POINT DE VUE : Mauvaise nouvelle M. Obama, l’islamisme ne passera pas en Algérie !

Ceux qui s'attendent à un Etat islamique ne connaissent pas les ressorts cachés de l'Algérie.
Ceux qui s'attendent à un Etat islamique ne connaissent pas les ressorts cachés de l'Algérie.

L’islamisme tel qu’il est exprimé et/ou présenté aujourd’hui est une récupération politique et politicienne d’un rejet profond par la société algérienne.

Le problème de l’Algérie ne réside pas dans une opposition entre Algériens sur les questions identitaire, religieuse ou d’idéologie politique mais dans la mainmise d’un régime mafieux sur les ressources du pays qui empêche l’émergence d’une démocratie politique et sociale seule à même de libérer les énergies et les initiatives qui pourront permettre à notre nation de faire émerger de vraies élites politique, économique, culturelle, scientifique, militaire. Des élites qui enclencheront un véritable développement solidaire et durable de notre pays.

L’islamisme tel qu’il est exprimé et/ou présenté aujourd’hui est une récupération politique et politicienne d’un rejet profond par la société algérienne, du moins dans sa grande majorité, du modèle social inique imposé depuis 1962 aux Algériens avec successivement des références socialistes puis libérales et enfin religieuses. Cet islamisme manipulé, en tant que mouvement social historique et identitaire, par toutes les officines du monde, qu’elles relèvent des USA, de la Russie ou de l’Europe, a fini par être pris en charge, en sous-traitance, par les monarchies et les émirs du Golfe et instrumentalisé dans les luttes stratégiques entre puissances mondiales (USA, Russie, Chine, Europe) et puissances régionales (Israël, Turquie, Iran, Pakistan, Inde).

L’Algérie est un pays à part dans le monde arabe. C’est le seul pays construit sur le socle d’une révolution populaire, celle de Novembre 1954. C’est le seul pays à population bilingue occidentalisé dans les structures mentales de ses habitants par 132 ans de colonisation de peuplement adossé à des siècles de domination romaine. C’est le seul pays qui a embrassé successivement et de façon profonde jusqu’au martyr les trois religions monothéistes : judaïsme, chrétienté, islam. C’est le seul pays à avoir été totalement chiite puis totalement sunnite. C’est, enfin, le seul pays qui revendique son identité millénaire et continue à résister à l’hégémonie des valeurs ultralibérales qui régissent le monde arabe à partir du Golfe via les chaînes satellitaires d’El Jazira et Cie. Sans oublier que c’est le seul pays arabe aux contacts les plus profonds avec l’Afrique noire à travers ses frontières et son patrimoine saharien et targui commun avec le Mali et le Niger en soulignant le fait que l’histoire algéro-africaine n’est pas ternie comme pour les autres pays arabes par l’histoire de l’esclavage.

La révolution de Novembre 54 a permis au peuple algérien de se projeter dans le monde et d’échapper ainsi à quelque tutelle exclusive, qu’elle soit culturelle ou économique, d’un autre pays comme ce fut le cas pour les pays du Machrek avec les Anglais et pour le Maroc et la Tunisie avec le protectorat français qui dure jusqu’à aujourd’hui. La Révolution algérienne a permis de tisser des relations stratégiques profondes avec des pays comme l’ex-URSS, la Chine, Cuba, l’ex-Yougoslavie et a ouvert un horizon planétaire, politique et culturel, libérateur à l’Algérien qui n’est pas confiné comme l’Egyptien ou le Saoudien à un rapport dominant/dominé avec son ex-colonisateur. En d’autres termes, l’Algérien est le seul arabe qui ne soit pas totalement aliéné par l’Occident et paradoxalement c’est sa structure mentale transformée par ses cultures romaine, chrétienne et française qui lui a permis de résister à l’aliénation, au complexe d’infériorité et au syndrome de Stockholm du colonisé. Il n’y a pas d’équivalent de Saint Augustin, de Ben Badis, de Ben Boulaïd ou de Kateb Yacine dans les autres pays arabes.

Ces considérations nous laissent à penser que, malgré la collusion entre le pouvoir actuel (soucieux de sauver ses membres de la justice populaire et de la justice du TPI) et l’Alliance atlantique (soucieuse de ses intérêts stratégiques et économiques) pour ériger une théocratie de pacotille en Algérie, il n’y aura pas de grand soir islamiste en Algérie. Un des plus réputés idéologues islamistes en costume l’avait déjà compris. Il s’agit de Tariq Ramadan qui, en répondant à une question sur un scénario à la libyenne en Algérie, avait déclaré que lorsqu’il voit un peuple se mobiliser en un clin d’œil et regrouper vieillards, femmes et enfants, islamistes et laïcs, analphabètes et instruits pour l’honneur du pays fût-ce dans un simple match de football, il plaindrait un éventuel candidat envahisseur. Il avait omis de dire que sa remarque ne visait pas seulement les Occidentaux mais aussi les Orientaux. Le peuple algérien est lassé mais pas abattu et surtout pas battu. Le peuple "des crânes rasés, mangeurs de couscous et porteurs de burnous" selon Ibn Khaldoun ne vivra jamais sous le règne des kamis.

Peut-être sera-t-il nécessaire de défier ce peuple pour qu’il réagisse. Dans ce cas, vivement les élections législatives, vivement le trafic électoral et vivement une majorité islamiste. Même Da L’Hocine ne pourra rien pour les Menasra et autres résidus du FIS. Et ce sera l’islam comme religion qui risque de sortir perdant de ce jeu machiavélique.

F. Dziri

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Commentaires (22) | Réagir ?

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prenom nom famille

Monsieur Dziri, le fait que l’Algérie n'est pas un pays arabe la rend un pays "arabe très particulier" a vos yeux.

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Aziz FARES

Atala Atlale, ce n'est pas beaucoup ce que vous demandez (que demande le Peuple?)... c'est g i g a n t e s q u e... Mais il faut y croire...

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