Rapt d'une Suissesse à Tambouctou et Ansar Eddine veut dialoguer

Du MNLA et d'Ansar Eddine on ne sait plus qui contrôle quoi au nord du Mali.
Du MNLA et d'Ansar Eddine on ne sait plus qui contrôle quoi au nord du Mali.

Une Suissesse a été enlevée dimanche dans le nord du Mali à Tombouctou, ville contrôlée par Ansar Eddine depuis deux semaines. Aucune nouvelle du MNLA.

Les laborieuses discussions entre les anciens putschistes et la classe politique maliennes à Ouagadougou (Burkina Faso) ont débouché sur une déclaration solennelle appelant notamment à l'ouverture "sans délai" de pourparlers avec les groupes armés qui contrôlent le Nord. C’est la première ouverture en vue d’un dialogue sachant qu’une option armée s’avère improbable voire risquée, même si la Cédéao a promis un contingent de 3000 soldats.

D’ors et déjà, le groupe islamiste Ansar Dine, s'est déclaré prêt à la discussion. "Nous sommes disposés à discuter avec les autorités de Bamako. Nous sommes disposés à parler de l'avenir avec Bamako", a déclaré à l'AFP Oumar Ag Mohamed, un proche d'Iyad Ag Ghaly, le chef de ce groupe.

"Nous avons déjà libéré près de 200 prisonniers. Nous allons en libérer d'autres. Entre frères musulmans, on peut arriver à s'entendre. Mais il ne faut pas que les non-musulmans se mêlent de nos problèmes", a indiqué ce proche du chef d'Ansar Dine, en référence aux puissances occidentales. Le groupe d'Iyad Ag Ghaly a libéré samedi 160 militaires maliens faits prisonniers lors des combats lancés en janvier et conclus début avril avec la perte totale du Nord favorisée par le désordre consécutif au coup d'Etat militaire du 22 mars.

Ansar Eddine contre le MNLA

Le Mouvement national de libération de l’Azawad semble avoir perdu l’initiative du terrain et de la communication. Depuis la déclaration d’indépendance, son emprise sur le nord est remise en cause par les opérations du groupe islamiste d’Ansar Edidne.

Ainsi, contrairement au Mouvement de l’Azawad qui revendique l’autonomie du Nord, Ansar Dine n’a qu’une seule revendication (et pas des moindres) l’instauration de la charia au Mali. D'ailleurs il s’est vite déclaré contre la partition du Mali. Donc contre l’indépendance prônée par le MNLA. A ce titre, il impose de plus en plus son ascendant sur les autres mouvements qui tiennent le Nord.

Mieux encore, depuis hier, le groupe salafiste que dirige le Touareg Yad Ag Ghaly s'est par ailleurs déclaré favorable à l'ouverture d'un corridor humanitaire pour acheminer de l'aide aux habitants du Nord, zone coupée du monde, et où manquent vivres et médicaments. Au passage, il a exigé que l’aide soit halal. Cette invitation au dialogue va certainement conforter Bamako. Les deux mouvements qui ont conquis le nord jouent séparéement. Ce qui fera les affaires des nouvelles autorités maliennes et affaiblit par là même cet improbable mouvement rebelle.

Rapt d'une Suissesse

"Béatrice, une ressortissante suisse, a été enlevée dimanche à Tombouctou par des hommes armés", a déclaré à l'AFP Mohamed Ould Hassen, fonctionnaire au gouvernorat de Tombouctou. "J'ai vu six hommes armés embarquer Béatrice ce dimanche, ils ont crié Allah Akbar (Dieu est grand)", a confirmé un habitant de la ville.

Cette femme âgée d'une quarantaine d'années, était une chrétienne très impliquée dans les actions sociales qui vivait depuis longtemps à Tombouctou où elle était la dernière Occidentale encore présente. D'après ces sources, il s'agit d'une missionnaire qui a été enlevée dans le quartier d'Abaradjou où elle séjournait depuis la chute de Tombouctou. Elle parle plusieurs dialectes de la région. "Elle est très connue dans cette ville. Elle déambule dans Tombouctou à pied pour tenter de convertir des habitants (au christianisme)", a précisé à Reuters un riverain ne souhaitant pas donner son nom.

Cette Suissesse avait refusé de quitter la ville après sa chute le 1er avril aux mains du mouvement islamiste Ansar Dine, appuyé par des éléments d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui a des bases dans le Nord-Mali, d'où l'organisation opère dans plusieurs pays du Sahel, y procédant régulièrement à des enlèvements. Celui de la Suissesse porte à 21 le nombre d'otages enlevés au Sahel. Vingt sont retenus par Aqmi et un groupe dissident, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'ouest (Mujao) : treize Occidentaux - dont six Français - et sept diplomates algériens.

Yacine K./Agences

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Commentaires (2) | Réagir ?

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akli ath laarat

Au lieu d'être cohérents avec leurs discours de lutte antiterroriste en aidant la seule puissance à même de nettoyer l'Azawad, le MNLA, de la pourriture terroriste, les puissances régionales et mondiales se sont précipitées à s'opposer à la déclaration d'indépendance de l'Azawad.

Va croire à ce qu'ils raontent, tous ces hypocrites lointains ou du proche voisinage. Les Etats malien et algérien avaient des années et des années pour faire le travail. Ils ne l'ont pas fait. Je dirais qu'ils s'accommodaient parfaitement de cette présence, comme pour le cas de la Kabylie.

Que comprendre alors des discours anti AQMI, anti-machin ? Est ce de l'enfumage pour perdurer le pourrissement dans ces régions ? Il y a bien des raisons valables de le croire.

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saci abdelaziz

Une question se pose quand à cet enlèvement intervenu dans des moments de troubles graves enregistrés dans cette ville livrée à des hordes armées et où régnait une confusion totale entre terroristes d'aqmi, rebelles touaregs et autres groupuscules islamiques armés fraichement apparus dans ce ballet Malien. Dans cette confusion rien n'exclut une opération des services occidentaux à des fins obscures d'intervention et de main mise sur la région avec les conséquances que cela pourrait entrainer pour la destabilisation à grande échelle de tout le sahel. les engeux sécuritaires pourraient s'agraver et prendre une autre dimension qui précipiterait l'Algerie pays visé par des appétits innavoues, dans un conflit non souhaité et difficilement gérable de part l'immensité de ses frontières.