Les combats se rapprochent de Damas, cinq morts dans l'explosion d'une bombe aujourd'hui

La révolte ne faiblit pas malgré la féroce répression militaire.
La révolte ne faiblit pas malgré la féroce répression militaire.

Cinq personnes ont été tuées mardi à Damas dans l'explosion d'une bombe dans le quartier de Qaboun, alors que de violents combats opposaient des déserteurs à l'armée dans la province d'Idleb, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

L'ONG, basée en Grande-Bretagne, n'a pas donné d'autres précisions sur cette attaque survenue avant l'aube dans la capitale syrienne. Mais elle a fait état d'autres explosions entendues dans la nuit dans plusieurs régions du pays, dont les villes de Hama (centre), Idleb (nord-ouest), Lattaquié (nord-ouest), Alep (nord) et la ville côtière de Banias. Les forces du régime ont dans le même temps mené des perquisitions dans le quartier de Barzé à Damas et la région d'al-Bassatine, en banlieue, arrêtant des dizaines de personnes, a précisé l'ONG.

Dans la province d'Idleb, de violents combats avaient lieu entre soldats et insurgés dans la localité de Kafroumé, l'armée utilisant l'artillerie lourde, a-t-elle poursuivi, sans fournir de bilan dans l'immédiat. Des manifestations hostiles au régime de Bachar Al-Assad ont par ailleurs eu lieu à Alep (nord), deuxième ville du pays, alors qu'une personne a été tuée par des tirs dans la ville de Deraa (sud), a dit l'OSDH.

Lundi : un bilan très lourd

Près de 40 personnes ont péri lundi dans les violences en Syrie, dont 22 soldats tués par des rebelles, le patron de l'ONU Ban Ki-moon parlant de "moment critique" pour une solution pacifique en Syrie et réitérant sa crainte d'une guerre civile généralisée.  Les combats se sont intensifiés près de Damas et dans les régions d'Alep et d'Idleb (nord-ouest), faisant, selon une ONG syrienne, 22 morts parmi les militaires et 11 parmi les insurgés, malgré la présence d'observateurs de l'ONU chargés de surveiller un cessez-le-feu théorique proclamé le 12 avril. 

Des chars, des blindés et des transports de troupes ont en outre été détruits dans ces combats. Cinq civils ont été tués dans les bombardements et les raids de l'armée contre des bastions rebelles notamment à Hama (centre), a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). De plus, les craintes d'un débordement au Liban voisin de la crise en Syrie augmentent, après des affrontements à Beyrouth (deux morts) entre partisans et adversaires du régime de Bachar al-Assad qui réprime dans le sang une révolte populaire militarisée au fil des mois.

Le Liban, sous tutelle syrienne pendant 30 ans, reste divisé entre pro et anti-Assad. L'opposition libanaise a accusé Damas de vouloir semer le chaos au pays du Cèdre pour détourner l'attention du conflit en Syrie, où des milliers de personnes ont péri depuis l'éclatement de la révolte en mars 2011.

M. Ban a dit, en marge du sommet de l'Otan à Chicago, "que nous étions à un moment critique dans la recherche d'une solution pacifique de la crise, qu'il restait extrêmement préoccupé des risques d'une guerre civile généralisée en Syrie et était inquiet de la flambée de violence au Liban", selon son porte-parole.

De son côté, Catherine Ashton, le chef de la diplomatie de l'Union européenne, s'est dite "profondément préoccupée" par les violences au Liban, et a déclaré suivre "de près les événements", indique un communiqué. Les quelque 270 observateurs déployés par l'ONU en Syrie ont été jusqu'à présent incapables de faire respecter la trêve préconisée par le plan de paix de l'émissaire international Kofi Annan et quotidiennement violée.

Ce plan, appuyé par le Conseil de sécurité, a été pourtant accepté par le pouvoir syrien qui, refusant de reconnaître la contestation, assure combattre des "terroristes armés par l'étranger". L'ONU a accusé tant le régime que la rébellion, qui se rejettent la responsabilité, de la poursuite des violences. La veille, une explosion s'était produite à Douma, près de Damas, sans faire de blessé à quelques mètres du convoi du chef des observateurs de l'ONU, Robert Mood, et du secrétaire général adjoint de l'ONU pour les opérations de paix, Hervé Ladsous.

Lors d'une conférence de presse lundi, M. Ladsous a dit que les observateurs seraient bientôt déployés dans 10 villes mais souligné la "nécessité que les violences cessent" même "si elles ont diminué". Selon lui, "la vie s'est arrêtée dans certains régions, les gens ont peur de sortir de crainte qu'on ne leur tire dessus" et les services de base "comme l'électricité, l'eau, et le ramassage des ordures manquent".

M. Ladsous a ajouté que la mission discutait toujours avec les autorités des moyens d'avoir accès aux détenus dans les prisons, qui seraient au nombre de 25.000 selon l'OSDH.

"Toute tentative de militariser la crise davantage n'est pas acceptable. C'est une crise entre Syriens et il n'y a pas de justification à attiser le feu par les armes et l'argent", a-t-il dit en soulignant que c'était aux Syriens eux-mêmes de trouver la solution.

Le responsable onusien a dit espérer un succès de la mission avant l'expiration de son mandat le 21 juillet. Malgré la poursuite des violences, le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a répété que l'alliance atlantique "n'a pas l'intention d'intervenir" en Syrie, même si elle est "très inquiète de la situation".

Il a affirmé le soutien de l'organisation au plan Annan prévoyant outre un cessez-le-feu, l'ouverture d'un dialogue politique, un accès humanitaire dans tout le pays et la libération de prisonniers. Selon l'OSDH, plus de 12.000 personnes ont péri en Syrie depuis mars 2011, en majorité des civils tués par les forces gouvernementales. Enfin, M. Assad a convoqué jeudi le nouveau Parlement, élu le 7 mai à l'issue d'un scrutin organisé sur fond de violence et boycotté par l'opposition.

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