Syrie : les législatives dénoncées à l'étranger

L'armée tient d'une main de fer les villes syriennes.
L'armée tient d'une main de fer les villes syriennes.

Kofi Annan doit évaluer mardi devant le Conseil de sécurité de l'ONU l'application en Syrie de son plan de sortie de crise, au lendemain de législatives tenues sur fond de violences, boycottées par l'opposition et dénoncées par la communauté internationale.

Quelques heures avant l'exposé de M. Annan, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a estimé que le monde était désormais "engagé dans une course contre la montre pour éviter une véritable guerre civile" en Syrie. Affirmant avoir perdu "tout espoir", le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a de son côté estimé que l'ONU avait "besoin de 1.000, 2.000, peut-être 3.000 observateurs, soit une mission majeure en mesure de visiter le pays tout entier et de voir ce qui s'y passe".

Le compte-rendu de M. Annan, basé notamment sur les rapports de la trentaine d'observateurs déjà sur le terrain, intervient au lendemain d'élections dénoncées par M. Ban en raison de leur tenue sur fond de "violence". "Seul un dialogue large et sans exclusive peut mener à un véritable avenir démocratique en Syrie", a affirmé son porte-parole Martin Nesirky. "Il est essentiel qu'il y ait un arrêt de la violence (...) et que des mesures soient prises pour appliquer le plan" Annan, a-t-il ajouté.

Vendredi, le porte-parole de M. Annan avait estimé que ce plan était "sur les rails". Pourtant, plus de 800 personnes ont péri depuis l'annonce le 12 avril du cessez-le-feu qu'il prévoyait, selon un bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Mardi, six civils ont à nouveau été tués dans les provinces d'Idleb (nord-ouest) et de Homs (centre), ainsi qu'à Damas, selon l'OSDH. En outre, l'armée bombardait Qalaat al-Madiq dans la région de Hama (centre) et le Krak des Chevaliers, dans la province voisine de Homs, selon des militants.

La veille, jour de scrutin en Syrie, l'OSDH a recensé 25 morts dans des violences à travers le pays. Le scrutin a été dénoncé par la France comme une "farce sinistre", tandis que les Etats-Unis ont estimé qu'"organiser des élections législatives dans ce genre d'atmosphère frise le ridicule".

Pékin, qui soutient Damas, a espéré que le scrutin aiderait "à promouvoir le processus de réformes", alors que l'Iran, dont Bachar al-Assad est un allié stratégique dans la région, a salué ce vote. L'opposition a dénoncé des tentatives du régime d'acquérir une légitimité via un scrutin "absurde". La presse syrienne, officielle ou proche du régime, s'est de son côté félicitée de ces élections, dont le taux de participation atteint, selon le quotidien Al-Watan, environ 60% "malgré les menaces et les opérations terroristes".

Le régime, ne reconnaissant pas l'ampleur de la contestation qui secoue le pays depuis le 15 mars 2011, attribue les violences à des "bandes terroristes". Selon l'agence officielle Sana, deux bureaux de vote à Damas vont revoter mardi après des fraudes. Les résultats des législatives seront annoncés lorsque la commission électorale aura reçu les résultats de tous les gouvernorats, ajoute Sana.

La répression et les combats en Syrie ont fait près de 12.000 morts, en majorité des civils, selon l'OSDH et poussé à l'exil plus de 65.000 Syriens selon l'ONU, sans compter les dizaines de milliers de détenus.

Le Comité International de la Croix Rouge (CICR) a appelé à augmenter de 20 millions d'euros le financement de ses opérations en Syrie. En outre, après de "très très longues discussions" avec Damas, il aura accès la semaine prochaine à la prison d'Alep (nord) après avoir visité celle de Damas en septembre. De son côté, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui aide les réfugiés syriens dans le nord de l'Irak, a fait état de l'arrivée récente de 98 familles. Au total, 4.200 réfugiés se trouvent dans le nord de l'Irak.

Sur le plan économique, les sanctions européennes et américaines sur le pétrole syrien ont fait perdre au pays près de trois milliards de dollars, selon le ministre du Pétrole Soufiane Allaou. A l'étranger, le Parlement roumain a approuvé trois traités entre Bucarest et Damas sur l'extradition, le transfert des condamnés et la lutte contre le crime organisé, une décision critiquée au vu de la répression.

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