France : quels liens entre Mohamed Merah et la DCRI ?

Mohamed Merah
Mohamed Merah

Des dizaines de déclarations de ces derniers jours, il apparait clairement que le tueur de Toulouse avait des contacts avec la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) français.

Même tué, Mohamed Merah interroge toujours en France. La dernière polémique concerne ses liens avec la DCRI. On sait que le direction centrale du renseignement français avait interrogé et pisté le tueur de Toulouse. La dernière salve contre la DCRI est venue d’Yves Bonnet, ancien patron de la DST dans les années 1990 qui émettait des doutes sur les liens entre Merah et la DCRI. "Le garçon avait manifestement des relations avec la DCRI comme on l'a appris à travers les déclarations de Bernard Squarcini lui-même. C'est-à-dire qu'il avait un correspondant au Renseignement intérieur. Alors appelez ça 'correspondant', appelez ça 'officier traitant'… je ne sais pas jusqu'où allaient ces relations, voire cette 'collaboration' avec le service, mais on peut effectivement s'interroger sur ce point", a déclaré Bonnet.

Réplique mardi 27 mars le chef de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), Bernard Squarcini : le tueur au scooter Mohamed Merah n'était "ni un indic de la DCRI, ni d'autres services français ou étrangers". Sur la question de savoir si Mohamed Merah pouvait être "un indicateur" - au sens strict - de la DCRI, Yves Bonnet, l’ancien patron de la DST, n'a pas nié. Ni confirmé : "Eh bien voilà… c'est exactement ça le problème. Car ce qui interpelle, quand même, c'est qu'il était connu de la DCRI non pas spécialement parce qu'il était islamiste, mais parce qu'il avait un correspondant au Renseignement intérieur. Or avoir un correspondant ce n'est pas tout à fait innocent"

Bernard Squarcini a expliqué au quotidien du soir français Le Monde le vendredi 23 mars que Merah avait été convoqué en novembre 2011 par la DCRI de Toulouse "parce que nous voulions recueillir des explications sur son voyage en Afghanistan. C'est un entretien administratif sans contrainte, puisque nous n'étions pas dans un cadre judiciaire (...). Des dispositions ont été prises, la DCRI l'a notamment inscrit au fichier des personnes recherchées pour être informé en cas de contrôle et de déplacements".

Dans son interview à La Dépêche, Yves Bonnet est par ailleurs revenu plus largement sur l'enquête, soulignant la faiblesse des moyens de surveillance dont dispose la DCRI, "matériels, mais surtout humains" : "Il ne faut jamais oublier que la surveillance d'une personne nécessite des moyens considérables et qu'aujourd'hui, s'il y a une faille, c'est dans la modicité des moyens de nos services de sécurité"

Yves Bonnet a également pointé le "temps perdu par les juges" en début d’enquête : "On aurait dû dès le départ considérer que c'était un acte terroriste. Tuer des militaires gratuitement est un acte terroriste".

"Guéant n'avait pas intervenir dans l'affaire"

Ses réserves portent enfin sur les effets d’affichage qui ont accompagné l’affaire : "On peut avoir le sentiment que les considérations médiatiques l'ont emporté sur tout le reste". Il dénonce ainsi à la fois le dispositif Vigipirate rouge, dont "en l'occurrence, on aura remarqué [la] parfaite nullité". Et la surprésence médiatique du ministre de l’Intérieur Claude Guéant sur le théâtre des opérations :

"Claude Guéant n'avait absolument pas à communiquer. C'est tout à fait clair. Le ministre de l'Intérieur n'a pas à intervenir dans une affaire qui est entre les mains des juges. Non seulement l'autorité administrative n'a pas à interférer sur l'enquête - je rappelle que M. Guéant, tout ministre qu'il soit, n'est pas officier de police judiciaire - mais il a encore moins à commenter le déroulement de l'enquête".

L.M./nouvelobs

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