Égypte : l'islamiste Mohamed Morsi veut rassurer femmes et chrétiens

Equation difficile à résoudre en Egypte pour les Révolutionnaires d'Al Tahrir
Equation difficile à résoudre en Egypte pour les Révolutionnaires d'Al Tahrir

Le candidat des Frères musulmans à la présidentielle égyptienne a évoqué ses "frères chrétiens", mardi. Et les révolutionnaires ne veulent pas entendre parler du retour d'Ahmed Chafiq.

Le candidat des Frères musulmans à la présidentielle égyptienne a cherché mardi à rassurer les chrétiens et les femmes face à une possible victoire d'un islamiste dans cette élection, marquée par ailleurs par l'attaque, la veille, du QG de son rival, Ahmad Chafiq. "Nos frères chrétiens, pour le dire très clairement, sont des partenaires nationaux et ont des droits complets, comme les musulmans", a déclaré Mohammed Morsi en direction de l'électorat copte (6 à 10 % de la population). Les chrétiens d'Égypte, largement favorables à Ahmad Chafiq, musulman mais de culture politique laïque, redoutent de voir les discriminations dont ils se plaignent renforcées en cas de victoire d'un islamiste.

Le candidat des Frères a aussi promis de "ne pas imposer aux femmes de porter le hijab", ou voile islamique, une revendication des femmes coptes mais aussi d'une minorité de musulmanes. Lundi soir, la campagne a pris un tour violent avec la mise à sac du QG d'Ahmad Chafiq, le dernier Premier ministre du président déchu Hosni Moubarak, faisant redouter d'autres tensions à l'approche du second tour de la présidentielle, les 16 et 17 juin. Le Premier ministre Kamal al-Ganzouri doit présider prochainement une réunion des gouverneurs du pays "pour discuter des moyens d'assurer la sécurité du second tour", a indiqué mardi le site internet du quotidien gouvernemental al-Ahram.

L'intérieur de la villa où siège l'équipe de campagne d'Ahmad Chafiq a été totalement saccagé, avec des meubles, des vitres, des portes ou encore des ordinateurs brisés, selon un journaliste de l'AFP sur place. Un petit garage extérieur utilisé comme entrepôt pour des tracts et des affiches du candidat a quant à lui été incendié.

Manifestations à Tahrir

"Les locaux vont être remis en état et Ahmad Chafiq va continuer de les utiliser pour mener sa campagne", a indiqué un de ses partisans, Ahmed Abdel Ghani. Les partisans du candidat accusent ses adversaires islamistes et issus des groupes de jeunes qui ont mené l'an dernier la révolte contre M. Moubarak d'être derrière cette attaque. Une partie de la presse s'interrogeait toutefois sur les circonstances et le mobile de cette opération contre des locaux visiblement mal protégés malgré leur caractère sensible. "Cet incendie suscite des interrogations, et certains se demandent si M. Chafiq ne pourrait pas en profiter pour augmenter sa popularité", écrivait le quotidien indépendant al-Chourouq en parlant d'une attaque "entourée de mystères".

Des heurts ont aussi opposé un court instant dans la soirée de lundi un millier de manifestants anti-Chafiq et des individus en civil sur la place Tahrir, site emblématique de la révolte contre Hosni Moubarak début 2011. La presse égyptienne redoutait de voir le second tour entre un islamiste conservateur et un ancien du régime Moubarak issu de l'appareil militaire se traduire par de nouvelles tensions. "Dès l'annonce des résultats (du premier tour), les manifestations ont éclaté à Tahrir contre le pouvoir du guide (des Frères musulmans) et celui de l'armée", écrivait le quotidien indépendant al-Masri al-Yom. "Le deuxième tour Morsi-Chafiq attise le feu de la colère", relevait pour sa part al-Chourouq.

Cette élection présidentielle historique, la première depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, s'était jusque-là déroulée sans incident majeur lors du premier tour, les 23 et 24 mai, et dans les jours suivants. Les deux candidats cherchent depuis plusieurs jours à élargir leur base électorale, notamment auprès des jeunes et des libéraux, en jurant fidélité aux idéaux de la "révolution" de 2011 et en promettant de gouverner au nom de tous les Égyptiens. L'armée, qui dirige le pays depuis la chute de l'ancien président, doit céder le pouvoir aux civils avant la fin juin, une fois le nouveau chef de l'État élu.

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