Tournée régionale : le ministre de la Défense américain zappe l’Algérie

Le chef de la diplomatie algérienne.
Le chef de la diplomatie algérienne.

Opération diplomatique en Afrique des Etats-Unis. Le ministre de la Défense entame sa tournée chez nos voisins tunisiens et égyptiens. Et Hillary Clinton en Afrique noire.

Le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta a entamé lundi une tournée qui, après Tunis et Le Caire, le conduira en Jordanie et en Israël, où le nucléaire iranien et les risques de contagion régionale du conflit syrien monopoliseront les entretiens. Les bouleversements politiques du printemps arabe ne sont pas étrangers à ce circuit diplomatique. Leon Panetta a proposé aux Tunisiens l’aide américaine dans la lutte contre Al Qaida au Maghreb. "Il y a un certain nombre de domaines où nous pouvons les aider à développer le type d'opérations et de renseignement qui les aideront efficacement à faire face à la menace" d'Al-Qaïda, a estimé M. Panetta lors de sa rencontre avec le président Moncef Marzouki. Question éminemment sensible, le terrorisme islamiste, Aqmi et la situation au Sahel ont été au centre des échanges.

A l’occasion, le ministre américain compte "esquisser la feuille de route de la future relation militaire", notamment afin d'aider à améliorer les capacités militaires tunisiennes en termes de planification et de bonnes pratiques. Ouverture démocratique, question du terrorisme : deux questions au centre de la diplomatie née au lendemain du printemps arabe. L’une comme l’autre sont déjà au centre des relations internationales. Les régimes autocratiques ont fait leur temps. Dans un entretien donné à TSA, Abdelaziz Rahabi expliquait que "nous devrions pourtant prendre acte du fait que le monde change  et que notre pays, qui ne s’est pas encore aménagé une place dans la nouvelle architecture des relations internationales, ne peut pas infléchir cette tendance."

Après Tunis, destination Le Caire, une capitale alliée des Etats-Unis depuis la fin des années 1970. Là aussi, la nouvelle donne née du Printemps arabe sera également au centre de la visite du secrétaire à la Défense en Egypte.

La Tunisie toujours. François Hollande a il y a quelques jours reçu le président Marzouki tout en lui permettant de faire un discours à l'assemblée nationale française. Le roi du Maroc a également été accueilli à Paris dès le printemps par le nouveau locataire de l'Elysée. Pour l'Algérie, Hollande se fait attendre à Alger et Bouteflika n'est pas près d'aller à l'Elysée. De fait les deux capitales restent évasives sur le calendrier. On évoque une visite l'automne prochain. Sans pouvoir avancer une date. C'est dire que c'est compliqué pour le président François Hollande de s'afficher avec un président qui a violé la Constitution et organisé un référendum avec un pourcentage de vote à la soviétique.

Car, printemps arabe oblige, quelque chose a changé dans la politique étrangère française. La feuille de route du nouveau président français n'est pas celle du précédent. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères français avait dans une intervention traitant du "nouveau monde arabe" déclaré ceci : "Il n’est pas de société libre sans possibilité d’alternance politique et sans pluralisme. Nous dénoncerons donc toute tentative de confisquer le pouvoir ou de restreindre les droits démocratiques. Le respect du pluralisme est d’autant plus décisif que les sociétés arabes sont souvent diverses du point de vue ethnique ou religieux. Les droits des minorités doivent être protégés".

Leon Panetta ne passe donc pas par Alger. Notre pays semble avoir perdu l’influence sur tous les dossiers chauds qui agitent la région. Les prises de position officielles d’Alger concernant la Syrie aujourd’hui, la Tunisie, l’Egypte et la Libye, il y a quelques mois, ont fini par mettre hors circuit notre diplomatie. Inaudible et en décalage flagrant avec les bouleversements politiques, avec l’apparition d’un bloc moyen oriental (Qatar et Arabie Saoudite) particulièrement agressif, Alger fait figure d’un pays isolé dans la nouvelle carte qui se dessine.

La position de l’Algérie a toujours est l’expression d’un soutien au régime en place. Ce qui n’a pas été sans quelques piques avec Tripoli notamment. "Avec Kadhafi, comme avec le reste, observe encore Abdelaziz Rahabi, l’Algérie a fait, à mon sens, deux erreurs d’évaluation. La première, c’était de croire que  les dirigeants pouvaient  se maintenir  au pouvoir grâce à une armée puissante. La seconde : elle n’a pas mesuré la véritable nature de l’évolution des opinions et leurs aspirations au changement. La présidence à vie et son corollaire la succession familiale, l’absence de contrôle populaire sur les richesses publiques et l’immunité absolue accordée aux gouvernants, sont les véritables leviers des révoltes dans le monde arabe".

Alger n’est plus cette capitale incontournable. Finis les premiers rôles dans les conflits. Elle assiste en simple spectatrice à l’accélération de l’histoire régionale. Cela coule de source, le pouvoir est mal à l’aise avec les démocraties naissantes tout autour. Des démocraties balbutiantes certes, mais qui organisent des élections libres, sans fraude. Tunisie, Libye et Egypte sont là pour nous le rappeler. 

Fin février Hillary Clinton n’était restée que quelques heures à Alger. Le temps de rappeler l’importance de la société civile et de répéter que "les peuples du Maghreb (...) ont besoin et méritent de pouvoir décider pour eux-mêmes". Cette semaine, elle entame une tournée en Afrique.  Sénégal, Soudan du sud, l’Ouganda, le Kenya, etc. Des pays qui ont connu des changements politiques ou à la veille d’importantes échéances électorales.

Yacine K.

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amazigh zouvaligh

On ne peut faire du neuf avec du vieux. Toutes les nations du monde; actuellement sont gouvernés par des jeunes, moyenne d'age 48-49 ans, la première puissance du monde est dirigée par un Obama qui avait 4 ans quand l'actuel <président>pour ne pas le nommer était ministre des affaires étrangères au temps ou Brejnev était premier secrétaire de l'ex URSS nous, on continue à être bernés par des septuagénaires, courbés, essoufflés, portant même des couches, ne pouvant contrôler même leurs pets, sans parler de leur ignorance, alors que toutes les nations du 21 siècle sont dirigées par des universitaires!Voilà ce qu'engendre la gouvernance des arabo baathistes primitifs! Quelle honte!mais dommage, vous n'avez ni dignité, ni honneur !ces qualités n'ont jamais croisé vos chemins tortueux!