France (2e tour de la présidentielle) : Hollande en grand favori

François Hollande, candidat du PS à la présidentielle française.
François Hollande, candidat du PS à la présidentielle française.

La France aura, aujourd'hui, un nouveau président de la République si l'on en croit les sondages du scrutin présidentiel qui ont toujours donné François Hollande comme le grand gagnant. A midi, le taux de participation était de 30,66%. 4 points moins que 2007.

Il faudrait, en effet, un extraordinaire concours de circonstances pour que la balance penche vers le candidat sortant, Nicolas Sarkozy. Les supporters de ce dernier font valoir que les sondages peuvent se tromper, indiquant qu'ils l'avaient fait lors du premier tour de cette élection où ils avaient minimisé le score de Marine Le Pen et donné un taux d'abstentionnistes record.

Or, la candidate de l'extrême droite était non seulement arrivée en 3e position mais avait obtenu près de 18% des voix, soit plus de 6 millions d'électeurs alors que ceux qui avaient appelé à ne pas voter avaient représenté 20% de l'électorat. Il n'en reste pas moins que dans les faits, jamais un candidat donné perdant à deux jours du scrutin a pu renverser la vapeur le jour J. Nicolas Sarkozy, crédité de 47% des voix contre 53% à son adversaire n'est plus qu'à un doigt de céder la présidence de la République française à son adversaire.

Vaincu dès le premier tour, le candidat sortant aura mené sa campagne d'entre les deux tours sur des thèmes qui ne cadrent pas tout à fait avec les valeurs de sa famille politique. Certains membres de la droite n’ont pas hésité à faire montre d'une certaine gêne face aux propos de Nicolas Sarkozy visant à charmer les électeurs du Front national. Sous l'influence de son conseiller Patrick Buisson, ex-directeur de l'hebdomadaire d'extrême droite Minute et transfuge du Front national, le président sortant n'a eu de cesse de faire du pied aux Français qui avaient donné leur préférence à Marine Le Pen le 22 avril dernier. Cette manière d'agir a été raillée par cette dernière pour qui une défaite de Sarkozy arrangerait les desseins. En clair, dans sa volonté effrénée de rallier les électeurs de Marine Le Pen, Sarkozy aura été durant cette campagne le meilleur porte-parole de l'extrême droite.

Du reste, Marine Le Pen a renvoyé dos à dos les deux candidats du second tour mais elle a toujours plus marqué son hostilité contre le président sortant qu'envers son adversaire. C'est que, forte de son score électoral du premier tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen se place en prévision des législatives qui auront lieu les 10 et 17 juin prochain. Les 18% de la candidate de l'extrême droite représentent, selon les estimations, plus de 14% des inscrits.

Cela lui donne un argument de poids pour les législatives où elle se donne qualifiée au second tour, dans 357 des 577 circonscriptions. Mais des spécialistes donnent une estimation d'au moins 120 circonscriptions où un candidat du FN viendrait se mêler à la bataille du second tour des législatives. Soit de quoi mettre un gros caillou dans la chaussure des candidats de l'UMP, ceux du camp de Sarkozy, eux, qui cherchent des voix dans le camp du parti d'extrême droite.

Ce dernier a donc mené campagne sur des thèmes hautement appréciés par les électeurs du Front national comme l'immigration, l'insécurité ou la préférence nationale, diabolisant le risque de "l'émergence d'un vote communautaire" comme il se plaît à le répéter s'agissant du droit de vote aux étrangers lors des élections locales. Un droit que son adversaire défend. Il ne s'est, également, pas gêné d'attaquer son adversaire l'accusant de vouloir mener la France vers un avenir incertain.

Cette propension à cultiver la méfiance envers les étrangers, notamment ceux de confession musulmane et à jouer sur la peur, ne lui a pas servi si l'on en croit les derniers sondages qui donnent tous un avantage confortable à Hollande. Ce dernier s'est même retrouvé avec un allié de poids en la personne du représentant du courant de centre-droit, François Bayrou.

Hollande, la stature d’un président

Le patron du Modem avait cultivé le flou au sujet de sa prise de position. Il avait indiqué qu'il ne se prononcerait qu'après avoir entendu les deux candidats lors du débat entre les deux tours. Jeudi dernier, il a fait savoir qu'il ne donnerait pas de consigne de vote à ses électeurs mais que "personnellement (je) voterai François Hollande", car il avait trouvé le discours du candidat-sortant loin des valeurs de son courant politique.

Crédité de plus de 9% des voix lors du premier tour, l'électorat de Bayrou était courtisé beaucoup plus par Sarkozy que par son adversaire car le candidat-sortant trouvait naturel que le Modem étant du centre-droit finisse par se rallier à la droite. Avant que Bayrou ne se prononce, les estimations indiquaient qu'un tiers de l'électorat du Modem allait voter Sarkozy au 2e tour, un tiers opterait pour Hollande alors que le dernier tiers voterait blanc.

Avec le positionnement de son chef de file, derrière le candidat socialiste, il est sûr que cette proportion va nettement pencher en faveur de Hollande. En tout cas, ce dernier s'est avéré un candidat bien plus habile qu'on ne croyait au tout début lorsqu'il s'était lancé dans cette élection.

Vainqueur dans son propre camp de la primaire socialiste, il s'est, par la suite, manifesté comme quelqu'un qui a la stature d'un président. La manière dont il s'est comporté mercredi dernier lors du débat face à son adversaire est venue lever tous les doutes à ce sujet. Hollande est vraiment prêt pour gouverner la France. Le résultat du scrutin d'aujourd'hui devrait, sauf grande surprise, confirmer cet état de fait.

Iris Samy

Lire aussi : Financement libyen de la campagne de Sarkozy en 2007 : la Tunisie le savait

Plus d'articles de : L'actu en Algérie et ailleurs

Commentaires (1) | Réagir ?

avatar
Brahim Arbat

La situation sociopolitique actuelle du point de vue d'une analyse dépassionnée va donner ce soir lieu à un coup de théâtre. La pensée traditionnelle de gauche en France est déjà une vielle histoire, depuis les dirigeants de ce parti n'ont, si l'on se rappelle, jamais déconseillé à Dominique Strauss- Kahn de prendre la tête du Fonds monétaire. Le réflexe "gauchiste" de nos jours n'a de sens que par rapport à la déflagration des pouvoirs d'achat qui a mis en avant dans le premier tour François Hollande, réussissant un bon coup de bluff dû essentiellement à la crise économique mondiale. Les "socialistes" ont fait le nécessairement suffisant pour la coller sur le dos de la droite classique; maintenant si les électeurs du Front national ont compris l'entreprise du chef d'accusation, ils porteront encore une fois Sarkozy à la victoire. Ce qu'ils feront probablement aujourd'hui. De justesse, mais ils donneront un coup de main au plus proche de leur idèologie.