FLN - RND, entre l’usufruit et la propagande

Abdelaziz Belkhadem et Ahmed Ouyahia, les fidèles relais du système politique.
Abdelaziz Belkhadem et Ahmed Ouyahia, les fidèles relais du système politique.

"Rien n’est constant dans ce monde que l’inconsistance." Jonathan Swift

S’il y a en Algérie des militants de parti qui en veulent à des formations islamistes parce qu’elles se seraient compromises dans des financements étrangers – on parle, ici et là, de la Turquie, des pays du Golfe arabique, de groupuscules musulmans richissimes en Union européenne, des lobbies américains de l’islam modéré, de Malcolm X recomposé – l’on pourrait compatir avec s’il étaient des adhérents à des petits regroupement possédant le juste nécessaire bureau pour patrimoine commun.

Mais il est ridicule et mal élevé que ce soit des responsables du RND et du FLN qui le disent. Je suis persuadé que Ali Rebaïne ne blaguait pas lorsqu’il a dit un jour que si ces deux formations abandonnaient leurs édifices le pays réglerait une bonne partie du problème de logement. Ces partis nés avec une cuiller en platine dans la gueule, si l’on fait juste attention au fondé social d’un nombre de leurs militants tiré au hasard dans la ville ou dans la campagne, ils n’ont pas besoin du sou vaillant pour influer sur l’Algérie du smig incongru, du chômage en masse mais de la redistribution des revenus nationaux. Les correspondants hors hydrocarbures ne suffisent pas, bruts, à entretenir les intrants d’une unité Sonatrach de production dans le sud. Mais qui sont, au demeurant, aussi contrôlés, d’une manière ou d’une autre, par des relais FLN - RND.

Dans les lobbies de l’administration

Vous n’avez pas besoin de savoir ce qu’ils foutent officiellement, les militants de ces lobbies du pouvoir, dans leur municipalité mais vous êtes absolument certains qu’ils possèdent au moins un logement en propriété – sinon les citoyens désemparés adhèrent, et il ne faut pas croire que c’est facile, puis le temps qu’il faut pour l’imprégnation dans la kasma qui a les clés de l’agglomération en poche et le tour est joué – un ou deux véhicules viables et des revenus sécurisants assurés. Ils adorent que vous inventez un parti, n’importe quoi, religieux, raciste ou taoïste, autour de leurs plates-bandes, ils s’en fichent, vous leurs faîtes de l’ambiance démocratique qui les « humanise » aux yeux des misérables concitoyens de la commune, souvent obligés de quémander leurs droits dans l’administration que les ressortissants FLN - RND gèrent comme des usufruits.

C’est chose axiomatique que de voir par exemple un riverain de cité ou de village sympathisant pour une nouvelle formation qui veut faire front contre les héritiers du parti unique – lui-même hérité au travers d’une couardise sur l’Histoire - aller, pour des besoins de survie, demander les services d’un inutile pour l’intérêt national, du sérail local ou régional, parce que ses amis ne sont pas introduis dans la caverne d’Ali Baba de l’Administration. A des niveaux supérieurs de traite ce n’est pas à un pauvre diable, tout cadre émérite soit-il, d’un parti qui cotise sur des misérables salaires qu’on irait solliciter un appui pour une ligne de crédit capable de sortir des générations entières de la mouise. Dans cet ordre d’idée, trois ou quatre crédits à l’importation réunis dans une comptabilité de prestidigitation partisane financeraient haut la main une campagne pour une dizaine de listes.

Les mains de la vilénie

C’est pourquoi lorsqu’ils sont les premiers à crier l’ingérence financière étrangère dans la prise en charge des campagnes, en dénonçant surtout des pays arabes ou musulmans précis, ils essayent de noyer l’esturgeon et ses œufs précieux dans une mare aux canards où les cancanements tirent plutôt vers les ricanements d’hyène. Dont les échos sur l’opinion publique, qui a peut-être envie d’aller voir ce qui se passerait dans les urnes du 10 mai, ressemblent à s’y méprendre à ces voix off qui invoquent les mains étrangères saboteuses de l’unité nationale. Comme si ce n’est pas le régime lui-même, du FLN et du RND toujours dans les avant-postes, qui n’existe pas sans s’accrocher à elles. Ce n’est pas la brave khalti Rbiha, dont le neveu dans la montagne à un quart d’heure à vol d’oiseau de la capitale a fait échapper à la congélation ses enfants en les faisant se chauffer au feu de sa chambre à coucher, qui a ouvert les portes des frontières, par exemple, à la Société Générale, Bnp Paribas, la Ratp, Schlumberger, la Française des eaux, et cetera, et ameuter la planète pour faire venir des inconnus inspecter une intimité nationale de concertation.

Les burnous et les kawis

C’est khalti Rbiha qui démarche pour les progénitures des cadres du FLN et du RND pour les inscrire dans les prestigieuses écoles occidentales financées par des libellés occultes déduits de la rente pétrolière. Qui remercie la caisse de Tayeb Louh pour la prise en charge dans les grands hôpitaux étrangers au profit de ses petits-enfants à propos de maladies qui se soignent convenablement en Algérie. Khalti Rbiha qui baise le front du ministre des Affaires religieuses qui donne le feu vert à une quarantaine d’agences touristiques qui font dans le business pèlerin des rentes faramineuses. C’est presque dans la Constitution que des entreprises publiques offrent à longueur d’année des omras gracieuses à des centaines de travailleurs qui ne cracheraient pas en vérité en équivalent cash. Il ne faut pas avoir honte, ici, d’imaginer une ristourne Ttc sur quelques milliers de pèlerinages – parce qu’une mafia dans ce domaine existe aussi en Algérie – au profit de logistique partisane précise.

Il est normal que des responsables du FLN et du RND jalousent des offrandes personnalisées sur des quidams de formation politique déterminée – par exemple qu’un émir pétrolier ou un gros industriel ottoman glisserait un cadeau à un leader islamiste cela se comprend parce que Ankara et Riyad sont depuis longtemps à couteaux tirés pour le contrôle planétaire de la pensée musulmane, souvent contre le chiisme - mais qu’ils permettent en même temps au reste de l’humanité nationale d’envier en chemin les empires respectifs qu’ils ont entre les mains. Dont ils servent des miettes au compte-gouttes au reste de la population avec des morceau parfois plus cossus pour, ça et là, des franges qui leurs servent de lièvres dans le combat sans merci pour la rente.

Il y a un proverbe dans le Djurdjura qui dit "ce sont les riches qui crient au voleur, parce qu’il se cache dans leur burnous." Mais les habitants du kawi dans ce pays savent depuis assez longtemps déjà que tout discours qui émane des kasmas mixtes de Belkhadem et de son binôme Ouyahia relève de paradigmes communicationnels où les mots de la vérité emmènent droit devant les juges patriotes.

Nadir Bacha

P.S : J’ai attribué à Lounis Aït Menguellet un texte de Matoub Lounès dans une épigraphe placée à la tête d’un article concernant la participation du FFS à la consultation du 10 mai. Ecoutant régulièrement l’un et l’autre des grands chantres, je me suis certainement laissé avoir par le prénom d’Aït et le nom de l’immense défunt. Je remercie le lecteur qui a dans son commentaire indiqué la méprise.

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Commentaires (1) | Réagir ?

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madjid ali

Voilà les parrains