Lorsque j'ai parlé de fous et de pédés, par exemple, je disais justement que ces parties de populations n'étaient pas à enfermer à l'isolement. Je voulais tout bêtement dénoncer le sort que l'Algérie, puritaine, mais mille fois salie, sale, réservait à ses marginaux. Je suis moi-même un marginal. Parce que j'écris. J'aimerais que s'arrêtent les procès d'intention que m'intentent systématiquement les intégristes kabyles. Ils ne sont pas plus berbères que moi. Nous sommes nés sur la même terre. Nous avons été nourris à la même sève. D’où vient, alors cette vindicte ? Qui sont ces gens qui veulent m'apprendre que, quelles que soient ses conneries, Idir serait excusable ? Parce que tout un peuple l'aurait élevé au rang de légende. Stop ! On arrête avec Idir. Idir m'a porté à bout de bras, lorsque exilé, paumé, fauché, il fallait trouver quelqu'un. Idir est un homme de solidarité. Son cœur et sa générosité peuvent-ils faire de moi son obligé ? Non.

Je suis irrémédiablement perdu pour la cause des fatmas. Le colonialisme a fait son temps. Restent ceux qui aiment les rognons et ce qui va avec. Je n'en suis pas un.

J'appelle le peuple kabyle à me honnir ! Qu'il m'explique ce que vient de commettre un autre grand symbole : Takfarinas. Qui a donc poussé Ahcène, c'est ainsi que l'appellent ses amis, dont je faisais partie à ce jour, à appeler les Algériens à voter aux législatives du 10 mai ? Il chante, Tak. Il chante bien. Il chante même mieux que tout le monde dans notre pauvre paysage culturel. Alors, qui ? Pourquoi se fourvoie-t-il dans des élucubrations politiciennes minables. Le pouvoir qui siège en Algérie, militaire d'abord, a-t-il une once de crédibilité ?

Takfarinas a commis un gros caca. A lui de l'essuyer ! En termes normaux, cela s'appelle un suicide. Je n'ai surtout pas envie d'insulter cet énorme créateur, je suis juste triste. D'autres berbéristes tombés avec la dernière grêle vont encore m'écrire pour m'expliquer d'où viennent mes ancêtres. Je n'en ai que faire. Je viens d'Alger. Je suis un rural converti en citadin. Je n'ai aucun complexe. Je porte bien ma berberité. Je revendique mon arabité. Je suis musulman même si je ne suis pas pratiquant. Je suis Algérien. Et donc démocrate. Je ne ferai jamais de clip pour appeler les gens à voter pour des députés taïwan.

Meziane Ourad