Syrie : la mission de l'ONU prise dans des échanges de tirs à Erbine

Que peut faire cette mission que constater la terrible répression du régime.
Que peut faire cette mission que constater la terrible répression du régime.

En dépit des assurances données, Damas n'applique toujours pas le cessez-le-feu prévu par le plan Annan. Hier encore il y a eu 14 morts.

En Syrie, rien de nouveau. En dépit de la mise en place du plan Annan, des déclarations de Ban Ki-moon et du régime, il y a toujours autant de civils tués dans ce pays. Les nouvelles arrivant de ce pays meurtri par son régime totalitaire se résument désormais à une comptabilité des morts. Sourds à tous les appels à l'ouverture Bachar Al Assad et son clan répriment toutes les manifestations, bombardent les civils et déroulent leur propagande. A ce titre la mission de l'Onu connaîtra inévitablement le même sort que celui des observateurs arabes. Car, tant que la Russie le soutient, il n'y a aucune volonté d'ouverture de la part du régime.

Le cessez-le-feu en Syrie a été une nouvelle fois violé mercredi avec 14 morts dans des violences, notamment des bombardements sur des fiefs rebelles, malgré l'engagement de Damas à appliquer la trêve et à collaborer avec les observateurs chargés de la surveiller. La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, qui s'est déclarée préoccupée par la poursuite des violences, a indiqué que de "nouvelles mesures" seraient prises si le président Bachar el-Assad "gâch(ait) la dernière chance" que représente l'application du plan de l'émissaire international Kofi Annan.

Six jours après l'instauration du cessez-le-feu, des diplomates à l'ONU ont estimé que les conditions pour que les observateurs puissent faire leur travail n'étaient toujours pas remplies, après que les affaires étrangères syriennes ont assuré à l'AFP qu'autorités et observateurs étaient d'accord sur "90%" des points du protocole encadrant cette mission. La résolution adoptée samedi par le Conseil de sécurité de l'ONU exige notamment que le régime laisse circuler sans entrave les observateurs et n'interfère pas dans leurs communications. La cessation des hostilités est également une condition préalable, mais elle n'était pas respectée sur le terrain, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui a recensé 14 morts. Le plan Annan vise à mettre fin à la répression de la révolte entamée il y a 13 mois et qui s'est militarisée au fil du temps. Les violences ont fait plus de 11 100 morts, en grande majorité des civils tués par les troupes du régime, selon l'OSDH.

Les observateurs au coeur des violences

En visite à Pékin, le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem a promis que la Syrie continuerait à "respecter et mettre en oeuvre le plan" de paix de Kofi Annan, notamment le cessez-le-feu, selon son homologue chinois Yang Jiechi. Le chef de la délégation des observateurs, le colonel marocain Ahmed Himmiche, a demandé du "temps" et de la "confiance" pour mener à bien sa mission, se refusant à fixer tout délai.

Au troisième jour de leur mission, les observateurs, qui étaient mardi à Deraa (sud), ont effectué mercredi une tournée dans la région de Damas, sur fond de nouvelles violences dans lesquelles 14 personnes, dont 7 civils, ont péri à Deraa, Homs (centre) et Idleb (nord-ouest), selon l'OSDH. À Erbine, à 7 km de la capitale, des tirs ont retenti alors que des centaines de Syriens manifestaient à proximité des observateurs, selon des vidéos mises en ligne par des militants. L'une d'entre elles montre une foule rassemblée autour des deux véhicules siglés des Nations unies de la mission brandissant des pancartes sur lesquelles est écrit "observez attentivement de quelle façon Bachar extermine son peuple". Sur une autre, des tirs sont entendus et des manifestants tentent de se protéger en s'accroupissant derrière les véhicules des observateurs, qui démarrent et quittent les lieux. Huit personnes ont été blessées lors de ces tirs des forces gouvernementales, selon l'OSDH.

Réunion diplomatique à Paris

De son côté, l'agence officielle Sana a fait état d'incidents meurtriers dans la région, qu'elle a attribués à des "groupes terroristes armés". Malgré les assurances de Damas, l'armée n'a pas retiré ses chars des villes, a repris ses bombardements sur des quartiers de Homs qui échappent toujours au contrôle de l'armée et a opéré de nouvelles arrestations, en violation du plan, selon des militants.

À l'étranger, la Maison-Blanche s'est dite "horrifiée" par les nouvelles violences et a estimé qu'elles traduisaient le "manque de sincérité" du régime vis-à-vis du plan Annan alors que la Turquie a exhorté le président Assad à rappeler les chars dans les casernes pour démontrer qu'il appliquait le plan. Kofi Annan, dont l'initiative prévoit aussi un dialogue avec le régime refusé par l'opposition, doit s'adresser au Conseil de sécurité de l'ONU avant la fin de la semaine. Pour tenter de maintenir la pression sur Damas, Paris a invité 14 ministres des Affaires étrangères à une réunion jeudi, selon une source gouvernementale. Hillary Clinton a prévu d'y assister.

Déjà mardi à Paris, une cinquantaine de pays et d'organisations, dont les Européens, les États-Unis, la Ligue arabe et la Turquie, ont exprimé leur "ferme désapprobation (...) de la poursuite des ventes d'armes au régime" syrien, dont Moscou est le principal fournisseur d'armes. Ankara a dit avoir intercepté un cargo soupçonné de transporter des armes vers la Syrie.

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