50e anniversaire de l'indépendance: du FLN à Al Qaïda

La destruction de Tombouctou, symbole de l'Algérie 2012
La destruction de Tombouctou, symbole de l'Algérie 2012

Cinquante après son indépendance, l'Algérie de Bouteflika, a opéré la métamorphose kafkaïenne, passant du FLN rédempteur à l'organisation d'Al Qaïda au Maghreb Islamique destructrice.

Encore une aubaine pour le pouvoir de Bouteflika : mettre l’Algérie réelle, celle qui souffre de tout, de faim, de terrorisme, de Hogra, d’impunités, de corruption en veilleuse, lui tordre le cou s’il le faut, la piétiner encore davantage, et, pavoiser sur une autre Algérie, virtuelle, «commémorative» mais vidée elle aussi de sa mémoire, réduite, 50 ans après sa naissance à une indépendance forcée à la prostitution, à des feux d’artifice, à une comédie musicale de mauvais aloi, à un folklorisme désuet.

C’est par une Comédie musicale grandeur nature, montée par des dramaturges libanais que Bouteflika lancera le grand bal du 50 e anniversaire de l’indépendance à partir du complexe olympique du 5 juillet. Les retransmissions en direct des chaines de télévision de l’Unique pour n’avoir aucun fait palpable sous la dent se perdent dans des discours oiseux, insipides, pétaradant d’un patriotisme cathodique dit sur un ton qui laisse croire que le débarquement des troupes coloniales française à Sidi Ferruch, le déclenchement de la guerre de Libération, c’était hier et que la victoire du parti de Bouteflika, le FLN aux législatives de 2012 est une consécration du recouvrement de l’indépendance ! Et, puis, le soir-même de cette journée commémorative qui se veut surtout à la gloire de Bouteflika, des feux d’artifice, des pétards, comme aux jours fêtant la naissance du Prophète, "illumineront" le Ciel d’Algérie, ses wilayas, ses rues désespérément vides et ses villages qui ont appris à se cadenasser au crépuscule de crainte d’une attaque terroriste d’Al Qaïda au Maghreb islamique ! Il n’y aura pas de défilé militaire. L’ANP a fort affaire, comme son ancêtre, l’ALN aux maquis de 54, contre les maquis terroristes du «front intérieur» et à ses frontières, consacrées hier aux jours de l’indépendance, devenues, 50 ans après, des passoires, des passages à gué de contrebandiers, d’«émirs» de groupes terroristes affiliés à Al Qaïda.

L’Algérie entre dans ce 50e anniversaire de son indépendance « historique » chargée de commémorations d’assassinats «fratricides», en parricides, matricides, commis durant ce dernier quart de siècle. La liste est longue et, au risque d’oublier ces martyrs  de la post-indépendance, des Khemisti, Krim, Boudiaf, des Djaout, des Matoub, des Boucebsi, des Liabès, des Hasni, des…deux cent mille morts et autant de disparus, des cent trente jeunes kabyle tués à bout portant, autant ne pas la dérouler au fronton de ce demi-siècle de charniers. Il y a les martyrs de la guerre d’indépendance, il y a aussi les martyrs de la démocratie et de la liberté. Mais quelle différence pour le pouvoir qui s’en réclame, se légitime de leurs «mémoires», se nourrit de leur charniers, érige de pauvres stèles et ne tarit pas en éloges funèbres, démagogiques, suintant d’hypocrisie.

Oui, une aubaine, ce cinquantenaire, ce chétif cinquantenaire, accueilli, fêté, inscrit, enveloppé par Bouteflika dans ce qu’il considère, comme la proclamation de son règne : la charte pour la Paix et la réconciliation nationale, un projet, un texte qui injurie l’appel du 1er Novembre, les résolutions du congrès de la Soummam, les assises de Yakouren au Printemps 80, la plateforme d’El Kseur. Le septième anniversaire de sa promulgation, soumis sous la terreur de ceux que cette « loi » amnistie, sera sans doute, pour Bouteflika, plus important, marquant pour son règne, que ne l’est, présentement, le demi-siècle d’indépendance. Car, pour lui, les Hattab, Zouabri, Belmokhtar, Abassi et autres «émirs» du GIA comptent plus pour «son Algérie» que les Abane, Krim, Boudiaf, Matoub, Hasni…

Est-ce un hasard, si, à quelques jours du cinquantenaire, il déroule le tapis rouge aux terroristes d’Ansar Eddine qui détruisent les mausolées de Tombouctou comme ceux du GIA, couvés, choyés par lui, qui profanent les tombes des martyrs de la guerre de libération. Les images de ces terroristes détruisant à la pioche, avec acharnement, les mausolées de Tombouctou, sous le regard impuissant des habitants démunis, ont fait le tour du monde mais elles sont si communes au 50e de l’indépendance de l’Algérie qui, elle aussi, a vécu et vit encore de telles destructions préméditées par le pouvoir, l’islamisme politique et ses bras armés. Dès l’indépendance du pays, n’a-t-on pas détruit, avec la même hargne, la même haine, les fermes coloniales, arraché les vignes, détruit à coup de pioche les églises, les synagogues, organisé des autodafés aux ouvrages qualifiés de «coloniaux», ouvert les canaux de la télévision officielle aux fanatiques d’El Azhar ? Bouteflika n’a-t-il pas été élu par les destructeurs de la République, par les «pirates illuminés» destructeurs de Tombouctou et d’Alger –La-Blanche ?

50 ans après, c’est un pays exsangue, livré en pâture aux prédateurs,  aux couteaux des GIA, qui se réduit à cette pauvre «comédie musicale», à ces feux d’artifice de la contrebande. On apprend même que la «duperie» prendra une année. Le prochain Salon du livre d’Alger, en Octobre, sera tenu sous cette "enseigne" des vaches maigres en matière de production littéraire, que la Bibliothèque nationale d’Algéer, réduite à un pauvre cyber-café sera de la partie et que tous les médias de l’Unique seront mobilisés pour cette "farce". Et ce ramadhan aura, aussi, un "jeûn" particulier : la ferveur s’érigera en police des mœurs islamiques rendues encore plus répressives d’autant que la grande mosquée de Bouteflika dont les travaux ont été plus rapides que le métro et tramway d’Alger aura la bénédiction d’être inaugurée à la faveur de ce 50e anniversaire sous les clameurs des imams. Une année durant laquelle l’Algérie réelle sera réprimée au nom, toujours, des constantes nationales, durant laquelle la faune de la «famille révolutionnaire», des FLN toute engeance confondue, caciques, redresseurs, châtieurs, barbouzes, se rempliront les poches, acclameront Bouteflika, partiront en guerre contre la France colonisatrice le temps d’une commémoration, n’hésitant pas à s’offrir des palaces dans les quartiers huppés de Paris, acclameront la charte pour la Paix et la Réconciliation nationale, la concorde civile, la grâce amnistiante et accueilleront en héros nationaux les  terroristes d’Al Qaïda revenus des ruines de Tombouctou…

Le 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie est à l’image même de cette ville mythique outragée par les protégés de Bouteflika…

R.N

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Commentaires (3) | Réagir ?

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Ahmed K

@ Ali Mansouri

Alors monsieur le fier Algerien (si toutefois tu es vraiment Algerien car je doute de plus en plus que tu ne sois qu'un pauvre bougre Polizarien qui séme la haine entre les deux peuples fréres pour gagner sa croute chez les autres) , c'est encore les Marocains qui ont causés ce desastre dont parle sans etat d'âme cet article à l'Algerie et aux Algeriens ou est ce pure calomnie de fabrication Marocaine ???

Excusez chers lecteurs mes réactions, mais ce Ali insulte et accable dans cet honorable site, le Maroc et les Marocains d'une façon ehontée, indigne et si méchante que je n'ai jamais vu ailleurs et m'etonne que la moderation du site laisse passer des commentaires d'une telle bassesse cultivant haine et racisme.

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Aghioul Amchoum

On parle de l´indépendance or je suis en prison et colonisé depuis ma naissance:

1-Je n´ai pas le droit d´être non musulman même si par définition et héridité je suis un libre penseur, un athée.

2-Ma langue, mon histoire, mon identite, ma culture sont un crime aux yeux de l´islam et des Arabes.

3-Au lieu de rentrer chez eux au Yémen, ces Arabes me dictent leur primitivité (islam) au quotidien.

4-Je n´ai pas le droit d´aimer (en cachette, oui), de faire l´amour ou d´être sodomisé si je suis homo.

5-Je n´ai pas le droit de manger bien, de travailler, ... bref de vivre.

Cessons d´être hypocrite alors et regardons la vérité en face: on est en prison sans aucun droit. On est colonisé à tous les niveaux.

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