Sans cesser pourtant …d’y croire

Désenchantement social et intellectuel.
Désenchantement social et intellectuel.

J’exprime ce que j’observe, ce que je ressens et ce qu’éventuellement ressentent beaucoup d’autres.

Nous sommes tels des orphelins esseulés, errant dans les ruelles délabrées d’Algérie, en ayant perdu confiance les uns envers les autres, fuyant l’agressivité permanente des plus méchants, des sans-pitiés. La foi de bâtir une grande nation s’étant dissipée au fil des décennies barbares dont pourtant la majorité d’entre nous n’y était pas du tout responsable : si je n’ai commis nul crime puni par la loi, des millions d’autres de mes compatriotes n’ont égratigné personne, vivants hébétés devant, hier, la folie des gouvernants face à ceux qui les contestaient par les armes. Ils nous avaient pris, nous le peuple, en otages. Et le résultat de tout cela est cette perte de foi, comme celle enchanteresse des lendemains de "l’indépendance" de 1962 lorsque nos aînés s’étaient libérés par les armes des griffes de la quatrième puissance du monde.

Il n’y a plus de solidarité entre nous tous ; ce qui me laisse vide dans mon nouvel égoïsme. Et que je me sens bizarrement bien, de ne rien devoir aux gens !

Et souvent, je me souviens nostalgique d'avant, il y a de cela des années, du temps de mon enfance, de mon adolescence, et de l’espoir d’ascension sociale, où il y avait l’existence et beaucoup de joies : mes parents m’avaient fait roi en me construisant simplement un toit immérité. J’avais pourtant tant grogné, crié contre eux lorsque j’ai succombé malgré moi défaillant sans jamais plus me relever, à l’image aujourd’hui de mon pays du tiers-monde qui …avait lui aussi longtemps cru.

Et aujourd’hui, au fil du temps, je m’en veux moins en constatant que des milliers de c... qui ont gagné la partie, gagnent énormément, sans rien créer, sans rien faire si ce n’est piétiner nos droits les plus élémentaires.

S’ils avaient planifié à l’époque quelque chose, dans les ministères de souveraineté, nos supers citoyens, l’échec aujourd’hui est patent : le pays est dans l’impasse, invivable à la majorité de sous-citoyens que nous sommes devenus. Si pour quelques millions d’entre nous, la faim est éradiquée, l’impression de vivre sans libertés dans une grande prison, demeure permanente. Et malgré l’effort de nos belles courageuses, il n’y a nul goût à la vie, à l’amour. Nous avons pris douloureusement, effacés, conscience de cette nullité qu’ils nous ont collée et qu’on s’est aussi collé. Et l’on se murmure, que la terre appartiendra toujours aux dominants d’hier et d’aujourd’hui ; que nous sommes dépendants d’eux, encore pour beaucoup de temps.

Leur a-t-il fallu être autant barbare pour qu’ils les laissent, pour qu’ils nous laissent de nouveau quelques peu en paix pour quelques temps ? Cette impression douloureuse m’habite le plus souvent…

De Boghni, Amokrane Nourdine

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Laid Belbachir

Cette amertume, même justifiée, ne nous fait pas progresser!Certes, le constat est sans appel, mais

faut-il pour autant se résigner et courber l'échine? Non, cher ami! J'ai 68 ans et depuis l'indépendance, j'ai vu, j'ai vécu bien des situations mais même si je n'ai pas pu influer sur le cours des évènements, j'ai gardé et persiste à garder la foi en un avenir meilleur!Alors, relève la tête et"Mout WA9EF, YA ALI"! (je suis pourtant un "mout-9a3ed"-lire"retraîté")

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Rachid DZ DZ

On a été colonisé pendant 132 ans mais le peuple avait la liberté de penser, le probleme de la 2eme colonisation de 1962 à ce jour, le peuple algerie n'a pas le droit ni de penser ni d'avoir une liberté de conscience à part de se mettre à genoux devant les idées moyen-ageuses importées de l'arabie saoudite wahabbite ennemi du monde libre. Il n'y a qu'a vous promener dans toutes les villes d'algerie on se croirait en afghanistan avec les hauts parleurs qui hurlent à nous crever les tympans de lefjer jusqu'à l'a3icha.

Quand j'étais enfant, sous tous les toits des églises à chaque printemps les hirondelles que les algeriens appelaient "tem rabtine" annoncaient le printemps en faisant leurs nids.

Depuis qu'elles ont était transformés en mosquée avec ces hauts parleurs, ces hirondelles blanche et noire ont toutes disparu.

Même les oiseaux n'ont peuvent plus. Que dire de l'algerien lambda