Réserves de change : déclaration biaisée du gouverneur de la Banque d'Algérie

Le gouverneur de la Banque d'Algérie.
Le gouverneur de la Banque d'Algérie.

Au moment où des pays qui ont placé des sommes plus importantes que l’Algérie à l’étranger sont inquiets, le gouverneur de la Banque d’Algérie a fait des déclarations surprenantes.

Comme si l’Algérie vivait dans une ile déserte, oubliant que nous sommes à l’ère des nouvelles technologies où le monde devient une maison de verre. Selon le gouverneur il n’y a pas eu d’impacts de la crise mondiale notamment des banques internationales après 2008 et de la crise des endettements des Etats sur les réserves de change algériennes. Par ailleurs toujours selon le gouverneur la cotation du dinar quoi est d’ailleurs une monnaie non convertible, répondrait aux normes. Qu’en est-il exactement objet de cette contribution.

1. De 20 dinars en moyenne un dollar en 1990, fin 1994 date du rééchelonnement et de l’obligation faite par le FMI à l’Algérie de dévaluer le dinar algérien il est passé à 40 dinars un dollar. Depuis nous assistons à des dévaluations périodiques dont la dernière en date est le 25 décembre 2011 ; approchant actuellement à la vente 106 dinars un euro contre 98-99 dinars un euro début 2011 et plus de 75 dinars un dollar soit une dévaluation de plus de 7% par rapport à l’euro et une dévaluation de plus de 300% depuis 1995, étant une des monnaies la plus fiable du Maghreb. La dépréciation du dinar est d’autant plus ressentie que la facturation de nos importations se fait en euros et les exportations en dollars, pénalisant tant les opérateurs économiques que les ménages algériens puisque les exportations constituées essentiellement d’hydrocarbures à l’état brut et semi-brut - représentent 98% en hydrocarbures et important 70-75% des besoins des ménages et des entreprises dont le taux d’intégration, public-privé- ne dépasse pas 15%. Pour la Banque d’Algérie il s’agit d’un glissement du taux de change alors qu’en réalité il s’agit d’une dévaluation afin de freiner grâce aux taux d’inflation importée les augmentations de salaires et l’accroissement des importations, pour gonfler la fiscalité pétrolière et le fonds de régulation des recettes qu’il conviendra pour plus de transparence de supprimer et d’établir les lois de finances au cours du marché.. Pour ce dernier cas afin de voiler l’importance du déficit budgétaire et les impacts mitigés de la dépense publique. Aussi, contrairement à ce qu’affirme le gouverneur de la Banque d’Algérie ce sont des décisions politiques sans aucune logique économique puisque par le passé au moment où le dollar était faible la Banque d’Algérie dévaluait le dinar tant par rapport à l’euro et le dollar et aujourd’hui alors que le dollar est faible la banque d’Algérie continue de dévaluer le dinar à la fois par rapport à l’euro et au dollar. La baisse de la valeur du dinar algérien est beaucoup plus importante dans la sphère informelle qui contrôle 40% de masse monétaire en circulation et depuis quelques années, l’écart entre l’échange officiel et parallèle est très important. Ainsi, un euro s’échange contre 140 à 150 dinars et entre 95 et 100 DA pour le dollar existant un lien dialectique entre l’extension de la sphère informelle notamment marchande importatrice et la logique rentière décourageant les véritables entreprenants producteurs de richesses.

2. La crise d’octobre 2008 a impacté bon nombre de pays qui avaient déposés leurs fonds dans des banques internationales dites AAA qui donnaient des taux d’intérêts plus élevés que ceux garantis par les Etats dans des banques centrales. Or avec la crise, bon nombre d’entre elles mais qui ont été décotées, d’autres ont fait faillite, occasionnant des pertes importantes à l’instar des pays du Golfe qui ont reconnu officiellement les pertes, idem les inquiétudes des dirigeants chinois.

3. Le montant des réserves des changes algériens déposés dans des banques privées avant la crise d’octobre 2008 étaient d’environ 20%, montant qui a été ramenée à 2% en 2010. Commet le gouverneur peut-il affirmer que les taux d’intérêts des bons de trésor méricain ou des obligations européennes certes garantis par les Etats soient plus rémunérateurs que les banques privées internationales ce qui contredit les pratiques des affaires élémentaires ce qui fait sourire les experts étrangers par ce manque de culture financière, s’adressant certainement à l’intérieur misant sur la faiblesse de culture économique des Algériens ?

4. Le taux d’intérêt mondial fonction du taux directeur de la FED - 0,25%et de la BCE - 1% respectivement pour les USA et l’Europe est d’autant plus élevé que les placements se font à moyen ou long terme. Si l’on prend les déclarations officielles du gouverneur qui affirme que l’Algérie a engrangé 4,7 milliards de dollars fin 2010, à un taux d’intérêt fixe de 3%, cela suppose que plus de 90% des réserves algériennes sont placées à l’étranger et qu’elles l’ont été non à court terme mais au minimum à moyen terme.

5. Le gouverneur doit répondre clairement à six questions stratégiques pour éviter des rumeurs dévastatrices :

- Quel est le montant total des réserves de change placées à l’étranger ?

- Dans quelles monnaies en dollars, en euros, en livre sterling et en yen japonais ?

- Quelle est la part en bons de trésor US et en obligations européennes. Pour ce dernier cas avec la crise de l’endettement des Etats dont certains sont au bord de la faillite quelle est la part grecque, hollandaise, portugaise, italienne , espagnole, française, allemande, etc.

- Quelle est la part placée à court terme, à moyen terme, et celle à long terme ?

- Comment transformer cette richesse virtuelle due aux hydrocarbures et non au travail en richesse réelle ?

6. La majorité des ministres en fonction depuis des années, dont le bilan est mitigé, se précipitent pour être tête de liste dans des wilayas dont la population les ignorent alors que dans tous les pays du monde une élection se fait sur le bilan. Veulent-ils se faire élire en profitant de leurs statuts de ministres, et avoir par la suite l’immunité parlementaire ? L’Algérie serait-elle stérile en compétences et pourquoi ne se mettent-il pas en troisième ou quatrième position ? Ont-ils peur ? Outre le bilan de la dépense publique et ses impacts réels économiques et sociaux pour préparer l’après hydrocarbures (plus de 480 milliards de dollars entre 2004-2013) sans compter préplan de plus de 7 milliards de dollars entre 2000-2003, un débat national devient urgent sur l’utilisation des réserves de change et également et surtout sur la gestion et la distribution de la rente des hydrocarbures, propriété de tout le peuple algérien. Et notamment, les réserves réelles tenant compte non pas uniquement des exportations mais de la forte consommation intérieure et des nouvelles mutations énergétiques mondiales. Cela pose la problématique de la démocratisation de la décision économique supposant un Etat de droit et une gouvernance renouvelée.

Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des Universités et expert international

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Commentaires (3) | Réagir ?

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laid baiid

Pierre Jovanovic : “L’Algérie a perdu 50% de ses réserves de change. Si elle passe au standard or, elle deviendra le pays le plus puissant d’Afrique”

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habib el moufid

Faux sur toute la ligne Monsieur le gouverneur de la Banque d’Algérie... comment osez-vous encore mentir et donner des chiffres biaisés ? comment ne pas donner les vraies chiffres et si vous sentez incapable de remettre le tablier ? Mais vous avez été choisi pour votre irresponsabilité et vous ne devez rendre des comptes qu'a ceux qui vous en nommez a savoir les militaires.

Faux quand vous dites que que ''les taux d’intérêts des bons de trésor américains ou des obligations européennes certes garantis par les Etats sont plus rémunérateurs que les banques privées internationales'' d’où allez vous cherchez cela? Les obligations qui sont dividendes payées au terme à la valeur nominale à l'achat, sont plus bas que celle des banques privées, car elle sont plus sécuritaires mais très faibles valeurs car elles sont plus sécuritaires car garanties par les états.

Faux quand vous donnez la valeur de 4, 7 milliards de dollars, en intérêts, alors que d'après vos chiffres la valeur des avoirs sont estimés à plus de 177milliards $, cela donnerait 5, 3 milliards $ et que le taux de 3% est un rendement a long terme, ou a moyen terme, et on est loin des 4, 7 milliards $.

Faux quand vous parlez du taux de change du dinar qui n'a pas été dévalué mais vous parlez d'une fluctuation, comment parler de fluctuations alors que lorsque l'euro été dans la tourmente, le dinar chutait également, sachant que vous avez fait de la place Port Said, la véritable bourse de monnaie dans la capitale. Ce sont des décisions politiques qui ont dévalué la monnaie algérienne, alors que cela revient à la Banque d’Algérie, de gérer ses fluctuations, mais vous n'avez aucun mot à dire et le pire c'est qu'on perd au change car on paye en dollars et on importe en euro.

Faux quand vous dites que les avoirs de l’Algérie n'ont pas été touchés par la crise financière qui a touché la planète entière et même des Etats qui ont économies fortes, comme le Canada ou les pays qui ont des bas de laine ont reconnu des pertes allant jusqu’à 25% de leurs avoirs, sauf si bien sûr l’Algérie a gardé ses avoirs dans une autre planète et dans ce cas vous pouvez en tirez un plus grand rendement que les 3% que vous citez, en recommandant cette place financière, contre un pourcentage sur leur profit.

Vous êtes la risée des institutions financières mondiales, quand au peuple il ne vous croit plus même si vous lui donnez les vraies chiffres.

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