Présidentielles et législatives : les dagues sont tirées au FLN

Abdelaziz Belkhadem, SG du FLN.
Abdelaziz Belkhadem, SG du FLN.

Il y a décidément quelque chose de pourri dans cet FLN versus post-indépendance. De "coup d’état scientifique" à "la justice de la nuit", ce parti qui se confond totalement avec le pouvoir ne finit pas de connaître des convulsions.

La prise du contrôle de ce parti a commencé par une avanie politique, et depuis elle semble se répéter cycliquement. Ce qui se passe au FLN n’est autre qu’une reproduction des luttes qui se déroulent en arrière-scène des tenants du pouvoir. Abdelhamid Mehri dégommé par une de ces méthodes dont le FLN est une école, Ali Benflis isolé et poussé à la sortie, il y a dix ans par Belkhadem et sa clique pour servir le président. Et voilà que maintenant c’est le même Belkhadem qui essuie une fronde intérieure... par, en partie, des partisans de Benflis. C’est l’arroseur arrosé !

Le prochain coup

En attendant que le peuple vienne ronger les moignons sclérosés de ce parti d’un autre temps, celui-ci fait débat. Donne du grain à moudre à certains, car la prochaine élection ne semble pas passionner outre mesure grand monde. Mais pas seulement, parce qu’on sait pertinemment que quand le FLN éternue, le pouvoir prépare le prochain coup. Car enfin, l’enjeu, il ne faut pas l’oublier, est la présidentielle. Les élections législatives ne sont qu’un prétexte pour écarter un SG devenu encombrant, ambitieux.

Si l’on en croit les dernières informations qui nous arrivent des hauteurs d’Alger, Belkhadem est donc en train de boire le calice jusqu’à la lie. Son heure a sonné, tonnent ses opposants. Les vents du pouvoir qui lui avaient gonflé son qamis ne le portent plus, ils ont changé de direction. Alors forcément, Belkhadem se retrouve au creux de la vague. Lâché !

Les escarmouches ont commencé il y a pas mal de mois déjà. Mais rien de grave jusque-là, car l’équilibre en haut lieu était quoique brinquebalant respecté, mais depuis lundi tout s’emballe. Le mouvement de redressement a réussi à rassembler près de 200 membres du comité central qui se sont retrouvés au siège du parti pour demander la tête d’Abdelaziz Belkhadem. Parmi ces "redresseurs" d’anciens ministres comme Abderachid Boukerzaza, Mohamed Seghir Kara, Abbas Mikhalef, Abdelhamid Si Afif, Boudjemaa Hicheur, etc. Il y avait de nombreux militants réputés proches de l’ancien secrétaire général, Ali Benflis. Est-ce un hasard ? Assurément non. Ce retour en scène est calculé. Ses fantassins lui ont même concocté un site internet (alibenflis2014) en prévision de la présidentielle 2014.

Pour le moment, les contestataires veulent seulement le départ de Belkhadem. Le plus tôt possible. La raison ? La constitution des listes de candidatures. Népotisme, division, influence, les accusations contre l'islamo-conservateur fusent. Fait paradoxal, même si les "redresseurs" contestent les listes, ils comptent les soutenir pendant la campagne électorale. En revanche, ils ne veulent plus de Belkhadem à la tête du parti. Une réunion extraordinaire du comité central est exigée. Abdelaziz Belkhadem leur argue qu'il est le seul à le décider. Dans un sursaut d’orgueil il réplique : "Je les défie de me présenter ne serait-ce que la moitié des signatures des membres du Comité Central, ou de les publier dans les journaux". Dans cette longue déclaration reprise par l’APS, ce qui n’est pas anodin, le SG du FLN a indiqué, avec précision que "seuls 71 membres" étaient présents à ce rassemblement de lundi. Autrement dit, pas de quoi provoquer une tempête. Il estime que la raison de la protestation se trouve dans leur absence dans les listes électorales. "Les membres du comité central en l’occurrence Boudjemaa Haichour a demandé à être candidat à Constantine, Bourzame à Skikda et Abdelhamid Si Afif a demandé à être désigné tête de liste à Mostaganem", balaye-t-il. Même à genoux, le SG du FLN n'est pas totalement à terre. Avant que ne roule sa tête, il faudra nous attendre à bien des changements de veste et autres trahisons de circonstance dans son précarré.

Parti-pouvoir

Des voix se sont élevées à maintes reprises pour dissoudre ce parti qui appartient à l'histoire nationale. Il est vrai que le FLN est ce meuble trop encombrant qui a occupé trop longtemps l'espace et la vie des Algériens, se confondant trop souvent avec les errements du pouvoir. Des moudjahidine de premier plan ont demandé à le mettre au musée, le rendre à l'Algérie entière et son histoire. Mais quel musée capable de contenir in fine ce vestige croulant et craquant de toutes les coutures dont le personnel politique est au pouvoir ce que sont les crocodiles au marigot ?

Yacine K.

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Commentaires (8) | Réagir ?

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ali belkacemi

Je n’y crois pas ! C’est une mise en scène ! Pour moi c’est simple : le FLN version belkhadem ne correspond plus aux projets du DRS, alors il orchestre les choses….. Juste pour préparer les présidentielles. Donc on a besoin d’un personnel ‘’nouveau’’ pour leurrer et encore leurrer les Algériens.

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ali chemlal

Le F L N historique, qui a rassemblé les algeriens, autour d'un seul objectif, l'indépendance nationale, s'est vidé de la majorité de ses vrais militants, a cause de la présence dans ses rangs d'opportunistes et d'affairistes sans vergognes, comme le sieur Belkhadem qui est descendu de nulle part, pour squatter le parti, au profit du clan de Boutef. mais le pouvoir a besoin de marionnettes, sans bases militantes apparentes, pour les utiliser en tant que paravent et monnaie d'échange avec les islamistes.

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