Aït Ahmed: une Convention et des paradoxes

Hocine Aït Ahmed: le retour au "ni...ni"?
Hocine Aït Ahmed: le retour au "ni...ni"?

La Convention nationale, texte plateforme de Hocine Aït Ahmed adressé à son parti, le FFS, engage ses militants à une posture pour le moins paradoxale: aller aux législatives même si le scrutin est joué d'avance, "dans un contexte de délabrement du pays..."

Dans le souci d’ancrer la Convention nationale de son parti, texte plateforme de sa posture politique vis-à-vis de sa participation aux législatives de 2012 qui semble évidente, Ait Ahmed commence par exprimer son "émotion provoquée par les souffrances que cet hiver rigoureux a infligé à notre peuple, révélant encore et toujours l’absence de l’état. Désorganisation et irresponsabilité, sont à considérer comme la principale menace contre la sécurité des algériennes et des algériens et de notre pays tout entier." tout en s’appuyant sur un vieux souvenir en la personne de Paolo Lombo, l’ancien représentant des Nations Unies à Alger, dont il fait sien les propos qui lui ont valu d’être refoulé d’Algérie : "Il me revient à l’esprit que ce fin observateur extérieur de l’Algérie avait déjà à cette occasion noté que ce qui manquait à notre pays n’était pas une batterie de lois mais un dispositif et une volonté politique qui rendraient possible leur application" Pris à la lettre, ces propos rapportés, quand bien même il relèverait du passé, laissent entendre la désaffection du parti pour la tenue des législatives du 10 mai prochain.

Paradoxe des paradoxes, Hocine Aït Ahmed, tout en déplorant que "les Algériennes et les Algériens en viendraient un jour à débattre de l’utilité d’une participation électorale quand tant de défis sont encore à relever » s’avoue contraint, voire impuissant "par l’état de délabrement du pays, à discuter de l’opportunité de participer ou non à une consultation électorale." Pis encore, il considère qu’un tel débat sur les législatives qui n’aurait pas dû avoir lieu, s’impose pourtant comme une fatalité politique qui jure avec "un contexte de dévoiement des pratiques politiques, électorales ou non électorales." Tout en prenant conscience que "Nous sommes arrivés à un moment où les consciences elles-mêmes sont soumises à une pression intolérable en vue de leur détournement", l’icône historique du mouvement national, s’il se veut clair dans la rétrospective de son parti, entretient, en revanche, le flou dans la prospective relative à la position du FFS quant à sa participation ou non aux prochaines législatives.

Usant de propos métaphoriques, ceux des vieux adages berbères sur le contraste entre la fragilité de l’homme au sommet des montagnes menacé par les séismes et l’homme au sommet des idées et des actions qui les vainc, le chef charismatique du FFS en vient à une sorte de mea culpa, d'"un aveu", selon son propre terme. Faisant implicitement référence à l’épisode du Contrat de Rome, l’homme de Sant’Egidio reconnaît que "les clivages qui traversent le parti ont failli, plus d’une fois, le perdre. Surtout durant les années de braises et de cendres dans lesquelles le pays a été plongé malgré lui. J’assume avoir dû, dans des conditions extrêmement pénibles, prendre des décisions qui ont pu sembler unilatérales. Elles ne l’ont jamais été. Il m’est arrivé de trancher entre des propositions différentes, voire divergentes, mais je n’ai rien ordonné ni engagé selon mon seul entendement, car nul homme sensé ne devrait laisser son jugement tributaire de son seul entendement."

Le dilemme du FFS est le suivant : il estime qu’il est "bien peu probable que les prochaines élections soient des élections ouvertes" et qu’elles "n’ont aucune chance d’être des élections ouvertes »; à contrario, il semble écarter l’éventualité d’un boycott, considérant qu’"aucun boycott ne peut assurer qu’il constitue une alternative efficace à la participation." se plaisant à rappeler sa fameuse politique du "ni, ni" dans "Ni république intégriste, ni Etat policier." Ce qui fera dire au premier secrétaire du parti, Ali Laskri lors du débat sur cette Convention, vendredi dernier "Pour les uns cette décision paraîtra peut-être provocante, hasardeuse, à courte vue, voire contraire au but recherché. Pour les autres, elle pourrait se justifier par un raisonnement stratégique correct, même s'il est paradoxal."

Le texte de la convention se termine sur un hommage appuyé à feu Abdelhamid Mehri, un des initiateurs et signataires du Contrat de Rome.

R.N

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Commentaires (25) | Réagir ?

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Nachabe Madih

L'erreur de Sadi est d'avoir cru à la promesse des généraux et, tout particulièrement, à celle du Général Médiene. On lui a promis qu'après sa caution de démocrate et de laïc à l'arrêt du processus électoral, le pouvoir militaire installera la démocratie en Algérie. Mais pas avant l'éradication trompeuse de l'intégrisme et du terrorisme islamiste monté de toute pièces. La naïveté de Sadi est d'avoir cru que les services secrets algériens n'avaient rien à voir avec le terrorisme et son appendice l'idéologie islamiste. Mais le temps a fini par lui démontrer qu'il s'était trompé lourdement d'allié. Il était vraiment "un adolescent politique" pour ne pas avoir compris à temps que le régime militaire n'avait et n'a d'ailleurs toujours aucun intérêt que l'islamisme disparaisse en Algérie. C'est cette idéologie dans sa pratique terroriste perpétuelle même et non la démocratie qui lui garantie une pérennité assurée au pouvoir. Tant qu'il y a des terroristes en Algérie, il y aura toujours des militaires au pouvoir. La fin du terrorisme sonnera le glas des militaires. Et cela ne risque pas d'arriver de sitôt.

Ce n'est que maintenant que Sadi a compris que Médiene et Khaled Nezar n'avaient et n'ont toujours rien de démocrates et qu'ils se sont servis de lui pour se maintenir au pouvoir au détriment de l'émancipation politique algérienne promise. En participant, Sadi savait déjà qu'il n'avait aucune chance de remporter les élections présidentielle de 95, mais il les avait accepté, cautionné, sous recommandation des Généraux et de leur duperie démocratique, pour contrecarrer Saint Egidio que Sadi croyait plus dangereux que le clan qu'il a choisi et qui lui miroitait la promesse du rêve démocratique en Algérie.

Ce n'est que très tardivement que Sadi commence à faire la purge au sein de son parti et à s'attaquer de front au DRS comme véritable source d'un pouvoir diabolique à l'origine de toute la désolation algérienne et surtout kabyles actuelles. Sadi n'avait pas compris à temps que l'islamisme n'avait rien d'une idéologie ennemi indépendante. En terre arabo musulman, là où il y a de l'islamisme, il y a automatiquement des militaires et vis versa. La démocratie n'est que moyen mis au service d'une fin totalement anti démocratique. Une fin islamo militaire! Je ne pense pas que Sadi fut conscient du jeu politique malsain de ses alliés de l’époque, mais cela ne l’innocente évidemment en rien du malheur que vit aujourd’hui la Kabylie. Et Ait Ahmed alors? Tout comme Sadi, il a emprunté le chemin d’un autre extrême. Les deux extrêmes qui prennent aujourd’hui la Kabylie en étaux : l’islamo militaire!

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sadek Oumasseoud

- Comme on dit chez nous : nul ne sait qui mourra avant l'autre mais une chose est certaine : le jour où cet homme ne sera plus là, le vide qu'il laissera sera effarant ! et à coup sû l'Algérie et les Algériens auront perdu un homme d'une immense sagesse ! et alors nous tomberons definitivement sous la coupe des partisans de la terreur politique !

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