La ville d'Alep à feu et à sang

Les combats font rage à Alep.
Les combats font rage à Alep.

Les combats faisaient rage dimanche au deuxième jour d'une offensive de l'armée syrienne, faisant craindre un "massacre".

Les rebelles ont affirmé dimanche qu'ils avaient repoussé des assauts de l'armée syrienne contre leurs positions à Alep, au deuxième jour d'une offensive, faisant craindre un "massacre", selon l'opposition qui réclame des armes et une réunion d'urgence de l'ONU. Les bombardements par hélicoptères et à l'artillerie lourde dans cette ville de 2,5 millions d'habitants et ses environs ont jeté sur les routes ces deux derniers jours quelque 200 000 personnes, selon la responsable des opérations humanitaires de l'ONU, Valerie Amos, qui a demandé que les organisations de secours puissent "accéder en sécurité" à Alep (355 kilomètres au nord de Damas).

Le médiateur international pour la Syrie Kofi Annan s'est dit inquiet face à "la concentration de troupes et d'armes lourdes autour d'Alep", appelant les belligérants à trouver une issue pacifique à ce conflit qui a fait en 16 mois plus de 20 000 morts, selon une ONG syrienne. En visite en Iran, principal pays allié de Damas dans la région, le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem a assuré que les rebelles seraient "vaincus" et a accusé "le Qatar, l'Arabie saoudite, la Turquie et les pays étrangers" de soutenir les insurgés en leur fournissant des armes.

"Nettoyer la zone des terroristes" (agence officielle syrienne)

Pour le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, "Alep constitue un nouvel exemple tragique de la violence aveugle à laquelle a recours le régime d'Al-Assad contre son propre peuple". "Au bout du compte, il creuse sa propre tombe", a estimé le patron du Pentagone à bord d'un avion qui l'emmenait en Tunisie, première étape d'une tournée qui doit également le mener en Égypte, en Israël et en Jordanie. À Alep, les chars appuyés par des hélicoptères reprenaient leurs attaques contre le quartier de Salaheddine, bastion rebelle, mais ont été repoussés par l'Armée syrienne libre (ASL), formée de déserteurs et de civils armés, selon Abou Hicham al-Halabi, un militant joint via Skype.

L'agence officielle Sana assurait pour sa part que des soldats étaient en train de "nettoyer" la zone de Salaheddine des "terroristes". Selon un militant, Abou Alaa, "des affrontements avaient aussi lieu à Bab al-Nasr et Bab al-Hadid", proches de la vieille ville d'Alep, classée au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco. Le chef du conseil militaire rebelle d'Alep, le colonel Abdel Jabbar al-Oqaidi, a appelé l'Occident à instaurer une zone d'exclusion aérienne au-dessus du nord de la Syrie et a accusé le régime de préparer "un massacre" à Alep.

Le CNS demande des armes

L'OSDH a affirmé que "les soldats avaient encerclé plusieurs zones tenues par les rebelles" pour les isoler et les empêcher de recevoir des renforts. Le front d'Alep a été ouvert le 20 juillet et l'assaut de l'armée a été donné samedi après l'arrivée de renforts militaires dans la ville.

Le président du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, Abdel Basset Sayda, a demandé samedi soir aux pays "frères" et "amis" d'armer les membres de l'ASL qui combattent "avec de vieilles armes". "Nous voulons des armes qui nous permettraient d'arrêter les chars et les avions de combat", a ajouté Abdel Basset Sayda, qui effectue parallèlement une visite dans le Kurdistan irakien. Cette visite est destinée à tenter de convaincre les dirigeants kurdes irakiens de rejoindre son organisation, a indiqué dimanche un responsable kurde syrien.

Un général déserteur arrive en Turquie

Un général de brigade a franchi dimanche soir la frontière pour se réfugier en Syrie, ce qui porte à 28 le nombre de généraux syriens déserteurs accueillis sur le sol turc, a déclaré lundi une source diplomatique turque. Le général était accompagné par 11 autres militaires, a ajouté cette source. Depuis le début du soulèvement contre le pouvoir du président syrien Bachar al-Assad en mars 2011, des centaines de militaires syriens sont passés en Turquie et une Armée syrienne libre (ASL) s'est formée.

L'appel du pape

Dans un communiqué dimanche, le CNS a réclamé une réunion "d'urgence" du Conseil de sécurité de l'ONU pour empêcher les massacres de civils que le régime s'apprête à commettre, selon lui, à Alep. Il a aussi appelé "les pays amis" "à imposer une zone d'exclusion aérienne et à instaurer des zones sécurisées pour quelque deux millions de déplacés". Le pape Benoît XVI a de son côté lancé "un appel urgent" pour que cesse "l'effusion de sang", demandant à la communauté internationale de n'épargner "aucun effort" pour parvenir "à une solution politique juste au conflit".

Les Frères musulmans en Syrie ont pressé la communauté internationale de "tout faire pour empêcher un massacre à Alep" et ont dénoncé le soutien de la Russie et de l'Iran au régime syrien, selon un communiqué. Les violences ont fait dimanche à travers le pays 67 morts, selon un bilan invérifiable de l'OSDH. Un journaliste free-lance français de 28 ans, Pierre Torres, qui travaillait pour plusieurs médias, dont l'AFP, a été blessé par balle dimanche à Alep et évacué vers la Turquie, selon un journaliste espagnol qui l'accompagnait.

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