Elections algériennes : bagatelles pour une mascarade

Abdelaziz Bouteflika
Abdelaziz Bouteflika

J’emprunte, en jouant sur le dernier mot, le titre du fameux libelle de l’écrivain Céline, dont je n’ai ni le talent, ni la hardiesse du propos, et comme de bien entendu ne poursuivant pas le même but. Mais mon petit-fils, espiègle à la manière des harraga de l’an 12, me faisait remarquer que dans mascarade, il y a mascara et honni qui mal y pense.

De delà à conclure que le sieur en charge des dernières élections, mascarien d’adoption, est pour quelque chose dans la dernière mascara-de, c’est lui prêter une importance qu’il n’a pas : les principaux rôles ont été distribués bien avant. Celui de "chambite" (garde-champêtre de l’ancien temps) lui va comme un gant. Ceci amène mon propos sur les législatives de cette année qui ont fait couler beaucoup d’encre …

Certains y ont vu le bourrage des urnes (ce qui est parfaitement vrai) ; d’autres, plus ou trop informés me semble-t-il, une volonté de fragilisation de Bouteflika par le DRS, comme si le généralissime Mediene n’était pas son principal associé dans la S.A, au capital de 205 milliards de dollars, dont ils sont les seuls usufruitiers advitam aeternam.

Mais au fait, où en sont-ils avec les fameuses et fumeuses enquêtes (Sonatrach et autoroute) diligentées par les services "sur ordre" de sa fakhamatou momifiée ? Ali Benhadj, avec sa coutumière âpreté du verbe, a eu ce bon mot à l’endroit de Bouteflika qui, avec son "tab jnana", veut nous anesthésier pour deux autres longues décennies : "Tayabtou jnab chaab" ! Mais là n’est pas le propos, poursuivons donc avec la mascarade..

On nous dit également que c’est suite à l’appel de Bouteflika que 1.324.363 d’électeurs ont voté FLN et 524.057 pour son siamois. Les autres milliers de voix ont été répartis entre les larbins de service et des services.

Pour ma part, j’y vois au moins deux révélations :

La première : un indice irréfragable de toutes les mascarades précédentes. Les résultats des législatives de 2012 confirment, à posteriori, les suffrages obtenus par Bouteflika lors des présidentielles de 2009 et par extrapolation statistique celles de 2004 et 1999. Autrement dit, avec 7 à 9% d’électeurs, Bouteflika squatte une présidence à vie. Et l’on nous dit qu’il va réformer ! A mon sens, c’est plutôt le réformateur qui a besoin d’être réformé, à défaut d’être carrément voué aux gémonies. On aurait dû commencer par-là !

De cette présidence, il en a fait une annexe des pompes funèbres avec ces enterrements à répétition qui font plus glousser. Mais comme disait sidna Issa, laissons les morts enterrer les morts !

La seconde révélation est le résultat par wilaya : il illustre à lui seul comment l’ANP a été contrainte, bien malgré elle peut -être, de voter pour le FLN et le RND. Les villes où le FLN a eu la plupart des sièges sont, comme par hasard, celles dite villes de casernement. Ceci expliquant cela !

L’anecdote qui suit m’a été rapportée par un jeune ami, bidasse à la fin des années soixante-dix. Cela coïncidait avec la première élection de Chadli, qui, souvenons-nous, n’avait pas de challenger. Le jour de l’élection, mon ami fut enchanté d’entendre un vieux commissaire politique d’alors haranguer les jeunes appelés sur le droit de choisir (il n’y avait que deux bulletins : oui et non) en toute liberté le futur président. Mais une fois dans le bureau de vote, notre ami fut carrément sidéré de voir qu’en fait de choix, la hiérarchie de la caserne avait décidé de ne remettre aux "votants" que les bulletins "oui". Désappointé par tant de fausseté, l’ingénu déchira le "oui", mit dans l’urne une enveloppe vide, et se jura de ne plus se faire reprendre.

Djilali Derder

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Commentaires (5) | Réagir ?

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Guel Dring

En fait de Mascara, on comprend pourquoi le bateau Algérie n'a pas pu à se jour atteindre la rade, parce qu'entièrement groggy ou dirigé par des timoniers saouls.

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Khalida targui

ici on ne peut même pas se souler avec la fermeture des bars

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