L'Iran ferme les vannes du pétrole à Londres et Paris

Ali Akbar  Salehi, ministre iranien des Affaires étrangères.
Ali Akbar Salehi, ministre iranien des Affaires étrangères.

Téhéran "souhaite une reprise rapide des négociations et attend la réponse" du groupe 5+1.

L'Iran a souhaité dimanche une reprise rapide des négociations nucléaires avec les grandes puissances, tout en annonçant l'arrêt de ses ventes de pétrole à la France et à la Grande-Bretagne dans un geste symbolique répondant aux récentes sanctions européennes. Téhéran "souhaite une reprise rapide des négociations et attend la réponse" du groupe 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne) à la lettre envoyée mercredi par le négociateur iranien Saïd Jalili à la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi.

Ali Akbar Salehi a estimé qu'il fallait "trouver un mécanisme permettant une solution gagnant-gagnant pour les deux parties" afin d'éviter un nouvel échec, après celui des négociations d'Istanbul en janvier 2011. "Nous comprenons la position de l'autre partie et voulons lui donner la possibilité de sauver la face", a ajouté le ministre sans donner de détails. Les négociations ont jusqu'à présent achoppé sur le refus de l'Iran de les focaliser sur le seul programme nucléaire iranien, ainsi que les 5+1 l'ont toujours demandé et comme Catherine Ashton l'a réaffirmé dans une proposition de reprise des discussions envoyée en octobre à Téhéran. Les dirigeants européens et américains ont réservé un premier accueil prudent, mais plutôt favorable à la lettre iranienne, qui ne comporte, selon eux, "aucune condition préalable" et constitue "un geste important".

Dimension militaire ?

Les États-Unis, Israël et plusieurs puissances occidentales s'inquiètent, en dépit des démentis de Téhéran, d'une possible dimension militaire du programme nucléaire iranien, condamné par six résolutions de l'ONU, dont quatre assorties de sanctions, ensuite renforcées unilatéralement par les pays occidentaux. Une délégation de haut rang de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) est attendue lundi à Téhéran pour une visite, la deuxième en moins d'un mois, destinée à essayer d'éclaircir les zones d'ombre du programme nucléaire iranien qui, selon l'AIEA, entretiennent le doute sur ses objectifs réels. "Nous espérons obtenir des résultats concrets de cette visite. La priorité reste bien sûr la possible dimension militaire du programme nucléaire iranien, mais nous voulons aborder tous les sujets importants", a déclaré à Vienne le chef des inspecteurs de l'AIEA, Herman Nackaerts.

Dans le même temps, l'Iran a annoncé l'arrêt des ventes de pétrole à la France et la Grande-Bretagne, qui ont fortement milité, notamment en faveur de la décision prise par l'UE en janvier d'arrêter tout achat de brut à l'Iran d'ici à l'été. "Les ventes de pétrole aux compagnies britanniques et françaises ont cessé", a déclaré le porte-parole du ministère du Pétrole, ajoutant que l'Iran allait "livrer (son) pétrole à d'autres clients".

Mesure symbolique

Cette mesure, plutôt symbolique, ne devrait pas affecter directement ces deux pays. La France n'a reçu en 2011 que quelque 58 000 barils de pétrole par jour de l'Iran - à peine 3 % de sa consommation -, essentiellement en paiement de reliquats de contrats anciens dus à Total, alors que la Grande-Bretagne a pratiquement cessé ses achats. Elle sonne en revanche comme une mise en garde à quelques gros clients européens, essentiellement l'Italie, la Grèce et l'Espagne, auxquels Téhéran a déjà menacé de cesser ses livraisons en réponse à l'embargo décidé par l'UE.

Selon l'Agence internationale de l'énergie, l'Italie a importé en 2011 quelque 185 000 barils par jour de pétrole iranien (13 % de ses importations), l'Espagne 161 000 bj (12 %) et la Grèce 103 000 bj (30 %). Deuxième pays de l'Opep, l'Iran produit 3,5 millions de bj et en exporte environ 2,5 millions, dont moins de 20 % vers l'Europe et plus de 70 % vers l'Asie. Outre l'embargo pétrolier graduel contre l'Iran, les pays de l'UE se sont mis d'accord en janvier pour sanctionner sa Banque centrale afin d'assécher le financement de son programme nucléaire.

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