Cnisel : "L’élection a perdu sa crédibilité"

Mohamed Seddiki.
Mohamed Seddiki.

Le site TSA a révélé hier mardi les termes du rapport de la Commission nationale indépendante de surveillance des élections législatives (Cnisel) sur l’élection législative du 10 mai.

Même si la commission avait fort à faire avec les 150 saisines qui lui sont arrivées, son rapport final sur l'élection législative du 10 mai arrive trop tard. Il ne changera rien à la donne que tout Algérien connaît déjà. Quoique avance la Cnisel, les 462 nouveaux élus de l’assemblée nationale siègent depuis samedi au palais Zirout Youcef. Tout le monde est dos au mur. On accepte le fait accompli du pouvoir, la mort dans l'âme. Pourtant, la Cnisel a conclu d’une plume cinglante. A une fraude avérée. Aucune institution n'est épargnée par le rapport : les administrations, le président lui-même qui a appelé dans un appel presque apocalyptique à voter FLN, la toute puissante armée, etc. A lire les conclusions du  rapport de la Cnisel, tous les étages du pouvoir se sont mis dans la fraude pour faire gagner le FLN. 

"L’élection législative du 10 mai 2012 a perdu sa crédibilité au vu des transgressions et des dépassements enregistrés durant toutes les étapes qui ont accompagné l’organisation du scrutin", écrit-elle. Que dire de plus après une telle affirmation ? Quel crédibilité à l’actuelle assemblée quand on sait que ses résultats sont remis en cause par la commission décidée, choisie et installée par le président him self ? Pas grand-chose, à part qu’encore une fois le pouvoir aura choisi à la place des Algériens des députés offshore, loin des préoccupations quotidiennes des citoyens. 

On sait l’animosité qu’il y avait entre le ministre de l’intérieur et le président de la commission dite Seddiki. Et en l’espère ce dernier le lui a bien rendu dans le rapport. Les observations de la commission de surveillance des élections sont effectivement implacables. Jugez-en :

"Les résultats du FLN ont été gonflés dans les régions militaires, recours abusif aux procurations, estimées à des milliers, délivrées par les autorités militaires sans le respect des dispositions prévues dans la loi électorale, non conformité de certains PV délivrés aux partis politiques avec ceux remis aux commissions de wilaya", etc. présidées par des magistrats, l’inventaire n’est pas fini. Mais on s’arrête là. A l’arrivée, on a un FLN qui rafle 208 sièges sur 462, un RND avec 68 députés et l’alliance verte 50 sièges. Nous revoilà dans la configuration chère au président, celle de 2007. Une majorité écrasante pour l’ancienne alliance présidentielle. Et un changement dans la continuité. 

Yacine K.

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Commentaires (10) | Réagir ?

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mstfa yazid

Je ne crois pas que le rapport accablant de cette commission restera sans effet.

Sur le plan interieur, tous les gouvernements qui se sont constitués ne pourront se targuer de decider au nom de la majorité des algeriens. Leurs actes seraient faibles parce qu'ils devront prendre en consideration l'impopularité du législatif et de l'executif et les reactions de rejet de la population.

Cette faiblesse du legislatif et de l'executif qui en sera issu, aurait pu profiter au Président qui serait alors l'instance d'appel des algeriens. Malheureusement, l'intelligence de Mr Bouteflika et de ses "associés" semblent n'avoir pas joué dans la confection de cette architecture diabolique : en se jetant dans la mêlée, le Président a non seulement failli à sa fonction mais pire encore, il a mis tout son crédit et toute sa réputation déjà entamés par l'aventure de sa revision de la constitution.

Sur le plan exterieur, la faiblesse des institutions jouera beaucoup dans les rapports que le regime algerien va avoir la communauté internationale qui, cela est devenu une regle, répugne à dialoguer et négocier avec des regimes issus de malversations electorales.

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Guel Dring

Cela nous rappelle ce groupe de jeunes qui a été "intronisé" par l'unique TV et qui promettaient de ne pas participer à ces élections. La plupart ont compris que c'était une manœuvre risquée du pouvoir pour sonder le peuple. Parce que pour "accuser" le président d'avoir enfreint la loi électorale par son intervention du 08 Mai, il faut le faire. Dans ces moments fades, incertains, que nous vivons, c'est un plaisir à déguster sans retenue. A lire et relire en s'écrasant les yeux pour se convaincre qu'il y a bien eu remontrance au président pour un fait qui n'honore en rien les résultats déclarés. Alors, quand le rapport écorche le ministre de l'intérieur pour avoir annoncé les résultats alors que la phase de dépouillement n'était pas encore terminée. Il n'y a qu'un jeu très dangereux auquel se livre le pouvoir à ce train là : c'est la roulette russe.

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