Syrie : combats à Alep et rébellions dans les prisons

Plusieurs quartiers échappent au contrôle du régime.
Plusieurs quartiers échappent au contrôle du régime.

Alep, deuxième ville et poumon économique de la Syrie, était mercredi en proie pour le sixième jour consécutif à de violents combats entre rebelles et forces du régime, après la reconquête quasi totale de Damas par l'armée régulière.

La métropole du Nord, qui s'est longtemps tenue éloignée des troubles entamés dans le pays il y a plus de 16 mois, est désormais le nouveau front dans la contestation anti-régime, lancée par des manifestations pacifiques et désormais largement militarisée face à la répression sanglante de Damas. Les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) avaient fait état mardi soir d'importants redéploiements de troupes de la province d'Idleb voisine vers Alep.

De fait, l'armée pilonnait mercredi plusieurs secteurs, recourant notamment à des hélicoptères mitraillant le quartier de Boustane al-Kasr où se déroulaient des combats, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui a fait état de "morts et de blessés" sans plus de précisions. D'autres combats ont éclaté à l'aube dans d'autres secteurs, notamment al-Jamiliyé (centre), près d'un siège du parti Baas au pouvoir. Des avions militaires survolaient la ville, franchissant le mur du son, mais sans bombarder, a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, président de l'OSDH.

Pour le géographe Fabrice Balanche, directeur du Groupe de Recherches et d'Etudes sur la Méditerranée et le Moyen-Orient, les quartiers tenus par l'opposition sont les quartiers informels, dont la population vient des campagnes. Les quartiers centraux et ceux de l'ouest peuplés par la bourgeoisie, les chrétiens et surtout les Alépins d'origine échappent eux toujours aux mains des rebelles. Dans la région d'Alep, la ville rebelle d'al-Bab, que l'armée tente de reprendre, était également pilonnée.

Selon un premier bilan de cette ONG, sept personnes, dont six civils, ont déjà été tuées mercredi dans des violences, au lendemain d'une journée marquée par la mort de 158 personnes, dont une centaine de civils.

Rébellions dans des prisons

La contestation, qui a déjà gagné l'ensemble du pays, s'est étendue aux prisons, où plusieurs mutineries mobilisent également les forces de l'ordre syriennes. Au lendemain d'un assaut mardi sur le pénitencier d'Alep qui s'est soldé par la mort d'au moins huit prisonniers, les services de renseignements aériens et l'armée ont tenté, en vain, de reprendre la prison centrale de Homs (centre) en proie à une rébellion depuis près d'une semaine. L'assaut s'est soldé par "des morts et des blessés", a indiqué l'OSDH sans préciser le bilan dans l'immédiat.

A Damas toutefois, l'armée régulière, qui a repris lundi le contrôle de la plus grande partie de la capitale selon l'OSDH, semble avoir encore conforté ses positions après des assauts mardi sur les quartiers de Qadam et Aassali, deux des dernières poches de résistance rebelle dans le sud de la capitale, selon l'OSDH. Les insurgés avaient récemment marqué des points, prenant plusieurs postes-frontières, vers l'Irak et la Turquie. Alors que ces postes sont toujours disputés par les troupes régulières, Ankara a annoncé mercredi leur fermeture pour "raisons de sécurité".

Dans ce contexte, le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, et le général Babacar Gaye, principal conseiller militaire de l'ONU, à la tête des observateurs de l'ONU en Syrie après le départ du général Robert Mood, sont arrivés à Damas alors que leur mission a été prolongée vendredi pour une "ultime période de 30 jours".

"Nouvelle Syrie"

De son côté, le général Manaf Tlass, plus haut gradé à avoir fait défection, a appelé les Syriens à "s'unir (...) pour construire une nouvelle Syrie", dans sa première déclaration publique depuis sa défection le 6 juillet.

Il a jugé que cette "nouvelle Syrie" ne devra pas être "bâtie sur la vengeance, l'exclusion ou le monopole", dans une déclaration à la chaîne de télévision Al-Arabiya. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a de son côté appelé à "travailler étroitement avec l'opposition parce qu'elle gagne de plus en plus de terrain".

Elle a également exhorté les rebelles "à commencer à oeuvrer à un gouvernement intérimaire". "Ils doivent s'engager à protéger les droits de tous les Syriens, de tous les groupes syriens. Ils doivent sécuriser les armes chimiques et bactériologiques détenues par le régime", a prévenu Mme Clinton.

Mardi, après que Damas a reconnu pour la première fois posséder un arsenal chimique et menacé de l'utiliser "en cas d'agression étrangère", l'ASL a affirmé que le régime avait "transféré certaines de ses armes (chimiques) et des équipements de mélange de composantes chimiques vers des aéroports à la frontière", sans autre précision.

AFP

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