Appel au respect de la liberté d’expression, artistique et culturelle en Algérie

Khalida Toumi, ministre de la Culture.
Khalida Toumi, ministre de la Culture.

Depuis maintenant plusieurs années, le secteur culturel en Algérie souffre de la main mise hégémoniste d’une seule autorité qui étouffe la création, s’approprie l’ensemble des espaces d’expression artistique et verrouille le champ de l’action culturelle : le ministère de la Culture.

Institutionnalisation des évènements artistiques, restriction de l’obtention des visas d’exploitation pour les films cinématographiques et des licences d’organisateurs de spectacles, politique de patronage et de cartes d’invitation, sont autant d’actions entreprises par ce ministère qui a façonné, en une dizaine d’années, une vraie politique publique restrictive qui tue toute action indépendante.

Sans aucune politique culturelle et doté d’un budget très important, ce ministère, au lieu de jouer son rôle de régulation du secteur et de soutien aux activités entreprises par les associations culturelles, est devenu une vraie machine d’exclusion et de répression intellectuelle qui a généré une "culture officielle" dans laquelle le citoyen algérien ne se reconnaît pas.

Encore plus dangereux, depuis quelques mois, le ministère de la Culture n’hésite plus à menacer et intimider directement tout citoyen porteur d’une action qui n’est pas "approuvée" par lui. Rien qu’au mois dernier, plusieurs exemples peuvent être cités : intimidations contre les initiateurs du projet de la politique culturelle en Algérie, menaces contre la journaliste qui a publié un dossier sur le scandale de la rénovation du patrimoine sur le quotidien El Fadjr, etc.

Nous, intellectuels Algériens, journalistes, activistes culturels, artistes et écrivains…, pour la plupart jeunes, tirons la sonnette d’alarme, et demandons le ministère en question de lever immédiatement sa main sur le secteur de la culture, et laisser les acteurs culturels artistiques indépendants d’entreprendre leurs propres projets en toute liberté.

Nous exhortons par ailleurs, les organisations internationales, auprès desquelles l’Algérie s’est engagée à respecter le droit de la libre expression et d’action artistique et culturelle des citoyens, d’engager les mesures nécessaires pour pousser le ministère de la Culture de desserrer l’étau sur les forces de création en Algérie.

Ammar Kessab (expert en politiques culturelles)
Saïd Khatibi (écrivain et journaliste)

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Commentaires (10) | Réagir ?

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ali Foughali

Ceux qui ont le privilège de savoir ont le devoir d’agir.

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ali Foughali

Je demande officiellement devant vous tous et devant le Bon Dieu à Kalida Toumi de nous donner le programme des festiviités du 50eme anniversaire de notre "indépendance". A mons que les avertissements de Juppé soient sagement bien entendus.

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