L’Algérie des Etats-Unis d'Amérique

Hillary Clinton et le président Bouteflika à Alger.
Hillary Clinton et le président Bouteflika à Alger.

"On ne fait pas de politique avec de la morale, mais on n’en fait pas d’avantage sans", André Malraux

Il y a dans chaque déplacement international de l’Establishment cette vérité incontournable du rêve américain qui se déplace en même temps et la culture américaine devient presque une religion. Parfois, il est difficile de pouvoir séparer le film de la réalité quand on est en face, en direct, avec des officiels américains venus en affaires. Il y a en eux comme une présence effective et aussi des non-dits dus peut-être au fait qu’il faut posséder un peut de leur grandeur pour ne pas les fantasmer.

Un géant en tribulations triomphantes

Aucun Etat au monde actuellement ne conteste la suprématie de Washington sur toutes les capitales du monde. La seule qui lui tenait tête, Moscou, malgré sa capacité de réaction militaire sans équivoque, est aujourd’hui dans le concert des échanges socioéconomiques mondiaux depuis au moins une génération, à la tombée du mur de Berlin, si l’on cherche quelque bornage dans l’Histoire du temps présent, acquis au principe de la mondialisation. Terme qu’il ne faut plus essayer de chercher dans les linguistiques nouvelles en relations d’économie politique entre les nations, il est la traduction désormais sur le terrain planétaire du triomphe capitaliste.

Sur cinq valeurs nominales circulant sur le globe terrestre, une directement appartient aux Etats-Unis d’Amérique.

Selon les experts de l’économie internationale, le produit brut du monde entier tourne autour de 70.000 milliards de dollars et pour son seul compte national Washington en développe 15.000, c’est-à-dire, à peu près le cinquième. L’Etat qui se rapproche le plus est la Chine avec 7000 milliards de dollars mais dans les rapports de force actuels ce n’est pour l’instant pas Pékin qui inquiète mais Bruxelles qui réunit les plus forts pays de l’Europe, avec le quart du produit mondial.

C’est pour cette raison que les voyages de Hillary Clinton dans les pays de l’Afrique du nord, depuis le canal de Suez jusqu’à l’Atlantique, ont de quoi plutôt à faire de la panique du côté des Champs de Mars et de la Porte de Brandebourg. En tout cas, Paris est quasiment certain que son leadership traditionnel dans le Maghreb lui est manifestement contesté au moins depuis que les socialistes ont réussi à s’installer à l’Elysée (présidence française).

Le Maghreb de la France et de Sarkozy

Ce qui s’est passé dans la prise de contrôle des gisements libyens est trop proche pour tenter de dénouer le véritable sens dans les rôles que la France ait joué séparément dans la guerre contre le régime de Mouammar Kadhafi ; certains expliquent qu’il s’est agit d’une espèce de retour d’ascenseur pour l’Europe par rapport au laisser-faire au profit des yankees dans les hydrocarbures irakiens, d’autres interprètent l’affaire libyenne dans le sens d’une fausse complicité d’action commune pour un quota précis dans les réserves à la condition de ne pas compromettre les relations franco maghrébines telles qu’embrassées durant plus d’un siècle.

Sur ce volet Nicolas Sarkozy semblerait se plaire dans le rôle que beaucoup lui prête d’être un agent des services américains servant les intérêts des grands lobbies.

L’Histoire a enseigné, en politique, que la perspicacité d’un chef d’Etat lui puise son réel pouvoir dans le flou, l’indicible, en actions et en discours, et le président français, qui cavale pour son second contrat, regorge de situations de fourberie pour conforter la confusion dans cette image qui lui permet de masquer les qualités qu’il ne possède pas pour être un chef d’Etat doté d’un programme national capable de défendre les intérêts des siens dans la lutte mondiale capitaliste en face d’un partenaire maghrébin qu’il ne sait pas comment impliquer avec lui dans une politique générale dont il ne parvient pas encore à en déterminer l’orientation purement économique.

La diplomatie lyrique

C’est dans le politique factice, le politique people si l’on puit dire, qu’il espère récolter des ralliements de principe autour de cette idée de la grande France des libertés et des droits de l’homme, mais sans aller plus loin dans le concret. Et c’est précisément sur ce chaos que les conseillers de l’Establishment dressent-ils une feuille de route de papillonnage à la secrétaire d’Etat démocrate dans les capitales du Maghreb pour casser du Paris, depuis le Sahel jusqu’à la Manche – l’on n’a jamais douté que le Royaume-Uni demeure l’ennemi public numéro un de l’Europe.

Alors l’ex-first lady of America, qui a de ressort diplomatique ce dont dispose Mourad Medelci en anodines compétences intellectuelles comme simple citoyen dans le monde, débarque dans notre pays, qui a depuis très très longtemps oublié qu’il n’est pas un Etat, pour nous gratifier avec cet accent lascif de juste quelques phrases qui mettent notre ersatz de classe politique dans un état d’imbécillité jamais égalé depuis la dernière visite de Hugo Chavez qui nous a conseillé de bien veiller à l’argent du pétrole.

Un tabouret-à-trois-pieds, pour un pays à gouverner. Autrement dit, un Etat bâti sur un pouvoir décidé par une majorité populaire, au travers de groupes d’élites nationales pour une économie libre susceptible de renouvellement : la triangulation fondamentale du principe démocratique enseigné aux élèves des lycées du monde entier. Et il n’y a que dans des contrées perdues sur la planète Terre, comme l’Algérie, où il existe des esprits intelligents pour saisir ce pensum de patrouilleur de scout pour en découdre philosophiquement comme s’il s’agissait d’une espèce de trinité dernier cri venue sauver une nation d’une proche apocalypse.

Entre les médias et les rencontres à huis clos

Il faut ne pas sortir de la duperie pour ne pas saisir sur le champ, sachant que Washington est toujours en avance sur n’importe quelle avancée stratégique régionale d’intérêt, que les grands lobbies décideurs qui trônent sur les cinquante Etats de la bannière étoilée et sur les schéma économiques des continents, n’envoient pas une émissaire pour faire de la psychopédagogie, histoire d’expliquer à une population étrangère de savoir mettre un pied devant l’autre, non, ça n’a jamais été de leurs habitudes de payer des régies de voyage pour prêcher les paroles douces à des dirigeants qui détiennent les clés de la manne pétrolière.

Les habitants du monde aujourd’hui n’ignorent plus que ce que font et disent les politiques devant les médias et ce qu’ils se racontent entre eux à l’abri des micros et des caméras ne ressort pas des mêmes intentions. Rien ne dit que la représentante du Gouvernement américain que l’on peut regarder souriant à la télévision dans une déclaration approximative ne va pas en privé froncer les sourcils à propos de Halliburton à Irara Hassi Messaoud où Medelci en personne n’approche pas sans une minutieuse fouille au corps.

Un tabouret à trois piliers ou une meïda en suspension, med bark, le journaliste en a toujours matière à étaler des lignes. Mais qu’on ne le prenne pas à charge quand les détenteurs de la véritable information l’empêchent de voir comment inscrire la réelle visite de Hillary Clinton pour que les citoyens algériens – pour l’instant on s’en fout de ce qu’elle a fait ou ne fait pas autour de nous - puissent imaginer de ce que sera l’intérêt de Algérie avec les USA par rapport à la France et vice versa.

Nadir Bacha

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Commentaires (3) | Réagir ?

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Notproud

Pour lui c'est comme si il recevait la visite de l'arc-ange Gabriel mais sur la photo il ne s’adresse même pas à lui il ne le regarde même pas!. je crois qu'il s'adresse plutôt à nous !

Le sentiment d'infériorité se ressent même sur le canapé ! ! vous avez raison Prolet Arfaa rasek ! yah L'hadj !

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mstfa yazid

" Mais qu’on ne le prenne pas à charge quand les détenteurs de la véritable information l’empêchent de voir comment inscrire la réelle visite de Hillary Clinton pour que les citoyens algériens – pour l’instant on s’en fout de ce qu’elle a fait ou ne fait pas autour de nous - puissent imaginer de ce que sera l’intérêt de Algérie avec les USA par rapport à la France et vice versa. "

Je crois que le retour sur soi que vous préconisez merite un arrêt :

-quand vous dites "les détenteurs de la véritable information l’empêchent de voir comment inscrire la réelle visite de Hillary Clinton", je crois que vous stigmatisez une situation qui prévaut depuis toujours : le peuple en principe principal concerné demeure le grand absent, le laissé-pour-compte qu'on ne reveille que quand l'hallali est decrétée.

-pour retourner à cette visite de Mme Clinton, je crois que les propos tenus par cette responsable americaine et les peripéties de sa visite à Alger permettent d'affirmer que les relations politiques se gatent entre les USA et l'Algérie :

1/ les propos encourageants et "bienveillants" des premieres minutes de l'arrivée semblent avoir cédé la place à des propos orageux qui ont suivi le tête à tête que le Secrétaire d'Etat americain a eu avec le Président Bouteflika.

Sans être Mme Soleil, il est possible d'affirmer que M. Bouteflika n'a pas pu donner les garanties suffisantes sur la qualité des réformes que le pays va connaittre dans quelques mois.

La deduction que le président ait fait part des obstacles réels que les militaires dressent, indirectement par le bias de leurs relais, dont Ouyahya, chef de gouvernement, au train de reformes voulu par Mr Bouteflika est trés aisée à faire : déjà, dans le passé, ce dernier s'est plaint du dephasage politique entre lui et les detenteurs du pouvoir réel en Algerie.

Déduction est aussi possible d'affirmer que Mme Clinton s'est trouvée en face de preuves intangibles de la volonté des militaires de ne "pas la^cher le morceau"..... d'où sa volte face aussi claire et incisive exprimée à l'ambassade américaine à Alger : propos terribles qui mettent fin à tous les rves et tous les plans ^des militaires pour, encore, gouverner le pays.

Mme Clinton en donnant son schéma du "tabouret" à trois pied semble avoir pris une sentence sans espoir de retour : l'éviction de l'armée de la scéne politique en Algerie est définitive.

Le choc terrible semble avoir pris le régime algérien au dépourvu : immédiatement après, les vieux reflexes ont fusé : levée de boucliers dans la presse algerienne et "sortie" de l'arme de crétinisation massive : le Polisario.

En définitive, chercher les intérêts de l'Algérie avec les USA ou l'inverse semble ne pas être les soucis du moment : d'un côté les Américains insistent sur leur volonté d'assécher tous les marécages pourvoyeurs de terroristes dans le monde et de l'autre côté un régime algérien frileux qui fait tout pour ne rien changer dans le pays.... quitte même à subir un lifting douloureux.

Je crois que des jours pénibles sont en perspective dans les relations américano-algériennes et par conséquent, dans les relations maghrebines et arabes..... comme d'habitude !

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