La Libye interdit la formation de partis religieux

Le président du CNT, Moustapha Abdeljalil
Le président du CNT, Moustapha Abdeljalil

Le Conseil national de transition (CNT) au pouvoir en Libye a annoncé mercredi avoir adopté une nouvelle loi qui interdit les partis politiques fondés sur la religion. Une mesure dénoncée par les Frères musulmans libyens.

L'après Mouammar Kadhafi ne sera pas religieux. Ainsi a décidé le CNT. L'interdiction s'inscrit dans le cadre d'une loi sur les partis destinée à préserver l'"unité nationale", a précisé Mohammed al-Hareizi, porte-parole du CNT. "Les partis ne devraient pas être fondés sur des idéologies ethniques ou religieuses", a-t-il expliqué. "Nous ne voulons pas que le gouvernement soit divisé par ces différences idéologiques." "Une condition essentielle [pour la formation des partis] est qu'ils ne doivent pas être fondés sur des considérations régionales, tribales ou religieuses, qu'ils ne soient pas le prolongement de partis à l'étranger et qu'ils ne soient pas financés par l'étranger", a déclaré un membre du CNT, Moustapha Landi.

Selon un autre membre du CNT, Fathi Baaja, cette loi ne vise pas les islamistes modérés, mais exclut les islamistes radicaux qui "suivent une politique d'exclusion des autres". La loi adoptée exige un minimum de 250 membres fondateurs pour chaque parti créé et une centaine de membres pour toute autre "entité politique", a-t-il ajouté sans autre précision.

Mais les islamistes, comme dans tous les pays ayant connu le vent de la révolte, sont en embuscade. En premier, les Frères musulmans. Mouvement politico-religieux le mieux organisé du pays, il a dénoncé la nouvelle loi. "Ce n'est pas la démocratie", a réagi Mohammed Gaira, porte-parole du parti de la Liberté et du Développement, fondé par les Frères musulmans en début d'année.

"Nous ne comprenons pas cette loi. (...) Elle pourrait ne rien signifier ou elle pourrait signifier qu'aucun de nous ne peut participer aux élections", a-t-il dit. "Nous sommes un parti nationaliste et l'islam est notre religion. Cette loi est inacceptable et ne convient qu'aux libéraux", s'insurge le porte-parole des Frères musulmans.

Cette loi intervient à deux mois d'élections générales qui doivent permettre de désigner une assemblée de 200 membres chargée de rédiger une nouvelle Constitution et de former un gouvernement. Les islamistes, comme la plupart des groupes religieux ou politiques en Libye, ont été réprimés sous l'ancien régime de Mouammar Kadhafi, mais ils comptent bien peser pour décrocher le maximum de sièges, voire gouverner, comme dans les pays voisins.

Sofiane Ayache/agences

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Kacem Madani

Un empastillé qui interdit les partis religieux, c'est une première dans le monde musulman ! Encore un effort, et la laïcité deviendra hallal !