Enquête sur les crimes du franquisme: le juge espagnol Baltasar Garzón acquitté

Le juge espagnol Baltasar Garzón lors de son procès
Le juge espagnol Baltasar Garzón lors de son procès

Les crimes du franquisme en Espagne, du nazisme en Grèce, du terrorisme islamiste en Algérie deviennent-ils une affaire de Justice et non plus de livres d'Histoire? L'acquittement du célèbre juge espagnol Baltasar Garzón met à mal toutes les lois d'amnistie...

Aujourd’hui, lundi 27 février, le juge espagnol Baltasar Garzón, déjà sous le coup d'une interdiction d'exercer, a été acquitté par le tribunal suprême de Madrid dans un procès où il était poursuivi pour avoir voulu enquêter sur les disparus du franquisme, a annoncé une source judiciaire. Le magistrat espagnol de 56 ans, célèbre dans le monde entier pour avoir mené de multiples enquêtes sur les atteintes aux droits de l'homme et avoir fait arrêter l'ex-dictateur chilien Augusto Pinochet en 1998 à Londres, avait cependant été condamné le 9 février à 11 ans d'interdiction d'exercer dans un autre procès, concernant une affaire d'écoutes illégales, un verdict qui a foudroyé sa carrière.

Dans le procès des disparus du franquisme, les sept magistrats du tribunal suprême ont décidé d'acquitter le juge Garzón par six voix pour et une voix contre, a précisé lundi une source judiciaire. Baltasar Garzón était poursuivi pour avoir enfreint la loi d'amnistie votée par le Parlement espagnol en 1977 en ouvrant une instruction en 2008 sur le sort de plus de 100 000 personnes portées disparues pendant la guerre civile (1936-1939) et le franquisme (1939-1975). Ce procès, très polémique en Espagne, avait suscité de nombreuses condamnations de la part des défenseurs des droits de l'homme.

"Enquêter sur la torture et les disparitions ne peut pas être considéré comme un crime", a réagi Reed Brody, porte-parole de l'organisation Human Rights Watch, saluant un verdict qui "évite un embarras plus grand encore" au Tribunal suprême. "Mais le mal a déjà été fait avec la précédente condamnation du juge Garzón", ajoute-t-il. Le désormais ex-juge a été condamné à 11 ans d'interdiction d'exercer après avoir ordonné des écoutes entre des avocats et des détenus, en violation des droits de la défense, dans une enquête sur un réseau de corruption qui avait éclaboussé en 2009 la droite espagnole.

Dans le même contexte, le réseau euro méditerranéen des droits de l’Homme dans son dernier rapport sur les libertés en Algérie "Levée de l’état d’urgence : un trompe-l’œil" a, dans ses recommandations, inscrit l’abrogation de la loi sur la concorde civile accordant l’impunité aux terroristes, estimant que celle-ci n’est pas imprescriptible et qu’elle fait obstruction à l’urgence d’une enquête sérieuse sur le dossier des disparus durant la décennie noire.

L’acquittement du célèbre juge Garzón inaugure une nouvelle approche de l’Histoire du franquisme, du terrorisme islamiste, des fascismes, des dictatures en ce sens que celle-ci ne se suffit plus de livres, mais se trouve confrontée à la Justice par laquelle elle devient non plus une matière morte mais une réparation des mémoires. Des personnalités de la société civile de la Grèce sous le goulot d'étranglement des emprunts de la zone euro demandent à l'Allemagne de réparer financièrement les destructions causées durant la seconde guerre modiale par les nazis.

R.M et AFP

Plus d'articles de : L'actu en Algérie et ailleurs

Commentaires (0) | Réagir ?