Au Maroc, l'arabisation version islamiste en marche

Le gouvernement mené par Benkirane entend renforcer l'arabisation du Maroc.
Le gouvernement mené par Benkirane entend renforcer l'arabisation du Maroc.

Le nouveau gouvernement islamiste prend exemple avec l'Algérie de Bouteflika qui a introduit les cinq appels à la prière dans la télé.

L'interdiction de la publicité pour les jeux de hasard, l'obligation de diffuser les cinq appels à la prière et une plus grande arabisation des programmes sur les chaînes publiques ont provoqué un coup de tonnerre au Maroc, dirigé depuis janvier par un gouvernement islamiste.

Le ministre de la Communication Mustapha El Khalfi a annoncé l'interdiction de la publicité pour les jeux de hasard et l'obligation pour les chaînes publiques de diffuser les cinq appels quotidiens à la prière en présentant le 31 mars les cahiers de charges des deux chaînes publiques. Contacté par l'AFP, M. El Khalfi a indiqué que l'interdiction des jeux de hasard est conforme à la constitution qui "oblige dans son article 32 l'Etat à protéger les mineurs. C'est qui a été adopté par le CSA en France en mai 2010 et la BBC en mai 20113".

Ces nouvelles mesures, adoptées par la Haute autorité de la Communication et de l'audiovisuel (HACA), et qui doivent entrer en vigueur à partir du 1er mai, suscitent de vives réactions, y compris au sein du gouvernement de l'islamiste Abdelilah Benkirane qui dirige une coalition de partis.

Arabisation tous azimuts

Dans la foulée, M. El Khalfi a annoncé que désormais 80% des émissions de la 1ère chaîne publique seront en langue arabe. "Entre 20% et 25% des des programmes de la 2ème chaîne seront en langue étrangères", ajoute le ministre communication, joint par téléphone.

Dans les milieux francophones, très influents au Maroc, cette décision est considérée comme une victoire des défenseurs de l'arabisation. "C'est un coup d'Etat" dans le secteur de l'audiovisuel, "l'arabisation en marche", écrit en Une le quotidien francophone Le Soir-Echos au lendemain de l'adoption des deux cahiers des charges. Quid du berbère dans ce pays composé de près de 50 % parlent l'amazigh ? Aucune amélioration à l'horizon. Mais il est en tout cas assurément vrai que quand l'arabisation avance c'est la langue amazighe qui recule.

Contacté par l'AFP, le politologue Mohammed Darif estime que "cette arabisation des médias publics traduit aussi une réalité concrète: la domination des chaînes satellitaires arabes, comme Al-Jazeera". "En arabisant les médias, le gouvernement islamiste tente aussi de récupérer les téléspectateurs, pour la plupart arabophones, qui ont déserté les deux chaînes publiques", précise-t-il. "Avant, les Marocains regardaient TV5 (la chaîne francophone, NDLR) pour s'informer. Aujourd'hui, la plupart d'entre eux s'informent grâce à Al-Jazeera", ajoute ce spécialiste des mouvements islamistes.

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