Les gouvernants algériens ont réussi le pari de la misère nationale

Paradoxe de l'Algérie : un pays riche, une population pauvre.
Paradoxe de l'Algérie : un pays riche, une population pauvre.

"La seule chose qui nous console de nos misères est le divertissement et c’est pourtant la plus grande de nos misères." Blaise Pascal

Ce qui se passe actuellement sous les yeux de l’ensemble des citoyens algériens, c’est une sorte d’ambiance partagée par les groupes où la misère donne l’impression de disparaître. Non pas, par quelque prodige, que les gens commencent à s’en sortir mais au contraire parce qu’ils deviennent plus pauvres, presque sans se rendre compte et que des vagues entières le deviennent en même temps qu’eux..

La misère se généralisant, elle devient imperceptible dans sa banalité. Ce n’est pas un complexe de fixation sur un péché mignon, genre se rabaisser à un casse-croûte frites omelette, que vous voyez un médecin sortir à midi se le taper chaque jour que Dieu fait chez les gargotiers avoisinant les alentours de l’hôpital ou le dispensaire. Il ne peut pas se permettre régulièrement une alimentation conséquente que dans son jargon il appelle – et il conseille à ses patients – un "repas équilibré". Son confrère du privé, en revanche, déjeune chez lui et peut même se permettre un roupillon de cent vingt minutes.

La ruse du régime

Mais il ne s’agit pas dans cet exemple de comparer, entre les deux médecins, qui est le plus riche parce que le cabinard mange bien, il possède une maison décente et une jolie et robuste voiture. C’est la ruse du régime qui en est la cause, son dribble impénitent sur la notion des valeurs : ces deux cadres de la nation qui ont souffert le martyre de deux décennies de classe chez Benbouzid et Harraoubia, s’ils se maintiennent loin de la bureaucratique de l’Etat que le discours officiel appelle "politique", déjà fort différents l’un de l’autre dans le niveau de vie, ils demeurent des misérables devant un inculte FLN-RND ou autre roublard islamiste qui a une marque sur le front, proche de la meïda qui répartit la rente gazopétrolière.

La pauvreté généralisée, globale pour rester dans le concept de la mondialisation, a ceci d’extraordinairement non risqué pour les tenants du pouvoir, les décideurs, que, fluide et silencieuse, malgré le vrombissement des véhicules de la Société Générale et de BNP Paribas, rutilant dans les chaussées qui s’asphyxient de jour en jour dans les ruelles de la ville ou de la campagne, elle est vécue, acceptée, biodégradée, sans être frontalement remise en question, à la manière du "sacré" mois de ramadan où tout le monde crève de faim de l’aube au crépuscule le plus normalement du monde sans besoin de rhétorique excepté d’inculper les conditions financières pour bien se rattraper à la rupture du jeûne.

Du coq à l’âne – tant pis – comment peut-on interpréter à un mois de la saloperie électorale que le gouvernement annonce pour l’année prochaine un million et demi de places pédagogiques universitaires alors qu’un repas ordinaire pour un foyer de quatre personnes, qui est loin d’être le calibre sobre de la famille algérienne, ne coûte pas aujourd’hui moins de cinq à sept cents dinars ? Tandis qu’il prévoit avant la fin de l’exercice annuel une flambée des prix des produits alimentaires importés, surtout ceux des semences, la bête noire nationale qui fait qu’un exploitant de patate ou de tomate est un partenaire en affaires avec les gouvernants beaucoup plus important qu’un professeur de biologie moléculaire détaché dans un centre d’études agronomiques.

C’est sous le signe du lâchage général des prix que les décideurs exhortent les citoyens à aller à la consultation. Que les ménages vont devoir se résoudre à la dépense alignée sur le rapport réel du coût alimentaire, par exemple qu’un kilo de pomme de terre se vend entre quatre-vingt centimes d’euro et un euro cinquante dans les étals européens. Sans leur expliquer, en revanche, que les vingt milliards de dollars de l’autoroute Est-Ouest, la même somme bousillée dans le trafic de Chakib Khelil, les sept milliards de véhicules et pièces de rechanges importés en même temps que les dix milliards de produits électroménagers et électroniques, entre autres, durant les quelques dernières années, peuvent être considérer, dans l’ensemble, non comme simple grand délit économique mais comme un crime contre l’humanité.

Dans la mesure collatérale – en vérité dans la démesure – qui régule les relations sociales où les dysfonctionnements à fleur de peau sabotent toutes les motivations locales créatrices de richesses, les villes et les campagnes baissent les bras et se paupérisent. Tous les experts patriotes ne voulant plus revenir sur le fait du salaire minimum garanti en Algérie qui suffit juste à allumer un interrupteur et un bec à gaz pour faire cuire un couscous nu, ils s’intéressent ces derniers temps, en observant cette espèce de léthargie chez les gouvernants incapables de discours d’entendement, le phénomène de la misère apprivoisée. Qui a pour la preuve de vous le prouver quand les passages dans les marchés populaires – même dans les superettes – les marchandises prennent votre place allant traquer votre nourriture.

Un vieux de la vieille qu’on appelle dans le franc parler amazigh, amghar azmni, entrepris un bon matin ensoleillé en train de balayer devant chez-lui sur le sujet des élections, il ne me regarda même pas, sans même aussi le classique : "Eh ! oui…", cette expression solennelle du troisième âge pris au dépourvu d’une existence finissant déçue, il sourit décontracté mais en biais et dit : "La première fois où j’ai voté, c’était à Paris dans le vingtième en juillet 1962, pour l’autodétermination de l’Algérie, alors que j’avais la nationalité française. C’était la dernière fois parce que j’ai tant espéré, mais aujourd’hui ce ne sont pas les pauvres gens qui vont peut-être eux aussi aller imbécilement espérer, qui me gênent mais les Algériens et les Algériennes qui présentent leur candidature qui me font de la peine, parce que eux demain ils seront appelés à leur tour en toute âme et conscience à voter des monstruosités contre ceux qui les auraient élus."

Nadir Bacha

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Commentaires (12) | Réagir ?

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Kamel Briksi

@Chafik Morsli !!!

Tu habites la pricipauté de Hydra (Monaco) ou dans la planete Mars mon frère !!!! Statisquement; il y a 300 millions de véhicules aux USA pour 300 millions d'habitant, 65 millions de voitures en France pour 60 millions d'habitants c'est à dire 100% pour les US et 105% pour les Français. Pour 6 millions de Français; il s'est vendu 2. 6 millions de voitures en 2011 et 228 000 pour 37 millions d'Algériens !!!! Tous les Algériens ont des voitures ? Sur mes 108 cousins paternels et 79 cousins maternels il y a en tout 10 ou 11 qui sont véhiculés, d'ailleurs officielement 19% des Algériens snntt vééhiculés !!! Prends le train de Thenia (poour l'est de la capitale) ou Afroune (pour l'ouest) où mmeee avec les nouvells rames éléctriiquesles gens sont enntassé comme dans un poulaier !!! Je ne pense pas que ceux las les pauvres sont véhiculés !!! Pour des raison professionelles, j'étais tenu de sortire d'Alger à un rayon de 250 km et la honnetement j'ai vu une misère du 3e siècle qui fait pleurer toute âmes consciente et sensible !!!! Sort de la capitale et regarde objectivement comment vivent nos frères et soeures dans des conditions inhumaines !!!!

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djamel rami

Mais c'est la logique meme quand en 1962 des ploucs armés ont écarté des intellectuels pour prendre le pouvoir c'est pour pour se servir et servir leurs amis, tant pis pour le peuple il a l'habitude de la misére, comme quoi on peut tout faire avec des baionnettes sauf..........

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