"La parfumeuse" dans la presse algérienne : Un article d'Algérie News

Le roman "La parfumeuse" de Mohamed Benchicou sort aujourd'hui 3 juillet à Alger (pour la presse) et demain 4 juillet pour le public. La presse algérienne en parle déjà.
Mme Messali Hadj en toute romance !
Pour ce cinquantenaire de l'Indépendance, Mohamed Benchicou sera présent en librairies non pas avec un pamphlet contre tous ceux qui ont fait de ces cinquante ans une prolongation de peine, mais avec un roman d'une étonnante saveur. «La Parfumeuse» est l'histoire romancée mais si profondément vraie d'une femme oubliée de l'Histoire, Emilie Busquant : l'anarchiste qui rêvait d'une libération radicale des peuples soumis et qui trouva, dans la nuit parisienne, l'homme par qui l'espoir devait arriver.
C'est alors l'histoire d'une passion sanglante qui se trame au fil des pages, à travers un récit à la première personne d'une femme paraplégique racontant son incroyable destin à son chat et à sa voisine italienne. L'auteur souligne, dans une note au lecteur : «Les faits historiques rapportés dans ce livre sont réels ainsi que le parcours strictement militant d'Emilie. Seuls quelques épisodes de sa vie ont été romancés. La quasi totalité des personnages ont existé.»
Comme dans tout roman historique, l'écrivain, tout en étant fidèle aux vérités établies et incontestables, s'immisce dans les brèches restées non élucidées pour choisir la thèse qui convient à son propos. Ainsi, dans «La Parfumeuse», Emilie Busquant est la mère du drapeau algérien, elle l'aurait cousu en 1937 après une vive discussion avec son compagnon Messali Hadj, de retour d'une AG de l'Etoile nord-africaine.
Le jeune militant aspirait à l'égalité entre indigènes et citoyens français ; elle, elle ne demandait rien de moins que l'indépendance de l'Algérie ! Pour «faire exister la Nation», elle aura l'idée d'un emblème qui n'apparaîtra cependant que six ans plus tard, en 1934. Bien sûr, cette histoire n'a jamais fait l'objet d'un consensus, ni d'ailleurs le statut de militante d'Emilie, prodigieusement occultée, voire oubliée, par l'Histoire officielle.
Cette femme, issue d'une famille ouvrière lorraine et dont les aïeux ont été fusillés lors de la Commune de Paris en 1871, ne pouvait donc que succomber au charme d'un jeune Algérien, ayant comme elle raté son enfance, et qui fermentait à 25 ans les bourgeons de la révolte contre l'injustice coloniale.
Elle, qui voulait ressembler à Coco Chanel, se trouvera très vite dans la «cuisine» d'un parti dissident, à rédiger des tracts, tisser un drapeau, préparer des repas pour les militants incarcérés,...
Cette patrie «l'aura tuée comme elle l'aura séduite» car, la «roumia» sera évincée du PPA alors que son mari était en prison ; elle finira sa vie sur une chaise roulante, rédigeant ses mémoires et parlant à son chat !
Dans un style narratif assez classique, gorgé d'aller-retour entre le présent (1953, l'année de sa mort) et le passé (les années folles du combat et de l'amour), Mohamed Benchicou aborde subtilement plusieurs problématiques à travers le parcours d'Emilie. La condition de la femme y tient une place importante, notamment par le biais du conservatisme anecdotique qui marquait le Paris des années 1920, mais aussi une certaine misogynie qui prédominait au sein même du PPA : «La postérité est une affaire d'hommes, presque jamais de femmes !»
Cela nous rappelle surtout qu'hormis quelques-unes, les femmes ayant combattu le colonisateur ont été non seulement oubliées mais aussi trahies par ce qu'allait devenir l'Etat indépendant dont les lois consacraient la misogynie et l'infériorisation du «sexe faible». La filtration de l'Histoire est également mise en cause dans ce roman qui déterre un personnage passionné et passionnant si injustement enseveli par le récit officiel. Enfin, on a l'occasion de découvrir Messali sous un autre jour : cet homme austère et dégageant une aura de patriarche nous est présenté comme un garçon amoureux, timide et fébrile.
«La Parfumeuse» est à la fois violent et doux, revendicatif sans en donner l'air, douloureux et extatique ; il se vêtit d'un étendard multicolore où l'amour devient indissociable de la soif de liberté et où la vérité est toujours subjective. On retiendra, malgré quelques longueurs et redon-dances, un aspect esthétique irrésistible distillé dans des figures de style et des envolées lyriques très savoureuses. On se souviendra surtout de cette belle phrase d'Emilie, interrogée sur com- ment elle imaginait l'indépendance :
«Je l'imaginais aussi insolente qu'un mollet de femme… ou une toile de Chagall… ou une cuite avec Henri Miller à La Coupole !»
Sarah Haidar, Algerie News (Alger)
«La Parfumeuse. La vie occultée de Mme Messali Hadj»
Editions Koukou
En librairies, le 4 juillet 2012
650 DA
Commentaires (1) | Réagir ?
50 ans apres indepandance algerie, nous sommes gouvernes par des grands voyous tels que bouteflika et son clan oudjda