Ouverture à Paris du procès pour terrorisme d’Adlène Hicheur

Patrick Baudoin et le frère d'Adlène Hicheur.
Patrick Baudoin et le frère d'Adlène Hicheur.

Ce Franco-Algérien, ancien enseignant-chercheur du CERN (France), est poursuivi pour avoir échangé des mails sur des projets terroristes avec un membre supposé d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

Alors que la polémique de la sanglante affaire de Toulouse n'est pas finie, voilà que le procès d'Adlène Hicheur, un ancien physicien du CERN jugé pour "association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme", s'est ouvert jeudi après-midi devant le tribunal correctionnel de Paris. Ce dossier donnera sans doute du grain à moudre aux commentateurs et autres journalistes en mal d'imagination.

Cet ancien enseignant-chercheur est poursuivi pour avoir échangé des mails sur des projets terroristes avec un membre supposé d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Adlène Hicheur, 35 ans, est incarcéré depuis son arrestation le 8 octobre 2009, alors qu'il s'apprêtait à prendre un vol aller-retour pour l'Algérie où il devait acquérir un terrain. Ce ressortissant franco-algérien était surveillé depuis 2008 par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Il est le seul mis en examen dans ce dossier.

Son avocat, Me Patrick Baudouin, a mis en garde cette semaine contre tout "amalgame" avec l'affaire Mohamed Merah, le tueur présumé de Toulouse et Montauban, insistant sur le fait que "les deux situations (étaient) vraiment totalement différentes". L'ingénieur comparaît détenu, ses demandes de remise en liberté ayant toutes été rejetées depuis deux ans et demi.

En 2009, ce docteur en physique des particules qui travaille alors à l'Ecole polytechnique de Lausanne et est détaché auprès du Centre européen pour la recherche nucléaire (CERN), est immobilisé chez lui à cause d'une hernie discale. Il surfe sur Internet et entre en contact avec Mustapha Debchi, membre supposé d'AQMI. Selon l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, ce dernier lui écrit en février qu'il souhaite mener des opérations kamikaze en France et propose qu'ils soient "tous les deux en tête de liste".

Adlène Hicheur préfère "faire ce qui peut durer même s'il s'agit (de) petits actes", mentionnant cependant l'organisation d'"une opération de martyr sur un objectif vital des ennemis". "J'espère te faire comprendre que je ne suis pas lâche", écrit-il à Debchi. Plus tard, il propose comme cible le 27e bataillon de chasseurs alpins d'Annecy, à Cran-Gevrier.

Qui est ce mystérieux Debchi ?

En juin, son interlocuteur revient à la charge : "Cher frère, on ne va pas tourner autour du pot: est-ce que tu es disposé à travailler dans une unité activant en France?" Adlène Hicheur répond que oui, mais se contente de proposer quelques pistes stratégiques: "Cibler les industries vitales de l'ennemi", comme le groupe pétrolier Total, des "objectifs militaires et politiques pour punir les gouvernements européens" ou encore "exécuter des assassinats ciblés".

Ces propos sont "peut-être certes discutables, contestables, critiquables", reconnaît son avocat, Me Patrick Baudouin. Mais "là, on est vraiment dans le (...) procès d'intention", avait-il déclaré lundi à l'Associated Press, soulignant que son client n'avait jamais "eu le moindre début d'intention d'acte concret pour l'aide ou la préparation d'un acte terroriste".

Adlène Hicheur a reçu de nombreux soutiens qui sont convaincus de son innocence. D’abord la Ligue des droits de l’Homme. Le professeur Jean-Pierre Lees, collègue au CERN, a affirmé à La Tribune de Genève : "Qu’Adlène soit victime d’une erreur, lui coûtant sa carrière, serait ignoble ! Mon intime conviction est qu’il est innocent, même si je n’ai pas de preuve …De nombreux rapports internationaux on attiré l’attention sur l’arbitraire de la législation anti terroriste française, dont les critères sont peu exigeants en matière de preuve lorsqu’il s’agit de décider de l’arrestation de suspects ou de l’ouverture d’une instruction par un juge."

Dans ce contexte pourri par l'affaire du tueur de Toulouse, l'affaire devient encore plus compliquée qu'elle ne l'était. Il faut préciser que ce chercheur est loin d'être la petite frappe de banlieue qu'était Mohamed Merah. Cependant, l'examen du dossier montre de ce point de vue le rôle central joué par un interlocuteur sur Internet du scientifique, Mustapha Debchi. Cet homme, qui serait membre d'Aqmi a, semble-t-il, été arrêté par les autorités algériennes, écrit L'Express. Celles-ci l'auraient interrogé en février 2011. Le procès-verbal reproduisant l'interrogatoire, et transmis à la justice française sous la forme d'une commission rogatoire internationale, "charge" Adlène Hicheur. Mais le parcours, les motivations et même l'identité véritable de Mustapha Debchi restent sujets à caution.

R. N.

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Commentaires (4) | Réagir ?

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amazigh zouvaligh

Pourquoi !diable quand il s'agit de parler de l’Algérie ou de l’algérien, on ne parle que de terrorisme?

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