Syrie : la guerre civile s'installe après une année de violences aveugles

Les observateurs de l'Onu n'ont aucune prise sur les événements en Syrie.
Les observateurs de l'Onu n'ont aucune prise sur les événements en Syrie.

Une voiture piégée a explosé samedi dans la ville de Deir al Zor, dans l'est de la Syrie, rapportent la télévision d'Etat et un groupe de l'opposition sans fournir de bilan.

L'information diffusée par la télévision publique fait état de blessés mais sans autres précisions. L'Observatoire syrien des droits de l'homme indique de son côté que l'explosion s'est produite à proximité des bureaux des services du renseignement militaire et qu'elle a été suivie par d'importantes fusillades.

Vendredi, les forces de sécurité syriennes ont tiré des gaz lacrymogènes et des munitions réelles vendredi à Alep pour disperser une manifestation décrite par des militants comme la plusgrande observée dans cette ville du nord de la Syrie depuis le début de la révolte contre le régime de Bachar el-Assad.

"Soulèvement" populaire à Alep

Selon un militant basé sur place, Alep a connu vendredi sa plus grande manifestation depuis le début du soulèvement. Selon lui, plus de 10.000 personnes ont manifesté dans les seuls quartiers de Salaheddine et al-Shaar, et des milliers d'autres ont manifesté dans d'autres quartiers de la ville. Il a précisé que plusieurs personnes ont été blessées lorsque les forces gouvernementales ont tiré des gaz lacrymogènes et des munitions réelles pour disperser la foule.

Le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé à Londres, Rami Abdul-Rahman, estime que la manifestation montre qu'un "véritable soulèvement se produit à Alep ces jours-ci". Jeudi, quelque 15.000 étudiants avaient déjà manifesté devant l'université d'Alep en présence d'observateurs de l'ONU avant que les forces de sécurité ne dispersent le rassemblement.

Des milliers de Syriens ont également manifesté vendredi dans d'autres villes. Selon des militants de l'opposition, les forces de sécurité ont ouvert le feu dans la banlieue de Damas et à Hama (centre) pour disperser des manifestants. Des militants ont également fait état du bombardement par les forces gouvernementales de la ville de Rastan (centre), contrôlée par les rebelles depuis janvier. Les Comités locaux de coordination et l'OSDH ont rapporté que la ville était bombardée vendredi matin. Des vidéos diffusées sur Internet par des militants montrent une épaisse fumée dans certains quartiers de Rastan. Ce bombardement entre dans le cadre de l'offensive lancée par le régime depuis plusieurs jours pour reprendre la ville.

Les chances de voir le dialogue s'installer s'éloigne désormais du ciel syrien. La mission onusienne constate chaque jour les dégât sans pouvoir agir. Toutes les promesses d'arrêt de la violence du pouvoir se sont avérées de purs mensonges. Al Assad continue, croit-il de gagner du temps mais enfonce chaque jour un peu plus le pays dans la guerre civile.

Le général norvégien Robert Mood, chef de la Mission des Nations unies de supervision en Syrie, a souligné vendredi que les observateurs de l'ONU ne pouvaient mettre fin à eux seul aux violences dans le pays. Les observateurs sont actuellement 200 et, selon la résolution 2043 votée le 21 avril à l'unanimité par le Conseil de sécurité de l'ONU, l'UNSMIS doit comporter "jusqu'à 300 observateurs militaires non armés, ainsi qu'une composante civile appropriée".

Mais l'UNSMIS ne parviendra pas à elle seule à "un arrêt permanent de la violence sans engagement véritable" de toutes les parties concernées "à donner une chance au dialogue", a déclaré le général Mood au cours d'une conférence de presse à Damas.

Le cessez-le-feu entré en vigueur le 12 avril dans le cadre du plan Annan de sortie de crise est largement ignoré. "Nous condamnons dans les termes les plus vigoureux la violence sous toutes ses formes de toutes les parties" prenantes, a déclaré à Genève Ahmad Fawzi, porte-parole de l'émissaire spécial des Nations unies et de la Ligue arabe Kofi Annan. La crise en Syrie a fait plus de 9.000 morts depuis le début du soulèvement à la mi-mars 2011, selon un bilan avancé par l'ONU en mars. Plusieurs centaines de personnes supplémentaires ont été tuées depuis. 

Avec Agences

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