Débat de lecteurs : l’Algérie entre Bouteflika et les généraux

Débat de lecteurs : l’Algérie entre Bouteflika et les généraux

Abdesselam Ali-Rachedi : Vous dites que l'Algérie est l'otage des généraux. Soit. Mais votre explication est trop simpliste, car s'il y a d'un côté un pouvoir tyrannique, il y a de l'autre obéissance à ce pouvoir. A l'évidence, une poignée de généraux n'ont aucun moyen de soumettre tout un peuple si ce dernier n'est pas consentant. On pourrait avancer que c'est la peur de la répression qui dissuade le peuple de se révolter, mais cette explication ne tient pas la route car durant la période coloniale, ce même peuple n'a pas eu peur d'affronter un ennemi beaucoup plus redoutable. D'ailleurs, de nos jours, les émeutes sont quasi permanentes et donc la peur ne joue pas. Je crois, pour ma part, qu'il faut cesser de faire appel à des explications manichéennes du genre, le peuple est bon mais il est otage d'un pouvoir mauvais. Le mal est dans le peuple, autant qu'il l'est dans le pouvoir ! C'est d'ailleurs symptomatique que l'on se refère constamment au peuple (fondement du discours populiste) et non aux citoyens (fondement du discours républicain). Par ailleurs, vous imaginez une sorte de "grand soir" où le peuple se lèverait "comme un seul homme" pour se débarrasser de cette mafia. Mais vous ne dites rien sur ce qui arriverait le lendemain et comment serait dirigé le pays et par qui. J'ai bien peur, pour ma part, que ce grand soir ne soit suivi d'une nouvelle dictature. Le vrai problème à mon sens est la faiblesse de la conscience politique dans notre pays et la faiblesse de la conscience citoyenne en particulier, dues à des décennies de discours populistes et aux pesanteurs sociologiques héritées de la période coloniale. La conséquence de cette situation est soit la résignation et la soumission à un pouvoir injuste, soit le recours à l'émeute, c'est-à-dire à des accès de furie déstructrice. C'est la preuve qu'il n'y a pas de culture citoyenne. Or, il ne peut pas y avoir de changement positif, s'il n'y a pas de développement préalable de la conscience citoyenne. A titre d'exemple, la conscience citoyenne implique que l'on participe aux élections et que l'on se mobilise ensuite massivement pour empêcher la fraude et le détournement du suffrage universel. On ne peut pas accepter l'idée que l'abstention soit un signe de maturité politique ! L'alternative démocratique au régime actuel doit d'abord se développer au sein de la société et gagner une majorité de partisans pour qu'elle puisse s'imposer. Tous les pays d'Europe de l'Est sont sortis du totalitarisme d'une manière pacifique (sauf le cas particulier de la Yougoslavie) grâce à la mobilisation de la société civile. Où est la société civile chez nous ?

Ali Elmenfi, : Cet insidieux cri du cœur « il est temps de se secouer » ressemble plus à une convulsion agonisante et les liens internet qu’il propose ne mènent qu’à conforter des idées revanchardes. « L’Algérie est l’otage des généraux…il faut se débarrasser de cette mafia…il est temps que le peuple se soulève comme un seul homme… » relève plus de la manipulation que d’une véritable et sincère prise de conscience. Tout son discours est calqué sur une phraséologie récurrente qui voudrait aller dans le sens d’une Révolution à accomplir, alors que la réflexion et les préoccupations sont déjà ailleurs. Cela correspond fort aux discours enflammés des fanatiques qui rêvent de réinstaurer le Califat. En utilisant un ton résolument volontariste, Zem Zem signale qu’il « est possible de vivre mieux »…à condition d’en finir avec « ces énergumènes ». Zem Zem rame à contre courant sur des eaux tumultueuses dans lesquelles il craint de se noyer. Son procédé classique de recrutement d’une opinion publique désabusée ne sert qu’un but : celui de décourager davantage la Société. Dans quel intérêt ?

Atika yenamare : Sur ce qui est écrit, je ne vois vraiment pas ce qui pousse El Menfi et Ali-Rachedi à le rejeter. Peut être que El Menfi réagit plutôt à l'appartenance politique de Zem Zem (moi je la connais pas) mais ce qui m'étonne le plus c'est la réaction de M. le ministre Ali-Rachedi (donc de quelqun qui a connu ce pouvoir tyrannique, maffieux et qui l'a servi). M. le ministre nous dit "A l'évidence, une poignée de généraux n'ont aucun moyen de soumettre tout un peuple si ce dernier n'est pas consentant", vous pensez réellement que ce peuple est consentant et que ce n'est pas la peur de la kalachnikov qui donne de lui cette fausse impression d'être consentant ? Que faites vous de ces jeunes lycéens qui bravent le système pour dire qu'ils refusent d'être des cobayes ; de ces fonctionnaires qui ont paralysé les institutions dernièrement à l'appel de leurs syndicats autonomes, de ces jeunes kabyles rebelles, à juste titre, mais qui, hélas sont l'objet de beaucoup de manipulations politiciennes, des lecteurs anonymes qui souffrent et n'ont pour l'instant que quelques petits espaces de liberté pour s'exprimer ? Non M. le ministre, le peuple n'est pas consentant mais il lui manque des leaders au dessus de tout soupçon pour le conduire comme ce fut le cas un certain 1er novembre 1954 (même si ce n'est pas le même combat contrairement à ce que vous voulez insinuer : généraux = colonialisme). ça vous arrangeait bien que les universitaires aient été consentants de votre temps au ministère!! Vous dites "le mal est dans le peuple, autant qu'il l'est dans le pouvoir" ; vous renvoyez dos à dos le peuple et les généraux spoliateurs !! Suggèreriez vous de changer de peuple ? J'avoue que je ne vous comprends pas surtout lorsque vous dites "...Mais vous ne dites rien sur ce qui arriverait le lendemain et comment serait dirigé le pays et par qui". C'est à croire qu'il n'y a que le pouvoir qui vous intéresse, est_ce vous ou d'autres? Décidément vous êtes aussi un homme du passé, à la quête d'un quelconque retour sur le devant de la scène (comme l'ont reproché bcp de lecteurs à M. Brerhi, que vous n'avez pas jugé utile de défendre ne serait-ce qu'avec une phrase). Vous dites également "Tous les pays d'Europe de l'Est sont sortis du totalitarisme d'une manière pacifique (sauf le cas particulier de la Yougoslavie) grâce à la mobilisation de la société civile". Cela n'est pas totalement vrai si on omet le rôle (et les millions de dollars injectés) par les pays occidentaux par en finir avec le bloc de l'Est. Somme toute, Monsieur Ali-Rachedi nous propose d'attendre jusqu'à ce que le peuple devienne une somme algébrique de citoyens suite à l'amélioration de la conscience politique générale pour espérer pouvoir faire quelque chose contre ce pouvoir tyrannique et mégalomane. Bonjour le leader !!
Sans Smire : Je suis d'accord avec Zemzem et avec Atika dans sa réponse à Ali Rachedi. M. l'ex ministre, vos commentaires puent l'arrogance intellectuelle et le « je sais tout et les autres vous êtes des cons ». Tout le mal algérien vient des généraux et tout ce que vous énumérez comme failles en matière d'affirmation citoyenne est le résultat de la mainmise de cette mafia sur le pays. Inutile d'épiloguer sur des théories qui dépassent votre champ de compétence, car vous vous embourbez rapidement dans un affligeant ridicule. Le parallèle que vous faites avec la guerre d’indépendance est boiteux, car le contexte est carrément différent. On l’a vu, sous la botte coloniale, les Algériens n’avaient pas attendus un consensus politique pour déclencher la guerre de libération. La pression coloniale était telle qu’elle a engendré une explosion. Monter au maquis était un réflexe quasi instinctif et les divergences, car il y en avait au niveau des élites et non chez le commun des Algériens, étaient vite dissipées dans l’urgence de combattre une ennemie commun, étranger, spoliateur, etc. En somme, le peuple algérien était cimenté dans son malheur, qui était d’ailleurs le même, qu’on soit à Alger, au Sud, en Kabylie ou dans l’Oranie. En revanche, dans le contexte actuel, le pouvoir n’est pas perçu partout au pays comme l’ennemi principal. Les décennies de propagande officielle, la corruption des élites, les menaces, la torture, les assassinats et les autres pratiques diaboliques du pouvoir en place ont transformé les Algériens politiquement non identifiables. Tantôt réfractaires à la chose politique, tantôt indifférents, résignés, voire insoucieux, les Algériens ne forment pas un bloc monolithique. Ils sont fragmentés, déboussolés, terrorisés. Rappelez-vous des événements de Kabylie. Pendant que des jeunes se faisaient tuer comme des mouches à Tizi, Béjaïa et Bouira, d’autres Algériens plongeaient dans une totale indifférence quand ils ne se réjouissaient pas de la chasse aux « sales Kabyles ». Oui, il faut en vouloir d’abord à ces Algériens pour leur passivité assassine, mais ce pouvoir pourri a réussi à diviser plus que ne l’avait fait le colonialisme français. Si bien qu’un sursaut collectif me paraît impossible dans la configuration actuelle, tant la réalité culturelle et sociologique en Algérie est volatile. Ce pouvoir a inculqué des dogmes et enraciné la peur, la corruption, le favoritisme, la délation, la violence sous toutes ses formes. Tenter de changer les choses en allant voter me paraît incrédule dans un pays où la fraude est transparante et où l’administration répond machinalement au réflexe du bourrage des urnes. Assiéger les bureaux de vote me diriez-vous? L’image est belle, mais elle promet à un autre carnage qui, hélas, ne fera que s’ajouter aux autres. Inutilement. Si les mouvements populaires ont réussi dans certains de l’Europe de l’est et de l’ex-URSS, c’est parce que le soutien étranger n’a jamais failli. L’occident veillait au grain dans cette région où se jouent encore les dernières minutes de la guerre froide. En Algérie, les intérêts occidentaux sont bien assurés par le pouvoir en place. Boutef, «réélu» avec le score honteux de 85%, a été félicité par tous les puissants de ce monde. Chirac était le plus prompt à réagir. Plus de 150 jeunes kabyles ont été tués par les balles réelles des services de sécurité, un véritable carnage, et ce fut l’indifférence générale. Aucune larme, fut-elle celle d’un crocodile. Ni en Algérie, ni ailleurs au monde. De quelle citoyenneté voulez-vous parler? De celle de « takhti rassi bark », du «je-m’en-foutisme national» et de l’indifférence internationale?

Bellouga, @ Atika yenamare : Merci pour votre réponse à Rachedi, mais je voudrais compléter. Je n’ai pas l’habitude d’interpeller les internautes mais je trouve que notre peuple souffre déjà assez pour accepter que des ex serviteurs du régime le traine dans la boue. Monsieur Rachedi, Je vais reprendre quelques unes de vos insultes. A l'évidence, une poignée de généraux n'ont aucun moyen de soumettre tout un peuple si ce dernier n'est pas consentant Les grèves, les émeutes, les kamikazes, les harragas, plusieurs dizaines de milliers de morts et vous avez l’outrecuidance de venir insulter le peuple, vous le serviteur zélé d’un pouvoir honni. L’abstention, Monsieur, loin d’être une démission est d’abords un acte volontaire de refus d’un système qui ne permet aucun autre moyen d’expression. Quant au vote, le fait de répondre à une convocation d’un pouvoir illégitime constitue à lui seul une forme d’allégeance. Alors comprenez que l’abstention est déjà un premier pas vers la désobéissance civile. Comprenez aussi que l’abstention peut être efficace. C’est devant la peur du boycott populaire et non populistes – ceux sont les discours des politiques qui sont populistes – que le pouvoir vient de mettre un bémol à sa stratégie de viol constitutionnel. A vous lire on devine facilement d’où vous vient ce mépris populaire, le peuple en fait ne réponds pas comme vous le souhaitez. Vous lui déniez le droit de réagir comme il l’entend. Vous dénoncez le recours à l'émeute, c'est-à-dire à des accès de furie destructrice, on croirait lire l’écho d’Alger pendant la bataille d’Alger! L’émeute, Monsieur Rachedi, a sabordé le show pré électorale de votre vénérable chef en annulant son voyage de Constantine. Le vrai problème à mon sens est la faiblesse de la conscience politique Avant 88, épiés, fliqués, menacés, pas de vote = pas de passeport dans certains consulats, les algériens allaient voter massivement pour des résultats connus d’avance : 99% pour les Zaims ! Apres 89 et 91, les algériens sont repartis voter et massivement encore à des élections promises comme « propres et honnêtes ». Ils ont alors désavoué vos amis du pouvoir qui leur ont volé leur victoire A titre d'exemple, la conscience citoyenne implique que l'on participe aux élections et que l'on se mobilise ensuite massivement pour empêcher la fraude et le détournement du suffrage universel. Quel doux rêveur, venant d’un serviteur zélé du système qui a confisqué la parole au peuple cela pourrait prêter à sourire si l’heure n’était pas si grave. Mais c’est tellement difficile de se débarrasser de sa culture gouvernementale. L'alternative démocratique au régime actuel doit d'abord se développer au sein de la société et gagner une majorité de partisans pour qu'elle puisse s'imposer. Pourquoi ce zapping et que s’est-il donc passé en 91, le peuple n’a-t-il pas voté pour l’alternance de manière tout à fait démocratique ? De plus vous ne dites mot de cette alternative au sein d’une classe dirigeante dont vous avez fait partie. Un oubli ou un refoulement ? Quant à la question de savoir où se trouve la société civile, le peuple lui se demande plutôt où sont ses politiques. A chacun, son métier. Quand à votre parallèle avec les pays d’Europe de l’est il est stupéfiant de naïveté, à moins que ce ne soit une tentative de plus pour faire culpabiliser cet algérien que vous méprisez. Car enfin, croyez-vous un instant, un seul instant, que si l’Algérie avait été frontalière de la France ou de l’Allemagne nous en serions encore à débattre de tout cela. Certainement pas. Halte à l’escroquerie intellectuelle !

Aicha Ammarice : Ce site est dédié aux débats ! Ceux qui doivent nous aider à comprendre ce qui se passe chez nous, pourquoi le peuple sombre et son gouvernement lui tourne le dos. Pourquoi une indépendance qui devait apporter du bonheur ne nous a apporté que du malheur ? Où se situent les responsabilités de chacun de nous, quel système, quel clan, quelle administration, quels partis, quelles Mounadhamat nous ont confisqué notre liberté. Je ne suis pas de ceux qui sont aux parfums des arcanes, mais une chose est sure, Le DRS est le plus grand responsable, les mollahs sont en partie une création de ceci, directement ou indirectement. Comme la bête a pris du poil elle est devenue incontrôlable. Sinon pourquoi il n'y'a pas autant de drames chez nos voisins ? La lybie, le Maroc et la Tunisie ? Pour ce qui est du peuple ce ne sont que des révoltes isolées et donc on n'est pas unis et on ne le sera jamais. Je m’explique : Comment rapprocher 2 partis FFS RCD qui (sont proches) prétendent être pour la démocratie ? Ce n'est pas pour demain un autre novembre. Eux ils avaient un ennemi commun visible, nous, le notre est invisible, est n'est pas vu comme tel chez tous les algériens car, il y'a ceux qui se la coule douce, tous les gens du FLN, depuis l’adjoint maire jusqu’ au président-marionnette se sont tous enrichi sur le dos du peuple de par leur fonction et pouvoir, alors !! Novembre ou pas ?

Abdesselam Ali-Rachedi : M. Bellouga. Vous avez parfaitement le droit de ne pas partager mon point de vue, mais ça ne vous donne nullement celui de m'insulter et de répandre des contre-vérités flagrantes à mon égard. Je suis un homme public et il est normal que je sois critiqué. Mais lorsqu'on s'attaque à la personne, au lieu de critiquer ses idées, c'est sans doute aussi parce qu'on n'a pas d'arguments valables à leur opposer. Amicalement et sans rancune!
Atika yenamare. Drôle de pseudo que vous avez choisi là : Atika, tout le monde sait que c'est un sobriquet qui ciblait Bouteflika et yenamare est compris de tous. Ainsi le pseudo que vous avez choisi résume tout votre programme : le départ de Bouteflika. Même si je considère Bouteflika comme totalement illégitime, je ne peux souscrire à un programme qui se résumerait à son départ, laissant tout le reste du système en place. Vous avez choisi la commodité de l'anonymat, j'ai choisi la transparence. Vous savez donc parfaitement qui je suis. Mon cv se trouve d'ailleurs sur le web, libre d'accès. J'ai effectivement été ministre pendant 11 mois mais c'était après les événements d'octobre 88,dans le gouvernement réformateur de Mouloud Hamrouche. Nos espoirs étaient grands, à ce moment-là, d'aller vers une véritable transition démocratique. De là à dire que j'ai servi ce pouvoir tyrannique et mafieux, c'est carrément diffammatoire. Par ailleurs, ce n'est pas dans ma culture de faire dans les insinuations. Quand j'ai une opinion, je la dis ouvertement et clairement et je n'ai nul besoin de faire des comparaisons qui n'ont pas lieu d'être. Le populisme est un concept sociologique (voir à ce propos la thèse de Houari Addi, "l'impasse du populisme") sur lequel je me suis souvent exprimé. Dans l'idéologie populiste, on considère le peuple comme un tout homogène et qui est dans une relation directe avec un leader charismatique (zaim). Donc, il n'y a pas de pluralisme et nulle nécessité d'avoir des partis politiques. Or, toute société, un tant soit peu évoluée, est nécessairement traversée par des divergences d'intérêts et des conflits entre les citoyens qui la composent. La démocratie est justement le moyen par lequel les conflits trouvent des solutions pacifiques. C'est parce qu'il y a des conflits d'intérêts qu'il y a nécessité que ces intérêts soient représentés par le biais de partis politiques et de représentants élus. C'est le fondement même de la démocratie représentative. Si les conflits présents dans la société ne trouvent pas d'issue politique institutionnelle, ils dégénèrent forcément en violence. Donc pour la clarté du débat, il vaut mieux ne plus parler de peuple (dans le sens d'un tout indivisible) mais de citoyens et de citoyennes, en espérant que ces derniers prennent de plus en plus conscience de leur rôle en tant qu'acteurs. Par ailleurs, vous avez raison de dire que les pays d'Europe de l'Est ont été aidés par les USA, mais reconnaissez que ces derniers n'ont pu le faire qu'en s'appuyant sur une société civile puissante. Vous m'attribuez à tort un intérêt pour le pouvoir et vous me qualifiez gentiment d'homme du passé. Libre à vous de penser ainsi. Pour couronner le tout, vous déformez totalement ma pensée en m'attribuant l'idée saugrenue qu'il n'y a rien à faire et qu'il faut juste attendre que la conscience citoyenne se développe spontanément. C'est exactement du contraire qu'il s'agit. Mon propos était de défendre l'idée qu'il fallait cesser de s'intéresser aux questions de pouvoir (3è mandat, lutte de clans...) et mettre toute son énergie au service de l'émergence de la société civile. J'espère maintenant que vous m'avez bien compris.

Ali Elmenfi : Monsieur Abdesselam Ali Rachedi votre cours de sciences politiques était il nécessaire ? Je ne le pense pas. Pas plus que ne l’était votre longue plaidoirie qui vous permet de vous dédouaner en enfonçant le clou. Tout en « considérant le Président Bouteflika illégitime » vous dites : « J'ai effectivement été ministre pendant 11 mois (MAIS) (c’est moi qui souligne) c'était après les événements d'octobre 88,dans le gouvernement réformateur de Mouloud Hamrouche ». Si « Vos espoirs étaient grands, », ceux du peuple Algérien n’ont pas été entendus. En quoi donc CE gouvernement était il plus légitime ? Parce que vous y étiez ? Pas de problème. Assumez votre parcours politique et votre vie publique comme d’autres assument un anonymat qui vous froisse. Par contre ce qui me froisse, c’est que vous refusiez de parler de Peuple que vous réduisez à un « concept sociologique ». Il y a bien un Peuple Algérien, comme il y a un Peuple Juif, Américain, Allemand, Français…La citoyenneté, elle est un concept juridique; comme la démocratie qui varie selon les sociétés, les époques et les peuples. En vous exprimant ainsi, Abdesselam Ali Rachedi, vous parasitez une réflexion déjà encombrée. Je lisais avec un certain chagrin les propos d’un internaute qui permet toutes les dérives: « Monter au maquis était un réflexe quasi instinctif… Ce pouvoir a inculqué des dogmes et enraciné la peur, la corruption, le favoritisme, la délation, la violence sous toutes ses formes… ce pouvoir pourri a réussi à diviser plus que ne l’avait fait le colonialisme français. ». Il y a une haine instinctive, atavique, totale du Pouvoir rejeté non pas pour ce qu’il EST mais pour ce qu’il ne nous donne pas. Reste le Peuple !

Atika Yennamare : M. Ali-Rachedi. "Ainsi le pseudo que vous avez choisi résume tout votre programme : le départ de Bouteflika" croyez vous vraiment qu'un pseudo puisse à lui tout seul résumer le programme de quelqu'un ou est-ce une tentative gentille de me rabaisser? Qu'à cela ne tienne, vous ignorez qui je suis et j'assume parfaitement mon anonymat comme vous assumez d'écrire sous votre vrai nom ; que voulez vous j'ai pas servi (par choix et non par manque de sollicitations) ce régime pour être aussi connu que vous! Vous considérez Bouteflika comme totalement illégitime (seulement illégitime? que faites vous du cuisant échec de sa politique depuis 8 ans, de son régionalisme, de son souhait à garder le pouvoir à vie ? et j'en passe..) Tout comme vous, je ne souscrits pas à un programme qui se résumerait à son départ, laissant tout le reste du système en place. Mais j'estime qu'il y a urgence (le chaos nous guette) et que le départ du zaïm est un 1er objectif ne serait-ce que pour éviter le coup de force qui se prépare contre la Constitution et par là même sauvegarder l'un des fondements de la démocratie : l'alternance au pouvoir. M. le ministre, je ne pense pas vous avoir diffamé quand j’ai dit que vous avez servi ce pouvoir puisque vous le reconnaissez vous même tout en essayant de minimiser la portée par la courte période et par le nom de votre chef du gouvernement (pour lequel j'ai beaucoup de sympathie ainsi que pour vous, aussi). Seulement, vous omettez de dire que c'est sous la présidence de M. Chadli donc sous le dictat des mêmes décideurs qui sont toujours en place et auxquels vous attribuez, à juste titre, tous les maux de l'Algérie. Maintenant si vous pensez que lorsque vous étiez ministre, le pouvoir n'était ni maffieux ni tyrannique, cela n'engage que vous et personnellement je n'y souscris absolument pas. Par ailleurs, vous pensez que j'ai déformé votre idée (ce n'est pas volontairement, si c'est le cas) et vous dites "Mon propos était de défendre l'idée qu'il fallait cesser de s'intéresser aux questions de pouvoir (3è mandat, lutte de clans...) et mettre toute son énergie au service de l'émergence de la société civile". Nos objectifs se rejoignent mais permettez moi de diverger sur la forme. Le 3ème mandat serait un recul colossal pour ce pays ; il est donc urgent de se mobiliser avec les moyens du bord pour l'éviter. Croyez moi gagner ce combat peut ouvrir de larges horizons vers une démocratie réelle et pourrait même sonner le glas des décideurs de l'ombre. A votre avis combien de temps faudrait-il attendre l'émergence d'une société civile capable de se prendre en charge et mettre fin à ce régime spoliateur ? Si nos parents avaient privilégié cette voie en 1954, nous serions certainement encore en attente !! Pour tout le reste (populisme, citoyenneté, fondements de la démocratie représentative..), je ne peux être que de votre avis puisqu'il s'agit tout bonnement de concepts basiques connus et rabâchés par tous. Cordialement.

Yacine Khalfi : Ce pays est-il condamné à la malédiction? Je me souviens qu'en juillet 1962, nous étions tous dehors en train de danser et de chanter, avec le commandant Azzedine, Mohand Ou El hadj et tant d'autres combattants de l'intérieur. Nous n'avions jamais pu imaginer que l'ALN pouvait vaincre la puissance française. Ferhat Abbas, Youcef Ben Khedda, Krim Belkacem, tous les membres du GPRA , qui était à ce moment là le pouvoir légitime, étaient rentrés en Algérie avec le grand espoir d'édifier une République démocratique. Puis tout changea du jour au lendemain lorsque l'armée des frontières vint aussi, non pas en libératrice mais en conquérante. Ce fut terrible et sanglant. Il y eu alors la guerre des wilayas. La "une" contre la "deux", les autres contre la "trois et la quatre"...etc Quelques "djounouds" qui étaient en Tunisie ou Maroc bien au chaud, pointèrent même leurs armes sur nous, en nous demandant de nous disperser, ( je fus même frappé par l'un d'eux) alors que toutes les rues de toutes villes et villages d'Algérie bouillonnaient et nageaient encore dans l'euphorie de l'indépendance. Instinctivement, je compris à ce moment là que nous allions entrer dans une période interminable et infernale de dictatures militaro-policières qui ne feront que se succéder à elles-mêmes jusqu'à aujourd'hui. Il devint évident pour moi que nous n'avions fait que chasser un colonisateur par un autre plus perverse encore, parce que ce dernier se trouvait maintenant à l'intérieur de nous et nous ressemblait terriblement. Et non plus à l'extérieur et portait le visage du "roumi". C'est là tout le problème actuel.
Atika yenamare : A.Ali-Rachedi. Rassurez vous, je ne vous fais aucun procès d'intention même si ma méfiance envers tous ceux ayant servi le pouvoir prend parfois le dessus, je l'avoue et m'en excuse auprès de tous les lecteurs. Rassurez vous, je ne crois pas non plus à une éventuelle ouverture de ce régime, ni avant ni après l'installation du zaïm en tant que roi et cela qu'on s'oppose ou pas au coup d'état dont tous les détails semblent avoir été étudiés par les décideurs, déterminés à le mener à terme quitte à aller jusqu'à sortir les chars dans les rues pour réprimer les citoyens de ce pays meurtri. Voyez vous, je suis conscient que la démarche de s'opposer au 3ème mandat ne fera pas reculer la junte au pouvoir mais j'y adhère, ne serait-ce que pour informer l'opinion nationale et internationale qu'en algérie existe une opposition citoyenne qui a soif de liberté et de justice et dont l'objectif est de faire de ce pays un havre de paix où règne une réelle démocratie. Naturellement, j'espère que beaucoup de citoyens se joindront à ce "front de refus" pour, comme vous le dites si bien, faire émerger un puissant mouvement citoyen capable de continuer le combat (mm si le zaïm est "réélu") et qui servirait alors de pivot autour duquel se construirait l'alternative démocratique au régime. Voyez vous M. Ali-Rachedi, globalement je partage votre analyse et je serai plus rassuré si vous pourriez le dire en termes simples que vous êtes contre le 3ème mandat de Bouteflika. Alors appelons chacun à son niveau à dénoncer ce coup de force, à boycotter le référendum de révision et les "présidentielles" au cas où le bourrage des urnes prend le dessus à la 1ère étape. Cordialement.

Bellouga :
De Ali Rachedi:"Maintenant, l'idée d'une pétition pour dénoncer le viol de la Constitution pourrait parfaitement s'inscrire dans une stratégie de moyen terme. Ce serait en quelque sorte un déclic pour entamer un processus sur la durée, en vue de faire émerger un puissant mouvement citoyen capable de se mobiliser pour faire échec à la réélection de Bouteflika. Ce mouvement servirait alors de pivot autour duquel se construirait l'alternative démocratique au régime." Comme quoi il était pas inutile d'insister, vous avez fini par y arriver. C'est bien.

Abdesselam Ali-Rachedi : Atika yenamare.Bien sûr que je suis contre la reconduction de Bouteflika et je suis très étonné que vous puissiez penser le contraire. Pour votre information, j'étais aussi contre son premier mandat, contre son 2è et contre la candidature de Benflis, aussi. Mais je suis également contre le pouvoir occulte, la police politique et les faiseurs de présidents. Benteflika a été responsable d'une terrible régression du pays et d'un échec sur tous les plans. Mais est-il seul à blâmer ? Et ceux qui l'ont intronisé, doivent-ils s'en tirer à bon compte et rester au pouvoir ? Ne sont-ils pas tout autant responsables ? Il ne faut pas être dupes. La révision de la Constitution et la reconduction de Bouteflika sont planifiées par les marionnettistes de la police politique. En 2003-2004, on a fait avaler à beaucoup de citoyens la couleuvre de la candidature de "l'opposant Benflis". Les marionnettistes ont sûrement concocté un nouveau scénario pour 2008-2009. Alors, pour le dire en termes simples : oui, je suis avec vous pour s'opposer à la reconduction de Bouteflika. Mais, j'ajoute aussitôt que j'aimerais vous entendre dire, en termes tout aussi simples, que vous vous opposez également au maintien au pouvoir des parrains galonnés de Bouteflika

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Commentaires (23) | Réagir ?

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djidji63

c est vraiment domage,

ma constatation de ce debats du mr le ministre et des autres, pas de sens individualement, le peuple etait bien mais je pense que le peuple a changer de cap je ne l espere pas la course vers la belle vie et l argent et la corruption du peuple non seulement de nos leader, combien d ingenieur etait egare de leur travail specialement administrator des companie stupide turc ou arabe parce que n a pas voulue touche a leur maudite argent, mais combien d autre qui ont ferme les yeux et roule avec, le rendement des hospitals, avec l ouverture du prive ou le malade opere a l hospital et pay sous la table combien de patient etait oriente vers le prive volontairementou ou sont nos intelectuel prof finace et autre, ou le role du petit au gros dg sans touche au leader race maudit combien d aaistant opere chez le prive dans ces horraire de travail et son paTRO TCHE LES RENCON QU ELLE PATRON ALLEZ VOIR JUSTE H M SANS QUE JE PARLE DES GENS ET DES SERVICE C EST UN TRES GRAND MALHEUR QUI NOUS A AFFECTE

ASALAM, JE SUIS ALGERIEN ET JE SUIS TRES CONCERNE

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Farid Hassan

Je n'ai pas tout lu. Tout simplement parce que je n'ai pas le temps. Nous sommes tous contre la reconduction de la marionnete Bouteflika et nous sommes tous contre ce système parrainé par les généraux. Oui mais comment les déloger ? Comment réussir à s'en débarrasser d'eux et à établir un vrai pacte démocratique ? C'est vrai on accable le peuple, mais parmi toute la mouvance démocratique l'Algérie en 20 ans depuis Octobre 1988, n'a pas réussi à produire un mouvement ou des hommes capables de catalyser la volonté de ce peuple qui ne cherche qu'à vivre comme tous les autres peuples qui eux vivent dans de pays démocratiques, avec de vraies élections présidentielles, de vrais parlements, et de vrais représentants qui ont été élus pour servir ce peuple.

La question que l'on doit se poser est la suivante :Où sont ces dirigeants? Où sont ces catalyseurs? Où sont ces personnes qui se sacrifiés pour comme l'ont les dirigenats du FLN durant la guerre de révolution et qui ont poussé ce peuple à la révolté. J'ai beau chercher. Je n'ai pas trouvé. La quasi -majorité de ces dirigeants qui ont réussi à sortir de l'ombre se sont couchés devant les généraux et devant les privilèges. Khalida Messaoudi pour ne citer qu'elle et qui vient de traiter le matin, de Blog dont le combat est le même que le Gia en est la parfaite illustration ! Nous avons vu comment ces soit disant hommes d'opposition ont abandonné toute lutte pour courir derrière les privilèges des postes et des strapontins toute honte bue. Nous ne pouvons plus laisser le couvercle sur le puits. Ou sont ces dirigeants ? Où sont ces journalistes dont la majorité a tourné le dos à leur collègue Benchicou quand il a été emprisonné. La quasi-majorité de ces pseudo-partis sont des complices de ce pouvoir. Même le syndicat et nous voyons comme ce petit Sidi-Said se comporte devant ces commanditaires qui lui dicte les directives qu'il doit appliquer. Ou sont ces hommes ?

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