TV nationale : un cinquantenaire de vaches maigres

La Télévision nationale n'avait rien d'original pour la commémoration du Cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie. A défaut d'un discours à la Nation, Bouteflika a brillé par son absence dans les médias nationaux...
La télévision algérienne, faut-il le noter, n’a pas eu le ton euphorique, frisant la schizophrénie, avec lequel elle célèbre les fêtes nationales et religieuses. Mieux, parmi les différents invités, les acteurs de la guerre de libération ayant participé à des retransmissions en direct des différentes régions du pays, au côté de jeunes citoyens, ont paru visiblement fatigués de ressasser à l’envi les mêmes faits de guerre.
Mais, si ce ton semblait être mesuré dans des bulletins d’information insipides, le discours politique consacré à la gloire de Bouteflika s’est par contre versé dans un panégyrique entièrement consacré à son règne au point que les quelques réalisations économiques depuis 1962 lui ont été attribuées par des chiffres ronds du type: 5 millions de logements construits depuis l’indépendance, ne vantant que les grandes infrastructures comme l’autoroute est-Ouest, le métro et le tramway, l’acquisition de nouveaux matériels de guerre par l’ANP. Etrangement, les récentes réformes, la tenue des élections législatives à la veille du Cinquantenaire n’ont pas été évoquées.
Sur fond d’images d’archives saturées sur la guerre de libération et les spectacles d’animation artistique en direct du 5 juillet, avec une brève apparition de Takfarinas, les JT se sont évertués à soutenir que le cinquantième anniversaire de l’indépendance doit tout à la concorde civile de Bouteflika. Ni l’appel du 1er Novembre, ni le Congrès de la Soummam, ni même les Accords d’Evian ne peuvent rivaliser de contenu, de sens, d’historicité quant au devenir de l’Algérie avec la politique de la réconciliation nationale, insistant ainsi sur «la paix» retrouvée. Mais, là aussi, il y a eu comme une note de désenchantement dans cette langue de bois qui passait mal. Car, à la liesse attendue dans les rues, il n’y en eu point ; au spectacle des feux d’artifice reporté pour retard de Bouteflika, les familles n'ont pas applaudi, elles s’en sont retournées chez elles, déçues ; à la ferveur innocente de ces Algériennes et Algériens des "archives" du 5 juillet 1962 a contrasté, visiblement, une indifférence remarquable des Algériennes et des Algériens du 5 juillet 2012 ; à la diatribe menaçante d’un Bouteflika de 1999, c’est le silence, le mutisme, et la dérobade d’un Président qui, incapable d'honorer une date d'une telle importance, s’achète une gloire préfabriquée dans des espaces publicitaires des médias étrangers. Alors, il fallait combler le vide sidéral des programmes commémoratifs par d’anciens reportages consacrés à l’histoire des villes algériennes et laisser se dérouler la monotonie de quelques séries navet, en attendant que ce 50e de l’indépendance de l’Algérie retourne à l’Histoire…
R.M
Commentaires (8) | Réagir ?
Alger est devenue une bourgade ; Dechra comme on dit chez nous, et donc ce "Carnaval fi Dechra" lui va bien, comme un gant même. On a exploité au maximum le sacrifice des martyrs, puis on a "émerveillé" le petit peuple, on lui racontant en images les bienfaits de 50 ans d'indépendance. Bienfaits pour qui Dieu du Ciel ?!
Je suis tombé de très haut lorsque j'ai entendu " ya mouhammed mabrouk aalik oua ldjazair redj3at lik"................................ minable 50 ans après.