Film de J.P. Lledo : Aziz Mouats nous écrit

Film de J.P. Lledo : Aziz Mouats nous écrit

Les réactions de Raoul et Hassan ont le mérite de la franchise. Ma position de principe à laquelle je ne dérogerais aucunement, est de permettre au débat de s’instaurer sur cette guerre où à l’instar d’autres algériens, ma famille aura payé un très lourd tribut. Quant à savoir si j’ai été berné par JP Lledo, cher Raoul, il faut savoir que ma quête de vérité ne date pas d’hier. Je la porte en moi depuis ce sinistre jour du 23 août 55, lorsque mon père, mon grand père, mes jeunes oncles -dont l’acte de décès n’a pas encore été consigné à ce jour- et les autres membres de ma famille furent emmenés par l’armée coloniale vers une destination inconnue de nous jusqu’à ce jour. Le problème est que ni moi ni JP lledo, ni ses autres témoins ne pouvions seuls écrire l’histoire. Notre rôle est de témoigner et de questionner. C’est là où le documentaire de JP Lledo aura pêché. C’est lorsqu’il omet de reprendre mes questionnements quant à la disparition des miens. Disparition que ni la France officielle ni aucune ONG n’aura éclairée. Parce que professeur, n’avais-je pas le droit de savoir ? Au contraire, pour toute ma famille j’étais sans doute le mieux placé pour poser ces questions. Dommage que JP lledo n’ait pas jugé utile de m’accompagner. Pour le mot de la fin, je vous informe qu’en 1989, alors que j’étais à deux mois de soutenir une thèse à l’université de Rennes 1, un rapporteur s’élèvera avec véhémence pour me demander de retirer une dédicace à la mémoire des 23 de Béni Mélek, tombés au champ d’honneur. Avec ses défauts, le documentaire de JP Lledo reste une œuvre à voir et à critiquer même quand le réalisateur semble avoir quelques difficultés à accepter la critique. Les amateurs d’omelettes ne sont pas tenus de pondre des œufs pour pouvoir les apprécier. La sentence n’est pas de moi, mais d’un grand critique de cinéma Anglais ! Place à la critique et au débat et paix aux disparus de toutes confessions ainsi qu’aux agnostiques.

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Commentaires (1) | Réagir ?

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hassan chater

Cher Aziz,

Ta réponse, digne, ouverte, sans haine montre qu'en Algérie, la porte de débats constructifs sur tous sujets est encore ouverte.

Merci.