Les 50 propositions du FCE supposent de poser le fondement du pouvoir algérien

Les 50 propositions du FCE supposent de poser le fondement du pouvoir algérien

"Lorsque le pouvoir au sommet est atteint d’immoralité, c’est la décadence de toute société", Ibn Khaldoun

La floraison du nombre de partis et de candidats indépendants sans programme économique réel témoigne de la désorganisation de la société algérienne produit d’un processus historique, lié, non à une économie productive,,mais à une distribution passive de la rente depuis l’indépendance politique. Pour les partis au pouvoir FLN-RND- MSP- aucun bilan n’a été réalisé à ce jour. Où es tel bilan de ces Ministres en termes d’impacts et de couts par rapport aux normes internationales, qui veulent de nouveau après plus de 10 ans d’exercice être tête de liste ? Votez pour moi et après nous verrons, telle est la devise dominante. Cela explique que la majorité de la population désabusée, avec cette corruption qui prend une ampleur inégalé depuis l’indépendance politique, voyant toujours les mêmes comme si l’Algérie était stérile, ne croit pus en la politique.

Or, l’essence du blocage du développement en Algérie est systémique et morale puisque les logiques spéculatives rentières l’emportent sur la sphère réelle et le travail. Les politiques bloqués cultuellement, mus par l’unique dépense monétaire pour calmer le front social, via la rente, sont déconnectés tant des mutations internes que mondiales. Toutes les sphères de la vie économique et sociale sont irriguées par la rente des hydrocarbures. Le Forum des chefs d’entreprises vient de rappeler une vérité amère que je dénonce depuis plus de 20 années.

Le fondement du pouvoir : la rente des hydrocarbures

Nous dirons d’abord que l’Algérie n’est pas à l’abri des périls notamment de la crise mondiale notamment à travers une chute des cours des hydrocarbures et également se préoccuper du rendement des réserves de change évaluées à 188 milliards de dollars de réserves de change au 01 janvier 2012 dont plus de 90% à l’étranger tant aux USA (bons de trésor) qu’en Europe (obligations) pays qui connaissent une crise d’endettement avec un retour à l’inflation (3%) qui donne des taux d’intérêt très faibles voir nuls. Il faut le reconnaitre objectivement l’Algérie est dans cette interminable transition depuis 1986, ni économie administrée, ni véritable économie de marché, la rente des hydrocarbures, toujours la rente des hydrocarbures, expliquant les difficultés de la régulation politique, économique et sociale. La plupart des entreprises publiques et privées fonctionnent avec des inputs importés, l’intégration selon des sources récentes du Ministère de l’investissement ne dépassant pas 10/15%, étant une économie totalement rentière et extravertie soumise aux chocs externes. Le constat est que malgré que l’Algérie ayant pompé ente 1962 et 2011 plus de 15 milliards de barils uniquement pour le pétrole soit plus que les réserves actuelles estimées à 12 milliards de barils selon la revue financière Gasoil au 1er janvier 2010 avec 1% des réserves mondiales et récemment avec des coûts supérieurs à la moyenne des grands pays pétroliers est fortement interpellée important 70/75% des besoins des ménages et des entreprises dont 60% en euros et exportant 98% des hydrocarbures en dollars mais à l’état brut ou semi brut.

Par ailleurs plus de 40% des recettes proviennent du gaz conventionnel qui connaît depuis la révolution du gaz non conventionnel aux USA un prix fluctuant entre 4/5 dollars le MBTU, le prix ayant sensiblement augmenté à 7/8 dollars le MBTU en raison de la catastrophe nucléaire au Japon en Asie et en Europe. Or, la rentabilité des canalisations de Medgaz, (Europe via Espagne) Transmed, Galsi accusant un retard, sa réalisation problématique autant selon certains responsables nigériens que le projet Nigal (Nigeria Europe via Algérie), doit être de 9/10 dollars et pour les unités de liquéfaction de GNL plus de 14/15 dollars le million de BTU à dollars contents. L’Algérie n’est pas un pays pétrolier (moins de 15 ans de réserve au rythme et la production actuelle) mais un pays gazier. La durée des réserves est estimée à environ 25 ans avec 4500 milliards de mètres cubes gazeux de réserve tenant compte de la forte consommation intérieure (minimum 50/55 milliards de mètres cubes gazeux entre 2015/2020 du fait du faible prix qui entraine d‘ailleurs un gaspillage des ressources expliquant le déficit de Sonelgaz) et pas seulement des 85 milliards de mètres cubes gazeux d’exportation. Mais la durée de 25 ans pour le gaz sera fonction à la fois coût et du prix international plancher mis en relief précédemment, sinon la durée serait moindre, en cas e hausse des couts et de baisse des prix et qu’il n’y ait pas une nouvelle révolution technologique énergétique, dont les énergies renouvelables, les nanotechnologies, comme cela s’est passé par la substitution des hydrocarbures au charbon. Pour le gaz conventionnel selon le apport de l’AIE de fin décembre 2011 les réserves algériennes représentent moins de 6000 milliards de mètres cubes gazeux (moins que la Libye 8000) soit à peine 25% des réserves des USA et non l‘équivalent comme cela a été annoncé et moins de 18% des réserves chinoises. Et avec un cout plus élevé, la profondeur étant de loin plus élevé que celle des USA, sans compter la non maitrise technologique du forage horizontal, la durée de vie de chaque puits ne dépassant pas en moyenne 5/6 ans et pour un pays semi aride, demandant pour un milliard de mètres cubes gazeux 1 million de mètres cubes d’eau douce sans compter les effets dévastateurs sur l’environnement. Aussi, la rente des hydrocarbures captée surtout à l’amont contrairement à certains pays du Golfe qui ont investi à l’aval, a largement contribué à éponger la dette extérieure, la dette intérieure, des subventions non ciblées afin de comprimer artificiellement l’inflation comme du temps des années 1970, la dominance de la sphère in formelle produit de la bureaucratie, existant des liens dialectiques entre la logique rentière et cette sphère, tant productive mais mineure, de distribution interne et à travers l’import dominante, contrôlant 65% des segments des produits de première nécessité, amplifie l’inflation. Cela entraine un découragement des producteurs locaux, un gaspillage des ressources financières, des fuites hors des frontières et donne des taux de croissance (sur le taux global de croissance hors hydrocarbures officiel de 5/6%, les véritables entreprises autonomes de la rente représentent à peine 20% des taux de chômage fictifs (dominance des emplois rentes improductifs).

Les échelles de valeur marginalisées

Actuellement tous les segments de la société, du fait d’une profonde injustice sociale, (concentration excessive du revenu national au profit d’une minorité rentière) veulent immédiatement leurs parts de rente, quitte à conduire le pays au suicide collectif. Le malaise social qui tend à se généraliser renvoie donc au blocage systémique, n’existant pas une véritable politique salariale qui encourage les véritables producteurs de richesses mais des distributions passives de rente. Cela est liée au manque de cohérence et de visibilité dans la démarche de la politique socio-économique et donc de la réforme globale. Il faut donc poser la problématique essentielle qui relève de la sécurité nationale, comment passer d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures, les deux fondements du développement du XXIème siècle étant la bonne gouvernance dans le cadre des mutations mondiales et surtout la valorisation de la connaissance loin des distributions de rente. La population algérienne est de 36 millions et sera 50 millions sans hydrocarbures dans 25 ans. Il faut partir de la situation antérieure puis évaluer celle d’aujourd’hui. Les lois de finances 2011/2012 font un pari hasardeux sur un cours qui dépasserait les 90/100 dollars en termes réels devant être attentif à l’évolution du cours du dollar. L’Algérie n’a pas trouvé à ce jour la voie de sortie d’une crise multidimensionnelle aigüe. Les problèmes majeurs demeurent, la crise de confiance persiste à l’intérieur et à l’extérieur de l’Algérie, accentuée par les scandales financiers. Pourtant l’Algérie possède d’importantes potentialités pouvant devenir un acteur majeur au sein du bassin euro-méditerranéen et arabo-africain pour peu que l’on abandonne les méthodes périmées des années 1970 tant dans le domaine économique que diplomatique. Nous sommes en 2012 avec de profonds bouleversements géostratégiques horizon 2015/2020. Si l’Algérie investit dans les biens durables et les techniques modernes, ceux-ci doivent s’accompagner par des investissements tout aussi importants dans l’éducation-qualification, la démocratie-liberté et l’environnement-préservation. C’est l’investissement immatériel qui manque aujourd’hui cruellement. Nous pouvons investir autant de milliards de US dans les infrastructures sans connaître de développement voire régresser, On construit une économie d’abord sur la valorisation de la connaissance , ensuite les valeurs morales d’une société (l’éducation civique, le code de l’honneur, le patriotisme authentique, la tolérance, la discipline, la rigueur, la performance, le sens du devoir, l’ordre de mérite, la loyauté, le gout de l’effort, la promotion sociale, la déontologie, la connaissance, le sens de la responsabilité, le challenge, la citoyenneté, l’honneur, la solidarité, la famille, la patrie…). Quand comprendrons-nous que la structure des sociétés modernes et puissantes qui dominent le monde, s’est bâtie d’abord sur des valeurs et une morale. Nous devons impérativement recomposer nos valeurs et nos principes pour reconstruire une société algérienne moderne et ouverte à la culture et au développement économique, technique et social, tout en tenant compte de notre anthropologie culturelle. Dans ce cadre, les actions urgentes pour mener l’Algérie vers une sortie de crise sont de trois ordres. Premièrement, œuvrer pour bâtir une démocratie dynamique assise sur une justice indépendante, compétente et diligente. Deuxièmement, sortir d’un système de gouvernance archaïque pour un système participatif et qui appelle aux compétences algériennes locales et celles établies à l’étranger afin de donner aux algériens l’envie de construire ensemble leur pays et d’y vivre dignement et harmonieusement. Enfin troisièmement, rétablir la confiance entre les citoyens et les institutions de la république, de préserver les libertés individuelles et consolider la cohésion sociale. Dès lors nous aurons deux scénarios l’un optimiste, l’autre pessimiste.

Pour le scénario optimiste, afin de parvenir à un développement durable, il doit reposer sur un appareil productif compétitifet diversifié, une nouvelle gouvernance, un nouveau rôle de l’Etat, une adaptation institutionnelle, l’investissement dans la formation / enseignement / recherche / innovation, le développement d’un secteur bancaire privé et des marchés financiers, l’insertion dans les échanges internationaux selon une synchronisation des actions. S’agissant spécifiquement de l’insertion dans les échanges internationaux (grand Maghreb, processus d’adhésion à l’OMC, Accord d’association avec l’UE), l’Algérie peut en attendre une spécialisation industrielle, des gains de productivité et croissance. Cette ouverture doit être maitrisée, l’économie de marché concurrentielle ne signifiant pas anarchie mais un rôle stratégique de l’Etat régulateur, afin d’éviter un regain d’importations et la destruction du tissu productif local qui doit se plier aux normes du management stratégique au sein d’une économie ouverte. Quant au scénario pessimiste, il se réalisera, si l’Algérie échoue à diversifier leur économie. Dans ce cas, une fois les réserves en hydrocarbures épuisées nous aurons les séquences suivante : pénurie de recettes fiscales à difficultés croissantes pour financer les importations, les investissements publics et la demande socialeàrécessionà progression du chômage à troubles sociaux. Comme nous l’ont enseigné les fondateurs de l’économie, Adam Smith, David Ricardo, Karl Marx, plus près de nous, Joseph Schumpeter, Keynes, et tous les prix Nobel institutionnalistes entre 2000/2010, l’économie est avant tout politique. Aussi, pour dépasser la crise multidimensionnelle qui met en danger la sécurité de l’Algérie, le mal étant avant tout en nous, évitons de pointer toujours du doigt l’extérieur, mentalité culturelle stalinienne des années 1970 afin de faire oublier le bilan intérieur. Enfin, je salue les 50 propositions du Forum des chefs d’entreprise FCE qui reprend en majorité mes propositions. Mais pour réaliser concrètement l’après hydrocarbures, pour que es propositions soient être opérationnelles, cela suppose un réaménagement des structures de ce pouvoir.

Dr Abderrahmane Mebtoul, expert international

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Commentaires (1) | Réagir ?

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amazigh zouvaligh

Si Adam Smith revient et met ses pieds sur la RADP, il changera certainement de vision sur l'économie !

Comment refuser à un chef d'entreprise en l'occurrence monsieur Issad Rebrab d'investir et surtout en allant créer 1 million d'emplois dans l'extension du port de Cap Jinet et en renflouant les caisses de l'Etat voyou qui nous a pris en otage avec 35 milliards de dollars? Sans compter l'autre investissement à Jenjen avec autant si non plus d'emplois et de fiscalités pour le regime de bananes qui nous a pris en otage?

Ce qui se passe chez nous est une nouvelle économie qui échappe aux specialistes tel Adam Smith Ricardo ou Marx, c'est la théorie du nain; mégalomane, revanchard, sultan qui veut investir uniquement dans les régions qui l'applaudissent, qui lui courbent l'échine, mais pas dans les régions qui ne le reconnaissent, car elles connaissent son imposture, sa haine viscérale de tout ce qui est authentique algérien et non arabo-baathiste!