une fois son témoignage terminé, je lui avais renouvelé le soutien de notre structure et lui ai réaffirmé, de vive voix, notre disponibilité à l’accompagner dans le cas où il voudrait entreprendre une action en justice contre l’auteur des violences dont il est victime.

J’ajoute que lorsque j’avais rencontré M. Rebaine Slimane, celui-ci était accompagné de deux militants connus pour leur engagement pour tamazight et l’autonomie de la Kabylie.

Pour ce qui est du dépôt de plainte où d’autres actions à entreprendre, pour le moment, je vous avoue que nous préférons nous limiter à la déclaration que nous avons rendue publique et où nous avons dénoncé l’agression et la récurrence des interpellations de non-jeûneurs et les violences commises sur M. Rebaine. 

Concernant l’éventualité d’un dépôt de plainte, la Maison des droits de l’Homme et du citoyen Tizi-Ouzou  a choisi de laisser toute latitude à la victime pour décider de la suite à donner à cette affaire. Ceci dans l’immédiat. Plus tard, à la rentrée sociale probablement, la MDHC-TO n’exclut pas d’envisager d’autres actions avec d’autres associations pour amener le pouvoir à mettre un terme à ces interpellations.

En 2010, deux citoyens ont été arrêtés à Aïn El Hammam pour non observance du jeun et ont été acquittés lors de leur procès. Dans d’autres wilayas, pour les mêmes chefs d’accusation, des citoyens ont été condamnés à de la prison ferme. Comment l’expliquez-vous ?

Je n’ai pas souvenance de cas de non-jeûneurs condamnés à de la prison ferme mais, par contre, je me souviens parfaitement de l’affaire des non-jeûneurs d’Aïn El Hammam, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, et celle des jeûneurs d’Ighzer Amokrane, dans la wilaya de Béjaïa, en 2010. Et, si tel est le cas, je vous avoue, franchement, que cela ne me surprend pas du tout, car l’expérience m’a appris qu’à chaque fois que les citoyens décident de faire reculer l’arbitraire, l’arbitraire recule, et dans le cas des non-jeûneurs d’Aïn El Hammam et d’Ighzer Amokrane, il n’y a pas eu d’exception à celle que je considère être une règle. La mobilisation de la société civile, l’élan de solidarité qui s’est manifesté à l’endroit des accusés dès les premiers jours de l’interpellation, la mise en place d’un collectif d’avocats bénévoles … n’ont laissé planer aucun doute sur l’issue des procès d’Aïn El Hammam et d’Ighzer Amokrane : l’acquittement. La population avait voulu cet acquittement et elle l’avait obtenu.

Propos recueillis par Madjid Serrah

Plus d'articles de : Opinion

Commentaires (1) | Réagir ?

avatar
faroudja Oumerry

La population avait demandé l’acquittement et elle l’avait obtenu dit il presque fier. De qui se moque t on exactement ? La justice algerienne a instruit l’affaire, donc il y avait matière à débattre de quelque chose sur laquelle la constitution est claire. On est pas obligé de pratiquer le careme si on ne se sent pas musulman si one l’est pas tout bonnement. La liberté de conscience c’est seulement pour les musulmans à l’étranger. Et la encore personne ni imam, ni islamo-intello si rapide parfois et si absent d’autres fois pour réagir Casser du kabyle est devenu depuis boutef le raciste un sport national et on sursaute quand une organisation kabyle se nomme revolutionnaire..

Le policier qui a fait cela ne l’a fait que parce que il sait que rien ne lui arrivera, voire l, inverse, c'est-à-dire une promotion. Ou sont les institutions de la république, existe-t-il vraiment une république ? On libère les terroristes et on poursuit en justice des non jeuneurs quel beau pays. Abane, krim, boudiaf, benmhidi, malika et d, autres se sont battus pour que le Qatar et les saoudiens dictent leur volonté a leur pays. Ceux qui ont recrute abdaka el mali doivent répondre aussi de cette haute trahison.