Le Franco-Algérien Adlène Hicheur condamné à six ans de prison ferme

Le frère d'Adlène Hicheur.
Le frère d'Adlène Hicheur.

Le physicien Adlène Hicheur était jugé depuis jeudi et vendredi devant le tribunal correc-tionnel de Paris.

Le tribunal de Paris a requis six ans de prison vendredi contre Adlène Hicheur, le physicien franco-algérien du Cern incarcéré depuis 2 ans et demi sur des soupçons de terrorisme. Un "terroriste en puissance" auquel il "ne manquait plus que la rencontre déterminante" selon le procureur de la République de Paris.

"La stratégie de défense […] est de faire d’Adlène Hicheur un martyr de la lutte antiterroriste", a résumé le procureur du tribunal de Paris, Guillaume Portenseigne mais, a-t-il mis en garde, "je n’ai vu aucun bouc-émissaire de la lutte antiterroriste, aucun complot pour abattre Adlène Hicheur".

Docteur en physique des particules détaché au Centre européen de recherche nucléaire (Cern) de Genève, Adlène Hicheur avait été interpellé en octobre 2009. Les enquêteurs le soupçonnaient d’envisager des attentats en France, après avoir intercepté une série de messages électroniques qu’il avait échangés avec un membre supposé d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Mustapha Debchi.

Le procès est il est vrai tombé dans une période de particulière tension. Une semaine après l’épilogue des tueries de Toulouse et Montauban, le parquetier a refusé tout amalgame et appelé le tribunal correctionnel à "mettre de côté le dossier Merah", du nom du tueur qui a revendiqué les meurtres au nom d’Al Qaïda. "Il serait un peu facile pour moi d’exploiter cette peur", a-t-il reconnu dès le début de son réquisitoire.

Le représentant du ministère public a ensuite engagé le tribunal à "se départir de ses préjugés : qu’un homme brillant ne saurait tomber dans les bras du terrorisme". Car, a-t-il continué, "l’histoire d’Adlène Hicheur se confond avec celle de l’obscurantisme religieux". Ainsi, "il est fier que Mustapha Debchi, terroriste de l’Aqmi, lui propose un attentat-suicide" dans un de ses courriels. "L’intelligence et la mesure ne sont pas forcément les deux faces d’une même pièce…"

35 mails au coeur du dossier

Au coeur de ce dossier : Internet qui, a rappelé le parquetier, "est devenu un formidable outil de relais de la propagande terrorist". "La virtualité des échanges", a prévenu Guillaume Portenseigne, n’est pas "synonyme d’irresponsabilité pénale", comme le prouve la condamnation des pédopornographes. "Nous sommes comptables de nos mots et de nos actes, fussent-ils transmis par une communication électronique."

"On vient d’entendre une charge à la hussarde", a immédiatement réagi l’avocat du prévenu, Me Patrick Baudouin, mais "ce n’est que la suite logique de la tentative de diabolisation entamée depuis son arrestation".

Plus tôt, son client s’était plaint qu’on veuille l’enfermer dans des qualificatifs du type "islamiste" ou "jihadiste". "Je crois que je vais ressortir de ce procès avec la istite aiguë, je n’ai jamais autant entendu de iste", avait ironisé l’enseignant-chercheur, avant de dénoncer une nouvelle fois les méthodes policières, "dégueulasses" à ses yeux.

Toutefois, si le chercheur a multiplié les éclats indignés, il a peiné vendredi à se justifier lorsqu’étaient évoqués certains de ses écrits favorables à la cause jihadiste. La présidente Jacqueline Rebeyrotte a de nouveau évoqué les messages de mars 2009 où Adlène Hicheur évoquait des "objectifs" en France, et notamment le bataillon de chasseurs alpins de Cran-Gévrier, près d’Annecy, qui a envoyé des soldats en Afghanistan.

Jeudi, le chercheur avait affirmé qu’il se souvenait à peine de ces échanges et les avait imputés à sa fragilité physique et psychologique de l’époque. Vendredi, il a de nouveau minimisé ce message. "Il n’y a jamais eu de dévolu sur quoi que ce soit", s’est-il empor-té. La base de Cran-Gévrier, "ça a été cité une fois, dans un contexte bien précis, en lien avec une actualité chaude, mais sans but précis. D’ailleurs, c’est apparu une fois et c’est plus jamais apparu." La décision a été mise en délibéré au 4 mai. Sa défense a estimé que prononcé sa condamnation est une erreur.

LM/Agences

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amar1

La france est souvent condannée par la cour européenne des droits de l homme.

un scandale.

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